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LA CARICATURE DE LA SEMAINE – Des vaches néerlandaises renvoyées par la Turquie

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 22 mars 2017, mis à jour le 13 novembre 2017

Vaches renvoyées et oranges massacrées… Des actions symboliques parmi d’autres mises en places par des sympathisants du président Erdoğan, pour protester contre le refus des Pays-Bas d’autoriser deux ministres turcs à tenir des meetings dans le cadre de la campagne du référendum qui se tiendra en Turquie le 16 avril et portant sur une modification de la Constitution.

 

Un amour vache diront certains, une véritable crise diplomatique diront d’autres. En pleine brouille entre la Turquie et les Pays-Bas, l’Association turque des producteurs de viande rouge a annoncé la semaine dernière le renvoi de quarante vaches néerlandaises, de race Holstein, importées pour l’élevage. "À l’avenir, nous ne souhaitons plus de produits animaliers des Pays-Bas, a déclaré le président de l’association, Bülent Tunç, cité par Hürriyet. La race bovine néerlandaise ‘Holstein’ est devenue très courante dans notre pays. Mais cette race a commencé à créer de sérieux problèmes. S’ils [les Néerlandais] ne les acceptent pas, nous les abattrons et distribuerons leur viande." Cette décision est intervenue quelques jours seulement après le refus des Pays-Bas d’autoriser deux ministres turcs - le ministre des Affaires étrangères et la ministre de la Famille- à animer à Rotterdam des meetings dans le cadre de la campagne pour le référendum qui se tiendra le 16 avril en Turquie, et qui vise un renforcement des pouvoirs présidentiels.

Cette décision a inspiré le caricaturiste turc Latif Demirci, pour le quotidien Hürriyet :

Le mouton : -Avant toute chose, présente tes excuses

La vache : -Ce n’est pas ma faute ! 

Le drapeau français brûlé

Cette affaire des vaches renvoyées n’est en fait qu’un épisode d’une série d’actions symboliques, mises en place en Turquie pour protester contre la décision des Pays-Bas : mercredi 15 mars, par la municipalité d’Istanbul d’annuler son jumelage avec Rotterdam. "Impossible d’avoir une relation fraternelle avec ces gens-là", s’est emporté le président turc. Le même jour, des milliers de comptes Twitter très suivis ont été piratés par des hackers pro-Erdoğan. Le message diffusé en turc annonçait : “#Allemagnenazie #Hollandenazie Une petite gifle ottomane pour vous. On se reverra le 16 avril. Apprends le turc pour comprendre.” Les comptes sources ont finalement été identifiés et bloqués par Twitter, quelques heures après le début de la cyberattaque.

Toujours en soutien au gouvernement d’Ankara, de jeunes militants de l’AKP dans la ville d’Izmit (région de Marmara) se sont rassemblés pour découper de façon provocante et menaçante des oranges, avant d’en boire le jus. Une allusion directe à la maison d’Orange-Nassau, la dynastie régnante du royaume des Pays-Bas. "Les Pays-Bas, qui ne veulent même pas une peau d’orange, ont franchi un pas qu’ils regretteront", a déclaré Erem Kahraman, le chef de l’organisation de jeunesse du parti AKP pour la ville d’Izmit, entouré de militants arborant des slogans tels que "Pays-bas fascistes".

Dans un autre élan de protestation, certains habitants de Samsun, dans la région de la Mer Noire, ont brûlé un drapeau tricolore aux bandes bleu, blanc, rouge… verticales. Pensant qu’il s’agissait du drapeau néerlandais, ces manifestants ont en fait mis le feu au drapeau français. La confusion ne s’est pas arrêtée là, puisque François Hollande a lui-même été pris à partie sur Twitter à cause de son nom de famille et a été menacé par certains internautes turcs. Tandis que d’autres au contraire, se sont excusés au près du président français pour l’amalgame fait par leurs compatriotes…

Loin de n’être qu’anecdotiques, ces différentes actions sont le reflet des tensions qu’entretient la Turquie avec les Pays-Bas, mais aussi avec l’Allemagne –après plusieurs annulations de meetings en faveur du oui pour le référendum- et plus largement avec l’Europe. Le gouvernement d’Ankara a menacé l’Union Européenne de mettre fin à l’accord sur les migrants signé le 18 mars 2016. Le ministre turc de l’intérieur, Süleyman Soylu, a averti, jeudi 16 mars, que son pays pourrait laisser passer 15.000 réfugiés par mois vers l’Europe.

Meetings pro-Erdoğan annulés jusqu’au référendum

"Le bal masqué est fini !", a lancé dimanche Recep Tayyip Erdoğan, accusant l'Europe de soutenir des groupes terroristes. Mardi, la Turquie a sévèrement réagi à l’autorisation délivrée par les Pays-Bas à un rassemblement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) -une organisation considérée comme une organisation terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne- à l’occasion de la célébration de Norouz, une fête religieuse qui marque le nouvel an perse. "Il est inacceptable pour les Pays-Bas de permettre à une organisation terroriste de tenir un événement où des slogans ont été prononcés contre un référendum qui se tiendra dans notre pays", a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué publié mardi. Le même jour, Ankara a convoqué le Chargé d'affaires de l'ambassade d'Allemagne auprès de son ministère des Affaires étrangères suite aux déclarations du président des Services de renseignement allemands, Bruno Kahl qui a dit "ne pas être convaincu que l’organisation terroriste de Fethullah Gülen (FËTO) soit le responsable de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet."

Mardi, le gouvernement d’Ankara a lui-même annulé tous les meetings pro-Erdoğan en Allemagne –où la diaspora turque est la plus grande du monde, avec 1,4 million d’électeurs turcs- jusqu’au référendum. La veille, la chancelière Angela Merkel avait menacé d’interdire tous meetings aux responsables turcs, après avoir été accusée de "pratiques nazies" par le président turc.

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 23 mars 2017

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Publié le 22 mars 2017, mis à jour le 13 novembre 2017

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