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ETUDES – L’alternance allemande, un système de formation à suivre

Écrit par Lepetitjournal Heidelberg Mannheim
Publié le 2 août 2017, mis à jour le 3 août 2017

La formation en alternance allemande ou la « Duale Ausbildung » fait depuis longtemps parler d'elle : un jeune sur deux est passé par elle et le chômage des jeunes en Allemagne est un des plus bas d'Europe. Son succès est tel qu'elle s'exporte mondialement : l'Allemagne développe des coopérations avec d'autres pays, entre autre la France qui prend de plus en plus modèle sur celle-ci.

Ses caractéristiques et son succès

Qu'es-ce que ce système de formation en alternance ? Il s'agit d'une filière technique d'excellence. Le but de l'alternance est de permettre à des jeunes encore à l'école de passer plusieurs jours par semaine dans des entreprises, afin d'obtenir des compétences solides, professionnalisantes et adaptées à la réalité du travail en entreprise. On parle même de « tradition d'excellence » allemande. Un jeune sur deux en Allemagne ayant entre 15 et 24 ans fait des études en alternance : il passe 3 à 4 jours par semaine en entreprise, et 1 à 2 jours à l'école. Cela permet d'associer entreprises et formation dans le système éducatif.

La taxe d'apprentissage, taxe que les Allemands ne paient pas, coûte chaque année 1,779 milliard aux entreprises. L'apprentissage est donc à la charge des Länder. La rémunération pour un apprenti va de 200 à 1 800 euros par mois selon la branche, l'âge et le niveau de formation.

La formation technique est donc bien plus appréciée en Allemagne qu'elle ne l'est en France par exemple, et les Länder s'évertuent parfois à effacer les rivalités entre formations techniques et universités : le Bade-Wurtemberg propose ainsi un cursus de licence en alternance à l'université.

Un modèle qui s'exporte

Quatre ministères fédéraux allemands sont impliqués dans le développement de cette formation, faisant des liens entre leurs ministères mais aussi entre l'Allemagne et les autres Etats pour exporter ce modèle. Il s'agit des ministères de l'Education et de la Recherche, de l'Economie et de l'Energie, des Affaires Etrangères et de la Coopération économique et du développement. 

L'Allemagne vise particulièrement les pays en développement en les aidant à professionnaliser leurs jeunes sur place via des modèles de coopération. Elle injecte environ 75 millions d'euros par an dans ce domaine. Cependant le modèle a parfois du mal à s'adapter tel quel à d'autres pays et a besoin d'adaptations.

Cet engouement pour le système allemand de formation en alternance dépasse désormais les accords de coopération bilatérale. Le développement de la formation professionnelle en entreprise est maintenant inscrit dans l'Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement. L'Allemagne y apporte même son expertise et sa contribution.

Le « tabou français »

L'apprentissage en France n'est pas du tout considéré au même niveau d'excellence qu'en Allemagne, les parents sont encore assez réticents à laisser leurs enfants hors des parcours dits « généraux » (baccalauréat général ? université ? Grandes écoles). Bon nombre de métiers accessibles après un BTS ou un DUT en France se préparent en alternance en Allemagne. L'exemple de l'Allemagne montre ainsi que le modèle a du bon.

Pourtant, la France et ses gouvernements successifs ont toujours fait de l'apprentissage une priorité. Des milliards ont été mobilisés mais force est de constater que cela ne semble pas suffisant. Depuis plusieurs années, une hausse des effectifs en apprentissage est observée mais rien de suffisant pour atteindre la barre des 500 000 jeunes que l'Etat se fixe depuis longtemps.

L'un des grands défauts adressés au modèle français est de ne pas suffisamment répondre aux besoins des entreprises. En Allemagne, les centres de formation d'apprentis se comportent comme des prestataires aux entreprises, leur fournissant une main d'?uvre répondant directement à leurs critères d'exigence. 

Des limites et une baisse d'attractivité récente

Malgré un système bien rodé et des conditions de travail avantageuses avec souvent un contrat à la fin, le système semble s'essouffler depuis quelque temps. De plus en plus de jeunes se tournent vers un bac général et continuent par la suite des études supérieures.

Les professionnels ont tiré la sonnette d'alarme depuis l'an dernier avec 43 500 places d'apprentissages qui n'ont pas trouvé preneurs alors qu'il y a 25 ans environ 75% d'une classe d'âge étudiait en apprentissage. La chute est spectaculaire et de plus en plus d'entreprises allemandes, tout secteur confondu, n'arrivent pas à embaucher suffisamment faute de candidats. Dans un pays qui repose sur une industrie et un artisanat de qualité, des milliers d'entreprises dépendent de l'apprentissage. Alors, les patrons s'adaptent et donnent une chance à tous, là où auparavant une sélection drastique était instaurée sur dossier avec un nombre de candidature bien plus élevé. 

Le modèle allemand reste cependant un des meilleurs, il assure aux apprentis une bonne formation ainsi qu'un métier bien rémunéré, une aubaine dans une économie qui est souvent fustigée pour son grand nombre de travailleurs pauvres. Malgré tout, comme toute société et tout modèle, le système de l'apprentissage demande sans doute à être réformé si l'Allemagne souhaite continuer à rester une référence dans le domaine. 

(Photo © Pixabay)

Héloïse Hardy / C.G (www.lepetitjournal.com/heidelberg-mannheim), jeudi 3 août 2017

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Publié le 2 août 2017, mis à jour le 3 août 2017

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