Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

CHARLIE WONG – Flingues et bikinis : un business model

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 9 novembre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

 

Avec des titres comme Kick Ass Girls et Special Female Force à son actif, on comprend vite ce qui intéresse le producteur Charlie Wong ! Voilà bientôt 5 ans qu'il s'est fait une spécialité de concevoir des films d'action avec des actrices sexy en vedette, perpétuant en cela un genre qui fit les beaux jours du cinéma hongkongais des années 1980/90. A l'occasion de la sortie de sa dernière production, Special Female Force, il revient avec nous sur sa carrière.

Comment avez-vous intégré l'industrie cinématographique locale ?

CW : À l'origine, j'étais dans la banque. J'ai étudié l'économie en Grande-Bretagne et suis revenu à Hong Kong en 2000. Mon grand-père m'a aidé à obtenir mon premier poste dans une banque, en tant qu'assistant de direction. Mais, après 6 mois, j'ai été transféré dans la division en charge du MPF. J'ai vite compris que cela ne m'intéressait pas du tout alors j'ai préféré démissionner. Pendant un an, j'ai fait divers jobs de consultant jusqu'à ce que ma mère me présente à une compagnie cinématographique appelée China Star. C'est comme ça que j'ai intégré l'industrie, en tant que chargé de distribution. J'ai travaillé pendant 3 ans pour China Star, écumant les festivals comme Cannes, Milan, Los Angeles? Puis, j'ai intégré la Film Workshop, la compagnie de Tsui Hark, où j'ai appris comment on produisait un film. Deux ans plus tard, ma mère était impliquée dans Dead or Alive , j'ai donc rejoint la production de ce film. J'ai ensuite travaillé pour une compagnie spécialisée dans l'animation. Ca a duré 5 ans, jusqu'à ce qu'un investisseur me propose de faire un film avec lui. C'était Beach Spike.

Vous vous êtes rapidement spécialisé dans le registre des héroïnes d'action. Pourquoi un tel choix ?

CW : Comme j'ai commencé dans la distribution, j'ai toujours cette facette en tête quand je produis un film. Quand vous faites un film, il y a deux sources de profits : le box office et les droits de distribution à l'étranger. Par définition, le box office est imprévisible donc je ne m'en occupe pas.  Je me concentre uniquement sur les droits de distribution à l'étranger. Et, sur ce type de marché, les films d'action sont plus faciles à vendre. Mais, vu que je suis encore quelqu'un d'assez nouveau dans l'industrie, je n'ai pas accès à des budgets mirobolants et à des stars comme Donnie Yen. Et c'est très difficile de trouver de nouveaux acteurs masculins capables de faire de l'action pour un cachet raisonnable. Mais c'est différent avec les filles. Elles sont plus faciles à trouver à Hong Kong et plus faciles à vendre à l'international. D'autant plus qu'il n'y a pas beaucoup de films d'action avec des héroïnes sur le marché. C'est pour cela que je me suis spécialisé dans ce registre.

Kick Ass Girls et Special Female Force ont tous les deux été coproduits par des compagnies malaisiennes. Pourquoi cette association ?

CW : Quand je travaillais sur Kick Ass Girls, il y a 3 ans, j'ai été en Malaisie pour la première fois : un de mes amis avait un partenaire là-bas qui était intéressé pour produire des films. J'ai donc fait mes devoirs et ai regardé comment était le marché. J'ai vu alors qu'un film de Hong Kong qui récolte 10 millions de dollars dans la ville, peut aller jusqu'à 12 millions au box-office malais. Soit bien plus qu à HK alors que les tickets sont deux fois plus chers ici. C'est donc un marché très intéressant, qui ne demande qu'à se développer. Il l'est d'autant plus qu'il n'est pas très compétitif, contrairement au marché hongkongais.

Quels sont les autres pays importants pour vous en terme de distribution ?

