Mathis : "j'ai passé six mois à Hong Kong et j'ai hâte de revenir"

Mathis a travaillé pendant 6 mois au Petit Journal de Hong Kong. Il nous livre son témoignage sur les impressions, très fortes, qu'ont laissé sur lui cette ville
Le prisme du journalisme à Hong Kong
Le journalisme est un métier spécial. Il nous oblige à naviguer à la rencontre de gens très différents. On passe en une soirée d’un bar rempli de startupeurs indiens, allemands, américains distribuant leurs business cards à un rassemblement syndical d’étudiants. Cela élargit naturellement l’esprit, détruit les frontières. Parmi ces gens et ces choses que l'on voit, certaines choses choquent. Il ne faut pas les oublier. Voici, en vrac, ce qui a choqué le Français que je suis en arrivant.
Hong Kong privilégie l'efficacité et la réussite
« Un chauffeur de taxi m’explique son business plan : le taxi ne lui appartient pas. Il le loue, à un tarif fixé à la journée. Avec deux autres, ils sont en 3-8, pour réduire les coûts de location. Les bonnes nuits, c’est 1500 HKD de bénéfices. Mais après ces 8 heures de conduite et une courte nuit, le day work débute... ». Cela choque, et pas seulement parce que je débarque de France. Une amie Hongkongaise arrivée récemment à Paris expliquait dans un article publié mi-février que chez elle " les gens travaillent tout le temps et les employés sont tellement efficaces qu'ils doivent renoncer à être aimables »
Cela se répercute dans les familles : « Je suis habituée au système des domestic helpers où les parents semblent détachés de la vie de leurs enfants. [A Paris,] C’est vraiment agréable de voir les valeurs familiales à travers des interactions en personne » poursuivait-elle.
Mais ce n’est pas un choix. Le travail et la réussite financière devient un but quand tout est cher et que le salaire minimum est bas; En l'absence de chômage, ceux qui ne sont pas employés sont poussés vers l’auto-entreprenariat. Je vous conseille le film The Narrow Road à ce sujet.

Un habitat très dense dans certains quartiers
Petit calcul : 7 tours, 40 étages, trois couloirs à chaque étage, deux appartements de chaque coté du couloir, ce qui donne 2x2x3x40x7 = 3360 appartements, avec une moyenne de 2,5 personnes, soit 8400 personnes par résidence. Et dans un quartier entier, il y a peut-être 10 résidences. A Sha Tin, c’est plus de 600 000 habitants qui vivent dans ce genre de quartier. En bas de ces immeubles, l’école publique, le mall, un petit parc avec jeux et tables pour le majong, et la station de MTR qui relie la ville au reste de Hong Kong. C’est comme ça que s’organise la vie.

Une ville qui change de plus en plus vite
Un soir, j’accoste un homme de 50 ans assis sur un banc. Rapidement il me dit que « Hong Kong était mieux avant ». Lui n’a pas quitté la ville depuis 20 ans. Les trois dernières années ont été difficiles, beaucoup de ses amis sont partis sans savoir quand, ni s’ils reviendront"
La ville à changé, ou c'était mieux avant. Des affirmations dénuées de sens pour moi qui ne connaît pas cet "avant". Il faut lire entre les lignes et comprendre pourquoi plus de 100 000 Hongkongais sont partis au Royaume Uni.
A Hong Kong, on trouve du travail en très peu de temps
Hong Kong est aussi une terre d’opportunités, où beaucoup viennent « avec une valise », et trouvent un emploi en quelques semaines. La ville regorge de modernité, de sécurité, de propreté, où n’importe quel bien ou service peut être acheté, importé, exporté, fabriqué pas loin, avec une fiscalité modérée. C’est aussi une place où les plaisirs et les divertissements sont nombreux, de retour après la pandémie, et où le climat est parfait sauf dans la fournaise de l’été.
Sentiment partagé sur Hong Kong
Vous l’aurez compris, mon regard sur la ville est partagé. Je peux donc voir le verre à moitié vide, en considérant que les inégalités, l’individualisme et le climat spécial sont insupportables, ou bien voir ces problèmes comme inhérents à la ville, en les acceptant, sans les justifier pour autant. Et je pense avoir fait le second choix.
Une chose est sûre : une fois parti de la ville, son dynamisme, la couleurs des néons, les odeurs me manquent, tout comme ses habitants. Je reviendrai, en espérant vous y croiser.