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Fotan Laiki – Une vidéo virale et un peu de socio

Fotan Laiki Fotan Laiki
extrait du clip Fotan Laiki
Écrit par Marc Schildt
Publié le 24 novembre 2017, mis à jour le 18 février 2021

Le clip de Fotan Laiki a totalisé plus de 850,000 vues en quelques mois, chose plutôt extraordinaire pour un clip local.

Les raisons ? La jeune fille de 22 ans symbolise une partie de la jeunesse et un discours contre la pression sociale et les idéaux de la société hongkongaise.

En effet, l’attrait pour le Trap (une catégorie du Hip-Hop US) et la partie visuelle du clip ne suffisent pas à expliquer ce succès. Le discours, par contre, a trouvé un certain écho auprès du public, d'abord les jeunes Hongkongais, premier touchés par cette vidéo, puis plus largement.

 

 

Les paroles sont directes. Le vocabulaire puise dans le jargon cantonais des rues et les répliques phares du Hip-Hop US, autant dire plutôt familier, voire vulgaire.

Elle chante par exemple: "On a essayé de persévérer, on a essayé de faire des efforts, mais la société nous appelle les Racailles. Et quand la société essaie de nous avoir (try to f…ck us), et nous attaque comme les balles, on répond en levant notre majeur…" Dans le clip, elle s’allume une cigarette, qui s’apparente à un joint, et le passe au chauffeur de taxi. 

Génération "umbrella" ?  

Laiki a un profil qui ne correspond pas vraiment aux standards hongkongais. A 22 ans, elle expliquait aux journaux avoir fait une série de petits boulots à temps partiel dans des librairies ou des galeries.

Elle a aussi décidé de ne pas passer le DSE - équivalent hongkongais du baccalauréat - de peur de ne pas accéder aux universités. (Voir l'article HKDSE – Seuls 25% des « bacheliers » hongkongais accèdent aux universités publiques)

 

Comme beaucoup d’élèves en 2014, elle a participé aux mouvements des parapluies, mais certainement plus que d’autres, elle explique avoir ressenti beaucoup de colère et de frustration en assistant aux répressions de la police.

Peu après cette période, elle fait des apparitions sur scène avec un groupe de musique indie My Little Airport. Une des chansons est consacrée à un personnage qui lui est très ressemblant car il erre de métier en métier. 

Ce clip, elle décide de le faire avec YoungQueenz un jeune rappeur qui l’a fait monter sur scène au festival ClockenFlap en 2016. C'est le morceau live d’alors qui se transforme en clip tourné un peu au hasard des rues.

Fotan Laiki met aussi en lumière cette révolte et le fossé entre la ville et la campagne à... Hong Kong, car il existe aussi ici. Laiki habite à Fo Tan dans les Nouveaux Territoires alors que le centre urbain est le symbole de la réussite, des magasins et le temple de la consommation.

Dans le clip, quand on lui demande d’où elle vient, elle répond "Fo Tan", mais se rattrape très vite en disant qu’elle s’appelle "Gucci". Elle est attirée par la ville, sans l’être. Elle souhaite être une city-girl, mais dans son cœur, elle rejette "les f..ck boys qui portent des Yeezies (ndlr, baskets à la mode) et la harcèle, et préfère les garçons purs comme de l’eau Fiji (ndlr, marque d’eau minérale)".

 

Article rédigé avec l'aide précieuse de Yueren Zhang (étudiant à HKBU qui a eu l’occasion d’écrire dans nos colonnes sur le syndrome post-Erasmus après son passage à Sciences Po Lille, article ici). Remerciements pour la traduction et nos échanges sur le contexte.

 

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