CW : Taiwan, Singapour et bien sur la Chine continentale. Vous ne pouvez pas passer à coté, c'est un marché énorme. Mais si je connais bien les distributeurs en Malaisie, je suis beaucoup moins connecté en Chine. Je laisse donc faire une société spécialisée dans la distribution propre au pays.

Vous devez donc composer avec la censure chinoise.

CW : Oui, c'est vrai qu'ils sont assez restrictifs. Vous ne pouvez pas être trop violent ou trop sexy. Et bien sur, il est hors de question de parler politique ou religion. Mais, à partir du moment où vous faites dans l'action ou le polar à HK, vous avez un marché potentiel en Chine.  C?est beaucoup plus difficile si vous faites une romance ou une comédie parce qu'il y a encore beaucoup de différences culturelles.

Quelle a été la genèse de Beach Spike ?

CW : J'aime beaucoup le sport. Je cherchais un sport adapté au cinéma. Le football par exemple a trop de joueurs et des dimensions de jeu trop importantes pour rendre ça excitant à l'écran. Le beach volley comparativement se joue sur un terrain beaucoup plus petit. Et bien sur, avoir des filles en bikini est toujours bon d'un point de vue commercial. Mais nous avons fait en sorte que cela ne soit pas vulgaire. Il n'y a pas un seul gros plan sur la poitrine des actrices par exemple. Il y avait aussi une vraie histoire. Ca n'a pas été un gros succès et certains membres du public, des hommes surtout, se plaignaient que ce ne soit pas assez sexy (rires). Mais ça ne correspond pas à ce que j'ai envie de faire. C'est pareil pour Special Female Force. Nous avons fait en sorte que cela reste décent. Même la scène de douche sert avant tout l'histoire.

Justement, concernant Special Female Force, le film fait beaucoup penser à Inspector Wears Skirt. Etait-ce bien là votre référence ?

CW : Effectivement, nous avons regardé pas mal de films de cette époque. Wilson et moi avons pensé que faire un remake de Inspector Wear Skirts était la meilleure idée. Mais le film a plus de 20 ans. Nous avons donc aussi regardé des films plus récents comme Charlie's Angels pour essayer de moderniser notre version. Wilson pensait également que nous ne devions pas avoir trop de séquences d'arts martiaux. Parce qu'une bonne partie de notre casting est composé de jeunes actrices qui ne savent pas se battre. Alors, à la place, nous leur avons fait utiliser des armes à feu. C'est plus crédible.

Pourquoi justement avoir privilégié les ex-mannequins plutôt que les artistes martiales dans le casting?

CW : Nous sommes en cela restés fidèles au film original. Dans l'équipe, il n'y avait que Kara Wai qui savait se battre. Son équivalent chez nous est Mandy Ho. Nous avions également Hidy qui savait se battre. C'est pour ça que les deux s'affrontent à la fin.  Mais, si vous regardez bien, vous remarquerez que notre film a plus d'action que l'original. Le premier avait une séquence au début et une à la fin. Nous sommes beaucoup plus réguliers que ça et notre final dure bien plus longtemps. Nous avons même un peu coupé certaines séquences de peur que ce ne soit trop long. C'est une orientation que nous avons choisi dés le début. Axer davantage sur la comédie nous aurait fait perdre une grande partie du public malaisien ou chinois.

Le film a-t-il marché commercialement ?

CW : Les ventes ne sont pas mal mais le box-office n'a pas été terrible. Probablement parce que les actrices ne sont pas très connues. Et les amateurs de films d'action, quand ils voient mon nom et celui de Wilson Chin en tête d'affiche, pensent que ce sera sexy et que l'action ne sera pas terrible. Mais les critiques ont été plutôt bonnes, je crois qu'ils ont apprécié les efforts que nous avons déployé pour faire le film.

Propos recueillis par Arnaud Lanuque (www.lepetitjournal.com/hong-kong) jeudi 10 novembre 2016.

Remerciements Hilda Lam.

 

 

lpj 20
Publié le 9 novembre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

Sujets du moment

Flash infos