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Quelle place pour la France en Asie-Pacifique ? Bilan du forum CCE 2023

France en Asie-pacifique : bilan du Forum CCEFrance en Asie-pacifique : bilan du Forum CCE
Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 6 mars 2023, mis à jour le 24 juin 2023

La région Asie-Pacifique est l’une des plus dynamiques, sinon la plus dynamique, à l’heure actuelle. Comme de très nombreux pays, la France cherche à y avancer ses pions.

Le Forum des Conseillers au Commerce extérieur (CCE) qui vient tout juste d’avoir lieu à Ho Chi Minh-ville aura permis de faire le point de la présence française dans ce vaste espace géopolitique qui semble promis à devenir le grand centre névralgique d’un monde en pleine mutation.
La première grande conférence de ce forum (La France et l’axe Indopacifique) était justement consacrée à la place de la France dans la région Asie-Pacifique et plus précisément dans la région Indopacifique.

 

Ministre chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger Olivier BECHT, ministre vietnamien au Plan et à l’Investissement TRAN Duy Dong, et ancien Ministre et commissaire européen Michel Barnier
Ministre chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger Olivier BECHT, ministre vietnamien au Plan et à l’Investissement TRAN Duy Dong, et ancien Ministre et commissaire européen Michel Barnier

La précision a son importance. Les différents intervenants qui se sont succédés à la tribune (Michel Beaugier, le Président de la commission Asie-Pacifique des CCE, mais aussi Magali Cesana, Michel Corbin, Marc Abensour, Jérôme Roux, Sanjaya Baru, Guillaume Bernard…) ont en effet tous noté que l’Inde était appelée à prendre une importance prépondérante et à faire jeu égal avec la Chine en termes de parts de marché. Pour les entreprises françaises, qui jusqu’à présent avaient tendance à considérer l’empire du milieu comme le seul théâtre d’opération réellement intéressant dans la région, il y a là matière à réflexion.

La France en Asie : une présence réelle

La France a de toutes façons une carte à jouer dans cette partie du monde. Elle possède en effet la deuxième plus grande zone économique exclusive (ZEE) du monde, notamment grâce à la Nouvelle Calédonie et à la Polynésie française, qui lui garantissent une présence incontournable dans le Pacifique.

 

La France dans l'axe Indopacifique

 

A l’heure actuelle, on compte environ 100.000 Français inscrits dans les différents consulats de la région Asie-Pacifique et 570.000 en Nouvelle Calédonie et en Polynésie française. 

Mais le principal défi qui se pose pour la France, aujourd’hui, vient des visées hégémoniques de la Chine, visées de plus en plus évidentes, notamment dans cette région du monde.

Le mot sur toutes les bouches : l’espace Indopacifique

Pour autant, Paris ne souhaite pas se mettre Pékin à dos et chercherait plutôt à développer une sorte de « stratégie de l’évitement », d’où cette volonté de regarder vers l’Inde, ou vers l’ASEAN.

 

« Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera », prophétisait Napoléon

Aujourd’hui, force est de constater que la Chine s’est éveillée et que le monde commence effectivement à trembler.

Mais que se passera-t-il lorsque l’autre géant asiatique, l’Inde, s’éveillera à son tour ? Comme cela a été dit cette semaine à Ho Chi Minh-ville, l’Inde des années 2020 fait penser, à bien des égards, à la Chine des années 1980. La France, elle, entend bien être présente sur le terrain et ne pas s’y faire damner le pion.

 

Prévision du PIB dans le futur : liste des pays en 2030 et 2050
Prévision du PIB dans le futur : liste des pays en 2030 et 2050

 

Même constat pour l’ASEAN, dont le PIB s’élève à 3.500 milliards de dollars et dont 80% des industries et des services affichent un taux de croissance annuelle de 5%, et ce depuis deux bonnes décennies. Si l’on ajoute à ces données que c’est une région de plus en plus ouverte sur le monde et particulièrement compétitive lorsqu’il s’agit de produire des biens et des services, on comprend que la France aurait tout intérêt à y investir davantage et que l’historicité de sa présence dans des pays comme le Vietnam (les deux pays célèbrent année le cinquantenaire de leurs relations diplomatiques) est dès lors à considérer comme un atout non négligeable.

Quid de la France au Vietnam ?

Comme l’a rappelé Alain Bentéjac, le Présidents des CCE de la France, la France est actuellement le 23e fournisseur du Vietnam, ce qui la laisse loin derrière ses concurrents, asiatiques bien sûr, mais aussi européens. Quant au déficit commercial, il s’est creusé en 2022 pour atteindre 5,7 milliards d’euros.

On note en tout cas la présence au Vietnam de grands groupes français (Artelia, Pierre Fabre, Andros, Veolia, Sofitel, Capgemini, entre autres…), mais aussi de nombreuses EFE (Entreprises des Français de l’Etranger), qui sont détenues, soit par des Français résidant au Vietnam, soit par des franco-vietnamiens. A elles seules, ces EFE représentent 20.000 emplois et un chiffre d’affaire évalué à environ 5 milliards de dollars. Ce sont certes des entreprises de droit local, mais qui servent de passerelle entre la France et le Vietnam, ne serait-ce qu’en vertu de leurs fondateurs, de leurs activités ou de leur image.

L'équipe Le Petit Journal de Singapour et du Vietnam en déplacement pour le forum CCE
L'équipe Le Petit Journal de Singapour et du Vietnam en déplacement pour le forum CCE

 

La France a été l’un des tous premiers pays occidentaux à soutenir la politique de réforme initié par le Vietnam à la fin des années 1980 (le Doi Moi) et à accompagner son développement comme ses efforts d’ouverture au monde. Il y a de part et d’autre une réelle volonté de voir la coopération bilatérale se renforcer, notamment sur le plan économique.

L’accord de libre-échange qui a été conclu en 2020 entre le Vietnam et l’Union européenne participe tout naturellement de cette dynamique et la France y prend toute sa part. Cet accord, couplé à l’émergence d’une classe moyenne au Vietnam, devrait offrir de nouveaux débouchés à bien des produits français. On note du reste une forte demande en matériel médical, mais aussi en infrastructures dans les transports, l’énergie, l’environnement et la logistique.

Autant dire que les entreprises françaises auraient sans doute beaucoup à gagner à se mettre à l’heure vietnamienne. Les 42 CCE que compte la France au Vietnam s’y emploient, en tout cas, avec un dynamisme dont ce forum de Ho Chi Minh-ville a été l’éclatante démonstration.