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SANKT PAULI - Jean-François Pierron : de l’Opéra Comique à la Große Freiheit

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 11 juin 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

Leçon de tolérance sur la place de l'hôtel de ville de Hambourg avec une figure incontournable de St. Pauli : Jean-François Pierron, régisseur du cabaret érotique Le Safari. Rencontre avec ce personnage de la vie nocturne

Aujourd'hui à la tête du dernier cabaret érotique d'Hambourg, Jean-François Pierron a débuté sa carrière aux côtés de Zizi Jeanmaire (Photo. Céline Danckert)

"Hambourg m'a pris dans ses bras", chantonne Jean-François Pierron alias Jeff, régisseur du cabaret érotique Le Safari. Il insiste sur ce point : "Je ne suis pas chorégraphe mais régisseur. Chorégraphe, ça a un côté ballet très peu représenté au Safari". Certes, on est loin de la danse classique avec les spectacles de nu complet et de live-sex qui attirent une clientèle très mélangée au c?ur de la rue la plus chaude de la ville, surnommée non sans raison "die geile Meile". Jeff, lui, y a trouvé sa place depuis plus de trente ans.
Débauché du Club Méditerranée, où il s'occupait déjà d'organiser des spectacles, par la femme du patron du théâtre pornographique le Salambo, il découvre en 1972 le quartier rouge de Hambourg. "Au début j'ai fait les grands yeux, ohlàlà ! Et puis quand on est jeune, on s'habitue à tout". Notre Parisien d'extraction bourgeoise s'adapte donc sans mal à son nouvel environnement : "St. Pauli c'est un lieu où finalement tout le monde est accepté, que tu sois jaune, blanc, con ou intelligent. St. Pauli est fait de tous ces clichés, proxénétisme, drogue, sida, criminalité, mais au final chacun essaie d'y trouver sa voie". Travailleur et créatif, Jeff trouve bientôt la sienne sur la scène du Safari.

Le Safari, sur la Große Freiheit (photo. Céline Danckert)

"Un cabaret comme le nôtre, c'est pour les gens timides"
Le cabaret, qui propose 8 numéros différents pendant une heure et demie, n'a pas cette aura misérable et repoussante de tant d'établissements de la Reeperbahn. Jeff laisse libre-cours à son imagination et puise les thèmes des spectacles dans son "contingent d'information". Celui-ci contient les souvenirs de ses début en tant que figurant à l'Opéra-Comique ou danseur au Casino de Paris avec Zizi Jeanmaire. Il monte ainsi Carmen, le Bal des vampires ou le Fantôme de l'Opéra, version nu complet. "Un cabaret comme le nôtre, c'est pour les gens timides ou ceux qui ne toucheront jamais une fille de leur vie parce qu'ils ne sont pas beaux ou qu'ils ont une déformation", argumente-t-il, tout en admettant que le regard des autres pèse encore lourd dans sa vie quotidienne.

Le dernier cabaret érotique de Hambourg
Être un personnage de la vie nocturne du Kiez a en effet ses revers : taxé d'original, Jeff est habitué à ce que les gens ne pipent plus mot en apprenant quel métier il exerce. S'il reconnaît qu'il a longtemps eu l'impression que son travail était un frein, il affirme maintenant sans hésitation : "St. Pauli et le Safari m'ont donné la possibilité de m'exprimer et de faire pendant 30 ans un boulot qui m'a plu, où j'ai rencontré des gens fantastiques". À la tête du dernier cabaret érotique de Hambourg dont les portes fermeront en avril 2010, il conclut : "Ma personnalité n'a pas changé en fréquentant St. Pauli. J'ai été bien éduqué je crois, eh bien, j'ai continué sur ma lancée".
Céline DANCKERT. (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) mercredi 11 juin 2008 

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Publié le 11 juin 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

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