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RÉPONSE À ANGELA MERKEL – La Turquie accuse l’Europe de "barbarie"

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Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 6 septembre 2017, mis à jour le 13 septembre 2017

Le gouvernement turc a fustigé le "populisme" allemand après les propos d'Angela Merkel. Dimanche, la chancelière a annoncé vouloir mettre fin aux négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.

"Il est clair que la Turquie ne doit pas devenir un membre de l’Union européenne." C’est ce qu’a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel dimanche soir, lors d'un débat électoral allemand retransmis en direct à la télévision, à  trois semaines du scrutin des élections législatives, face à son adversaire social-démocrate Martin Schulz. Ce dernier avait lui-même déclaré, quelques minutes auparavant : “Si je suis chancelier, […] je mettrai un terme aux négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. On en est arrivé au point où les relations économiques, financières, l’union douanière et les négociations d’adhésion doivent s’arrêter.”

Angela Merkel s’est dite prête à fermer les portes de l’Europe, soulignant qu’une décision à l’unanimité était nécessaire au niveau de l’UE. “J’aborderai une nouvelle fois la question avec mes collègues [de l’UE], pour voir si nous pouvons parvenir à une position commune et mettre aussi un terme à ces négociations d’adhésion. Actuellement, celles-ci sont de toute façon inexistantes", a-t-elle déclaré. "Je ne vois pas l'adhésion arriver et je n'ai jamais cru que cela puisse survenir", a-t-elle encore expliqué.

Tirades enflammées sur Twitter

En se prononçant ainsi, “expressément et pour la première fois” contre l’adhésion de la Turquie à l’UE, selon le site d’information berlinois Deutsche Wirtschaftsnachrichten, “Merkel a créé la surprise”. Et s’est, à l’évidence, attirée les foudres du gouvernement turc.

Dans une tirade enflammée sur Twitter, Ibrahim Kalin, le porte-parole de Recep Tayyip Erdoğan, a sèchement répondu aux propos de la chancelière allemande : "Attaquer la Turquie et Erdoğan et ignorer les problèmes fondamentaux et urgents de l'Allemagne et de l'Europe reflète un manque de vision en Europe". Il a aussi accusé Berlin de "soumission au populisme et à la marginalisation, ce qui ne fait que nourrir la discrimination et le racisme."

Ömer Çelik, le ministre turc des Affaires européennes, a lui aussi choisi le petit oiseau bleu de Twitter pour envoyer un message clair à Berlin : "Certains politiciens allemands, lors de leurs campagnes électorales, donnent ouvertement des ordres aux responsables et aux États membres de l'UE. Ils ne savent pas ce qu'est l'UE, et ils croient qu'elle est les ‘États-Unis d'Allemagne’. Ces politiciens ne montrent aucun respect pour les valeurs et les institutions de l'UE, tout comme ils ne le montrent pas non plus à la Turquie.", a-t-il écrit.

Lundi, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, lui, a jugé que l'Europe "se tournait vers les valeurs de l'ère ayant précédé la Deuxième Guerre mondiale... barbarie, fascisme, violence, intolérance". Dans un communiqué, son ministère a en outre accusé les dirigeants politiques allemands d'encourager l'"islamophobie", soulignant l’aide de la Turquie pendant l'"important chaos" causé par l’arrivée de nombreux réfugiés en Europe, en 2015. ​

Négociations au point mort

La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a tenté de calmer ce jeu de la surenchère. "La Turquie est toujours candidate à l’adhésion à l’Union Européenne, et nous poursuivons le dialogue avec elle", a-t-elle déclaré, lundi, lors d’une conférence de presse tenue dans la ville de Bled, en Slovénie. Elle a souligné que la Turquie représentait "un partenaire important dans la région", avant d’ajouter : "nos discussions internes, et nos rencontres avec nos homologues, particulièrement en Turquie, décideront de l’avenir des relations bilatérales."

Les pourparlers d'adhésion de la Turquie à l'UE ont commencé en 2005. Pour devenir membre, Ankara doit conclure avec succès des négociations avec l'UE dans 35 chapitres politiques qui impliquent des réformes et l'adoption de normes européennes. Mais les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne sont au point mort depuis plusieurs mois. En juillet dernier, les eurodéputés ont voté en faveur de la suspension de ces négociations, si Ankara décide d’engager sa réforme constitutionnelle renforçant les pouvoirs présidentiels.  Le 2 mai dernier, le président turc avait menacé de dire "au revoir" à l'Union européenne si celle-ci n'ouvrait pas de nouveaux chapitres de négociations avec Ankara.

Les relations entre la Turquie et l'Allemagne, elles, se sont particulièrement tendues depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016 et les purges menées par le gouvernement turc qui ont suivi. Berlin dénonce notamment la mise en détention de onze citoyens allemands pour des "raisons politiques".

Istanbul (http://lepetitjournal.com/istanbul) mercredi 6 septembre 2017

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Publié le 6 septembre 2017, mis à jour le 13 septembre 2017

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