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RÉFUGIÉS - A Istanbul, un centre d’aide soutenu par la France

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 5 décembre 2016, mis à jour le 8 février 2018

Un Centre de conseil et de soutien aux réfugiés, soutenu par le ministère français des Affaires étrangères, a été inauguré mercredi dernier dans le quartier de Şişli, à Istanbul. Trois employés s’y activent cinq jours sur sept pour accompagner les migrants dans leurs démarches administratives ou médicales.

Chaque matin, Salim Bekdash met deux heures pour se rendre au travail. Un "petit trajet" relativise ce réfugié syrien qui a fui la guerre dans son pays et qui a longtemps songé à se rendre illégalement en Allemagne. Le jeune diplômé en médecine a été embauché par le Centre de conseil et de soutien aux réfugiés, inauguré mercredi 30 novembre, à Istanbul.

Soner Çalış, Salim Bekdash et Hatice Ödemiş (photo SP)

 

Soutenu par le ministère français des Affaires étrangères, le centre a été fondé en partenariat avec Expertise France et la municipalité de Şişli, qui met un local à disposition. Sa mission ? Aider les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives, faciliter leur accès aux services de santé, à l’éducation, et les informer sur les droits dont ils ignorent parfois l’existence. En cinq semaines d’activité, le centre est venu en aide à 29 familles, soit 80 personnes environ.

"Mon diplôme syrien ne me permet pas d’exercer en Turquie. Je reçois les réfugiés et élaborent un premier diagnostic, qui permet de renvoyer les personnes souffrantes vers les cliniques ou hôpitaux spécialisés", explique Salim Bekdash. Il travaille aux côtés de Hatice Ödemiş, directrice du centre, et Soner Çalış, travailleur social. "Récemment, des parents syriens nous ont amené leur enfant qui souffre d’une maladie chronique du cœur. Son traitement n’est pas disponible en Turquie, donc nous l’avons fait venir d’un autre pays", explique le docteur.  

"500.000 enfants syriens ne vont pas à l’école en Turquie"

"Cette semaine, nous avons aussi aidé une réfugiée syrienne, enceinte de six mois et qui n’avait eu aucun contrôle médical depuis le début de sa grossesse, ajoute Soner Çalış, le travailleur social. Nous avons accéléré les démarches administratives pour son enregistrement en Turquie, afin qu’elle puisse accéder aux services de santé gratuits pour les Syriens et nous l’avons renvoyée vers un gynécologue." Dans ces moments-là, "le temps est précieux", et Soner déplore parfois être prévenu trop tard : "Un homme s’est présenté à nous après un accident de travail, il travaillait illégalement dans des conditions dangereuses. Il a dû être amputé de la jambe et l’employeur lui a simplement demandé de ne pas revenir." Comme lui, de nombreux réfugiés travaillent illégalement, en méconnaissant leurs droits et dans des conditions déplorables voire dangereuses. Les conséquences peuvent être mortelles pour ces travailleurs de l’ombre, dont certains ne sont encore que des enfants. 

"Environ 500.000 enfants syriens ne vont pas à l’école et travaillent pour ramener un peu d’argent à leur famille", poursuit Soner Çalış. Il aide certains d’entre eux à rejoindre le système éducatif. Une "mission de cœur", décrit-il. Depuis plus de dix ans, Soner Çalış travaille dans le milieu social et vient en aide aux migrants. "Mais ce que je constate aujourd’hui, au-delà d’une crise migratoire, c'est une dramatique crise des droits de l’Homme." Cinq jours sur sept, de 10h à 18h, il s’active dans le local du centre et remplit parfois des missions qui ne sont pas officiellement les siennes : "Au-delà de l’aspect administratif et médical, nous utilisons notre réseau pour tenter de trouver un toit aux plus démunis."

Le travailleur social déplore l’aide insuffisante déployée pour les réfugiés. La mégalopole turque compterait 600.000 migrants syriens selon lui, contre 378.000 selon les statistiques officielles. Parmi eux, certains rêvent de démocratie et de liberté, au Canada ou en Europe. D’autres préfèrent rester en Turquie, à proximité de la Syrie. "La plupart ont juste l’espoir de pouvoir retourner un jour dans notre pays, explique Salim Bekdash. En les accompagnant et en leur apportant de l’aide dont ils ont besoin, au centre, on leur offre un petit peu de lumière dans une grande zone d’ombre."

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mardi 6 décembre 2016

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Publié le 5 décembre 2016, mis à jour le 8 février 2018

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