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Les helpers de Hong Kong face au coronavirus

Helpers Hong Kong face au coronavirusHelpers Hong Kong face au coronavirus
Une large communauté visible le Dimanche, jour de repos
Écrit par Claudia Delgado
Publié le 17 février 2020, mis à jour le 18 février 2020

Début février, Carrie Lam a exhorté les travailleurs domestiques ou helpers à "rester à la maison pour préserver leur santé et réduire le risque de propagation". Les helpers sont un soutien important pour une bonne partie des foyers de Hong Kong. Dans une crise sanitaire, en subissent-elles les conséquences de la même façon que le reste de la population? Lepetitjournal.com est allé à leur rencontre pour qu’elles nous parlent de leur quotidien. Nous avons parlé avec Arlene, Vivian, Cyril, Edche et Many, un des rares helpers hommes. 

 

Est-ce que votre routine a changé depuis le début du coronavirus?

Arlene 

— Oui, beaucoup. Avant j’allais au marché tous les jours, maintenant, juste une fois par semaine. Lorsque je rentre à la maison je dois mettre du spray désinfectant partout, me changer et tout laver. On ne peut pas aller dans les endroits bondés bien sûr. Depuis le virus, les Dimanches je reste à la maison, mais aujourd’hui on fête l’anniversaire d’une amie, donc je sors juste pour un petit moment. 

Vivian

— Mes employeurs ont vraiment peur de la contagion. Je vais encore au marché mais moins souvent et aussi vite que possible et je dois désinfecter la maison tous les jours. Je sors les Dimanches mais dans des endroits ouverts comme celui-ci. 

Cyril

— Je dois mettre de l’eau de javel partout, tous les jours. Je ne sors plus durant la semaine, mon employeur fait les courses au marché. Il me suggère de rester à la maison pendant ma journée de repos mais c’est ennuyant d’y rester. Je me sens tellement seule que je continue de sortir les dimanches.

Edche 

—Je continue d’aller au marché mais je sors toujours avec un masque et de l’alcool. Nous ne paniquons pas, et je ne fais pas d’achats compulsifs dont on n’a pas besoin, comme on peut voir ailleurs. Mon employeur m’a juste conseillé pour ma journée de congé, de me protéger et d’éviter les foules, donc je continue de sortir.   

Manny 

— Mes deux employeurs ont une profession médicale, je les accompagne pour récupérer des masques. Heureusement pour moi, je n’ai pas à faire des longues queues pour acheter, ni des masques, ni du papier toilette. Après la déclaration de Carrie Lam, beaucoup sont restées à la maison, mais dimanche dernier, on dirait que ça s’est assoupli, il y avait plus de monde dehors. 

 

Helpers de Hong Kong face au coronavirus
Un Dimanche presque normal pour les helpers de Hong Kong

 

Vous pensez quoi de la suggestion de Carrie Lam?

Edche

—Je ne suis vraiment pas d’accord, il y a beaucoup d’employeurs qui ne compatissent pas du tout avec leurs helpers, je le sais puisque j’ai déjà eu des employeurs épouvantables. 

Cyril

—Elle devrait comprendre que nous avons besoin de nous reposer, le dimanche est notre seule journée vraiment à nous, c’est un de nos moments les plus heureux, ça doit être triste de rester toute seule à la maison.

Vivian

— Je ne crois pas que ça soit une bonne idée, pour la plupart d’entre nous, si nous restons à la maison, on nous demande de faire le ménage et de travailler même si c’est notre journée de repos, évidement on préfère sortir tout en évitant la foule et les endroits fermés.  

Manny

— Je ne sais pas comment il est possible de dire une chose pareille, c’est toujours la même histoire, même pour les administrations précédentes, lorsqu’il y a un problème à Hong Kong, les helpers sont les premières à subir les conséquences, c’est étonnant que ça soit une femme qui ait dit ça. 

 

Interdiction de voyage 

Le 2 février, lorsqu’un premier patient est mort aux Philippines, le président philippin Rodrigo Duterte a mis en œuvre l’interdiction de voyage vers Hong Kong. Des centaines de helpers se trouvent encore bloquées là-bas en attendant que l’interdiction soit levée.  

Vivian

—Il a beaucoup d’employeurs qui ne vont pas attendre leur helper, ils ne savent pas quand l’interdiction sera levée et préfèrent les licencier. 

Arlene

—Quelques-unes de mes amies sont coincées là-bas et ont peur de voir leur contrat se terminer, il y a des employeurs qui ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre leur situation. 

 

Helpers de Hong Kong face au coronavirus
Le masque est de rigueur, mais on devine les sourires derrière...

 

Le plus difficile

Arlene

— Ne pas pouvoir aller où l’on veut, ne pas pouvoir s’éloigner de la maison, et porter le masque est trop contraignant!

Vivian

—Devoir éviter les gens et vivre dans la peur. Et bien sûr, porter le masque tous les jours.

Cyril

— Ne plus se sentir libre de sortir quand l’on veut. 

 

Pendant la semaine, la plupart d’entre elles continuent de sortir et de faire les courses, mais elles se voient maintenant restreindre leur seule journée de repos. Des femmes, dont la plupart ont un espace très réduit chez leurs employeurs, qui après la suggestion de la Chief Executive sentent qu’elles sont obligées de rester, non pas à la maison, mais au boulot. 

 

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