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Les McRefugees en hausse, ces pauvres dont McDonald’s est la maison

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Caters News Agency
Écrit par Célia Cazale
Publié le 7 mars 2018, mis à jour le 7 mars 2018

La Society for Community Organization a recensé une augmentation de 50% des McSleepers à Hong Kong dans une étude publiée lundi 5 mars. Une tendance qui met en relief les lacunes du gouvernement à prendre en charge sa population la plus démunie.

"Si le monsieur dort dehors c’est qu’il aime le bruit des voitures", ironise le rappeur Orelsan dans son tube Tout va bien. Et il faut croire que c’est ce que se répète le gouvernement d’Hong Kong alors qui laisse le phénomène s’accroitre sans rien faire. 

La Society for Community Organization (SoCO – Société pour l’Organisation Communautaire) a donc décidé de tirer la sonnette d’alarme au travers d’une nouvelle étude dans quatre quartiers de Hong Kong. 

On les appelle McSleepers ou McRefugees, ces sans-abris connus pour chercher refuge dans les fast-food ouverts 24h/24. Il y en avait 256 en 2015, c’est désormais 384 qui squattent les bancs chauds de 73 restaurants de l’enseigne américaine. 225 démunis, soit 58,6%, se trouvent dans les environs de Kowloon West, alors que seulement 91 restent sur l'île de Hong Kong.

SoCO a suivi 116 d’entres eux, dont 11,2% (soit 13 personnes) de femmes. La plupart de ces femmes ont choisi cette alternative de logement pour des questions de sécurité. L’association souligne la vulnérabilité de ces dernières. 

La vulnérabilité des femmes dans la rue

Selon le Département de la protection sociale, à la fin de 2017, 99 des 1 075 sans-abris enregistrés à Hong Kong étaient des femmes, soit 8,9% du total.

C’est le cas d’une femme de 48 ans interrogée par SCMP. Surnommée "Monitor", elle dort dans les succursales du McDonald’s de Hung Hom depuis 2016. Auparavant hébergée dans le refuge d’un groupe bienfaisance à Wan Chai, elle a dû partir après l’expiration de son droit de séjour de trois mois. 

"Je ne voulais plus rester là-bas", a affirmé Monitor qui témoigne des abus, vols et harcèlements sexuels. "J'ai été harcelée à plusieurs reprises par une femme, qui me demandait sans cesse si j'avais des rapports sexuels avec des hommes. Quand j'ai signalé cela au directeur de l'abri, qui était un homme, il a dit que ses mains étaient liées et qu'il ne pouvait pas gérer une telle 'question féminine’".

Bénéficiaire d’une assistance en matière de sécurité sociale depuis 2007, Monitor louait un appartement pour 1.500 HK$ par mois. Seulement, la salubrité du lieu infecté de cafards et de punaises de lit l’a obligé à l’utiliser uniquement pour entreposer des effets personnels.

Les actions du gouvernement insuffisantes

"Le gouvernement devrait être responsable de fournir plus d'abris subventionnés, en particulier pour les femmes sans-abri", a déclaré Ng Wai-tung, un organisateur communautaire de SoCO, à SCMP. Effet sur les 120 refuges subventionnés par le Département de la protection sociale, seuls cinq sont réservés aux femmes. 

Basée à Sham Shui Po depuis 45 ans, SoCO appelle la ville de Hong Kong à transformer les logements publics vacants en logements sociaux pour les sans-abris et raccourcir la file d'attente pour les logements publics.

Comme une réponse à ces requêtes, le secrétaire aux finances Pau Chan Mo-po a expliqué dans son discours sur le budget, le 28 février, réserver 1 milliard HK$ pour subventionner les travaux de restauration nécessaires des sites vacants utilisables par les ONG.

"Le gouvernement devrait cesser de s'appuyer sur les groupes sociaux et adapter les locaux par lui-même, a déclaré Ng Wai-tung. Au moins 10.000 logements sociaux de plus sont nécessaires pour avoir un impact et résoudre le problème des longues files d'attente pour les appartements publics".

 

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