Tout savoir sur les élections 2023 en Turquie
- 0
- 0


Ce dimanche 28 mai, les Turcs sont appelés aux urnes pour le deuxième tour de l'élection présidentielle qui opposera Recep Tayyip Erdoğan à Kemal Kılıçdaroğlu.
Synthèse du 14 mai (1er tour de l'élection présidentielle et élections législatives)
Le dimanche 14 mai, les Turcs ont voté pour l’élection présidentielle et les législatives (élections dites "générales"). Avec un taux de participation de 87,04% (88,92% en Turquie, 52,69% à l'étranger), pour l'élection présidentielle, Recep Tayyip Erdoğan est arrivé en tête avec 49,52%, Kemal Kılıçdaroğlu a obtenu 44,88% des suffrages. 2.520.164 voix les séparent. Un deuxième tour est organisé ce 28 mai. 50 000 nouveaux électeurs (ayant atteint la majorité dans l'entre deux-tours) voteront pour le deuxième tour de l'élection présidentielle.

Le 14 mai, les électeurs ont également voté pour la 28ème législature. 600 députés (à la proportionnelle et pour cinq ans, système d'Hondt) ont été élus à la Grande Assemblée nationale de Turquie (TBMM : Türkiye Büyük Millet Meclisi), le Parlement (monocaméral) du pays.

L'AKP avec sa coalition (Alliance du Peuple) a remporté la majorité absolue, avec 323 sièges. L'Alliance de la Nation* (opposition) obtient 212 sièges, l'Alliance du Travail et de la liberté (YSP + TIP), 65 sièges.
De nouvelles alliances dans l'entre deux-tours
Sinan Oğan, le troisième candidat du 1er tour, a obtenu 5,17% des votes le 14 mai. Muharrem Ince, qui s'était pourtant retiré 3 jours avant les élections, a remporté 0,43% des suffrages.
Si une coalition ("Ata İttifakı") s'était formée entre Ümit Ozdağ, leader du Parti de la Victoire (ZP, Zafer partisi : parti d’extrême droite anti-immigration) et Sinan Oğan pour l'élection présidentielle, Sinan Oğan a annoncé soutenir l'Alliance du Peuple pour le deuxième tour. Pour sa part, Ümit Ozdağ a décidé de soutenir l'opposition. Le 24 mai, suite à la signature d'un protocole d'accord entre Kemal Kılıçdaroğlu et Ümit Ozdağ, le HDP, parti pro-kurde (désormais sous l'étiquette du Yeşil Sol Parti, YSP), a émis des réserves quant à son soutien au candidat de l'opposition. Après une journée de doutes, il a finalement annoncé le 25 mai soutenir Kemal Kılıçdaroğlu, contre le "régime d'un seul homme".
Un contexte électoral tendu
Le 14 mai, de nombreuses irrégularités ont été rapportées : pendant la journée, dans certaines villes, comme à Şanlıurfa (avec le bourrage d'urnes au profit du président Erdoğan), mais aussi après le dépouillement, avec des difficultés pour transmettre les votes aux conseils électoraux locaux qui devaient les enregistrer.
Des centaines d'urnes où les bulletins pour l'opposition dominaient ont fait l'objet de contestations répétées, ce qui explique la communication très tardive des résultats (le 15 mai après-midi).
L'OSCE, qui a envoyé 400 représentants, et une centaine d'élus pour le 14 mai, a rédigé des conclusions, à lire en cliquant ICI (en anglais).
La campagne s'est déroulée dans une atmosphère très tendue : une très grande majorité de la presse (environ 90%) est proche de la coalition au pouvoir, les temps de parole sont très déséquilibrés. Entre le 1er avril et le 1er mai, la chaîne nationale TRT Haber a alloué 32 heures à Recep Tayyip Erdoğan contre seulement 32 minutes à Kemal Kılıçdaroğlu.
Fin mars et début avril, les bureaux d'Istanbul de l'IYIP et du CHP ont été visés par des coups de feu.
Le dimanche 7 mai, le bus d'Ekrem Imamoğlu a été visé par des jets de pierres à Erzurum, ville de l'est de pays, acquise à l'AKP.
À l'étranger, à Marseille et en Belgique notamment, des tensions ont eu lieu dans les bureaux de vote.
Par ailleurs, certains discours publics (Süleyman Soylu, Devlet Bahçeli, ou encore le président Erdoğan lui-même) incitent à la haine et à la violence. De faux tracts de l'opposition sont distribués par les soutiens de l'AKP ; dans les meetings, l'opposition est dénigrée via des discours et des clips de propagande très virulents et mensongers.
Ce contenu est mis à jour régulièrement
_________________
(*) "Alliance de la Nation" ou Millet İttifakı regroupe une coalition de six partis, dont le but initial est de mettre en échec le président Erdoğan, et de revenir au système parlementaire. Les présidents de ces six partis se sont rencontrés treize fois entre février 2022 et mars 2023, et se sont mis d’accord (après de nombreuses interrogations) pour présenter un candidat commun. Il ont présenté un programme électoral commun pour la "Turquie de demain", qui comporte 2 300 promesses autour de 75 questions.
Sur le même sujet
