Quatre amis, cinq pays et un documentaire pour sensibiliser sur le Moyen-Orient, à la lumière des récents événements survenus dans la région. C'est le projet de quatre étudiants français, partis en tournage pendant un mois en juillet 2016 et arrivés à Istanbul quelques jours seulement après la tentative de coup d'Etat qui a bouleversé la Turquie?
"Des jeunes qui parlent du Moyen-Orient à d'autres jeunes." C'est avec cette idée en tête que Fabio Grieco, Louis Conrath, Thomas Guichard et Thibault Chapiron ?âgés de 21 à 23 ans- ont traversé cinq pays d'Orient en un mois, en juillet 2016, pour réaliser un documentaire. L'objectif ? "Lutter contre le pessimisme ambiant à propos de la région, notamment en France et dans le contexte des années 2015 et 2016", explique Louis. Pour ce faire, les quatre étudiants se sont donné pour mission de sensibiliser sur l'histoire politique récente des pays traversés : l'Egypte, le Liban, l'Iran, Israël, les territoires palestiniens sans oublier la Turquie, où deux des étudiants ont réalisé un échange Erasmus l'année dernière.
Thomas, Thibault, Fabio et Louis (photo personnelle)
Ce projet ambitieux est né d'une amitié entre Fabio et Louis, tous deux étudiants à Sciences-Po Strasbourg, et de leur amour pour le voyage et l'écriture. "Nous voulions réaliser des carnets de voyage dans un style un peu rétro, explique Fabio. Puis deux autres amis se sont greffés au projet, dont un étudiant en cinéma. D'où l'idée d'un documentaire. Nous voulions, à notre échelle, redonner la voix à l'Orient."
Tournage après le putsch manqué
Les étudiants vont ainsi donner la parole à des universitaires, des journalistes, des dignitaires religieux, des diplomates ou encore à des locaux, des ONG et des artistes investis dans des initiatives positives : "Par exemple, nous avons rencontré une ONG à Tripoli, au Liban, qui a monté une pièce de théâtre jouée par des jeunes musulmans chiites et sunnites. Nous évoquerons aussi une galerie d'art, à Jérusalem, tenue par un Palestinien qui essaie de faire évoluer la vision avec laquelle sont perçus les Israéliens." L'occasion de créer un pont entre les cultures. Et dans un même temps, de casser une barrière : "Nous offrons une approche pédagogique autour de l'Orient sans pour autant adopter la posture de professeurs, explique Fabio. Avec ce documentaire, nous espérons intervenir dans plusieurs lycées français pour aborder la question du Moyen-Orient avec les élèves."
Avant le départ, le quatuor a pris soin de collecter des fonds ?grâce à des bourses et des aides locales- et d'organiser les étapes : du 20 au 25 juillet, à Istanbul. Soit quelques jours seulement après la tentative de coup d'Etat. "Plusieurs ONG et universitaires avec qui nous devions nous entretenir ont préféré annuler les rendez-vous. En même temps, c'était un moment historique donc nous avons assez logiquement décidé de recadrer nos interviews autour de ce sujet. La tentative de coup d'Etat est devenue notre point de fuite", raconte Louis. Avec ses trois compères, ils immortalisent les rassemblements de soutien à la démocratie sur la place Taksim.
Les Kurdes et la question LGBT
Sans pour autant perdre de vue l'interrogation qui les avait conduits jusqu'à Istanbul : les minorités en Turquie. "Dans le documentaire, nous évoquerons la minorité kurde et la communauté LGBT, explique Fabio. Il sera aussi question des réfugiés, une thématique que l'on a également abordée au Liban. C'est intéressant de voir les différentes stratégies pour gérer la crise des réfugiés, dans deux pays différents. A Istanbul, nous avons notamment suivi l'association Kader d'aide aux réfugiés chrétiens d'Irak."
Les quatre étudiants déclineront le tableau politique de la région qu'ils ont découvert au travers du documentaire qui sortira à la rentrée 2017, et de leurs carnets de voyages et exposition photographique, dès le mois d'avril. En attendant, ils nous donnent un avant-goût en images :
Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 1er mars 2017
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