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INTERVIEW – Christophe Bourdoiseau, Berlin et la chanson française

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 25 novembre 2008, mis à jour le 7 janvier 2013

Christophe Bourdoiseau est depuis près de 20 ans correspondant pour plusieurs journaux francophones à Berlin. Il y a 2 ans, retrouvant ses passions d'enfant, il s'est lancé dans la chanson. Ses textes, baignés de rythmes swing et jazz manouche font le bonheur de quelques bars choisis à Prenzlauer Berg. Rencontre

Photo © Alexander Zuckrow

Il n'y avait guère que le café Entweder Oder à Prenzlauer Berg pour rencontrer Christophe Bourdoiseau. Assis devant une Berliner Pilsner, on gratte de l'ongle les coulures de bougies sur les tables, on prend le temps de se parler, c'est une de ces Kneipe berlinoises où la vie sociale est si intense. Cette ambiance, Christophe Bourdoiseau l'a immortalisée dans sa chanson "Mon café s'appelle EO". La chanson porte le style qu'affectionne Christophe, quand le swing venu de l'est rencontre la légère mélancolie de la chanson française, le tout inspiré par Berlin. Et ça reste dans la tête...

LPJ. Christophe Bourdoiseau, est-ce qu'on écrit une chanson comme on écrit un article de journal ?
Christophe Bourdoiseau
: Justement, c'est ce que les gens croient toujours, mais ça n'a rien à voir, ce sont deux mondes complètement différents. Je travaille les chansons le matin et je n'ai pas l'impression d'être dans un monde de journalistes, c'est vraiment un monde de création, l'écriture est complètement libre. La seule chose que m'a apportée le journalisme, c'est que les mots inspirent des images, c'est une technique. Il y a 3 ans, j'ai retrouvé le goût de la poésie, j'écrivais beaucoup de poésie, à l'école. Et la musique, aussi. La chanson, c'est quelque chose que j'écoute depuis que j'ai 10 ans. Georges Brassens, Jacques Brel, Renaud. Moi, j'ai toujours écouté ça?

Comment t'est venue l'envie, après 20 ans de journalisme, de te tourner vers une autre forme d'écriture ?
J'ai commencé la chanson après un tournant dans ma vie professionnelle, j'avais envie de faire autre chose que du journalisme. Je faisais toujours de la chanson chez moi. Ça plaisait beaucoup aux gens, c'était des chansons de Georges Brassens. J'ai trouvé deux Allemands, on a monté un groupe. On a fait des petits concerts dans le quartier. Mais au bout d'un an je n'avais plus aucune satisfaction, quelque chose me manquait. Alors j'ai écrit mes propres chansons.

Comment on écrit une chanson ?
Jacques Brel l'a dit : tu penses à un sujet, tu fais trois accords et la chanson est partie. Les mots viennent tout naturellement. Mais j'ai mis aussi des textes en musique, des poèmes de Rimbaud et de Baudelaire. 

Photo © Alexander Zuckrow

Il y a un côté solitaire, mélancolique dans tes chansons, un regard vers le passé. Le temps passe trop vite ?
(sourire) J'ai commencé à 40 ans, là tu commences à regarder en arrière, les horizons s'inversent. Je ne pourrais plus écrire ces chansons maintenant. Suite à une séparation un peu douloureuse, ce temps perdu à cogiter, à attendre que le chagrin passe, c'est du temps perdu mais il faut l'exploiter, c'est pour ça que j'ai fait de la musique, pour quelque chose de nouveau.

Qu'est-ce qui t'inspire ?
Berlin m'inspire pour écrire. C'est l'ambiance de la ville, une ville où il y a la place pour réfléchir, ici personne ne te regardera de travers parce que tu as écrit un truc bizarre, parce que tu ne chantes pas comme les autres. Il y a partout des cafés où tu peux faire de la musique. Je viens ici depuis 15 ans, à l'époque c'était le seul bar de la rue, c'était noir, il n'y avait pas de supermarchés, pas de magasins. Quand je me suis installé, il commençait à y avoir le téléphone et internet. Les gens m'inspirent aussi. Il y a une vraie vie sociale dans les cafés. Je viens ici pour tester mes chansons, avec les 3 musiciens ukrainiens qui m'accompagnent. Ca aussi, ça m'influence, leur style passe bien avec la chanson française. Beaucoup de chanteurs français viennent d'ailleurs de l'est. Gainsbourg était de l'est, Aznavour est arménien.

Ton public ?
Mon public, ce sont surtout les femmes. Dans sa biographie, Serge Gainsbourg disait : "Ce qu'il faut c'est plaire aux femmes, c'est elles qui vont venir te voir, parce qu'elles emmènent leur mec?"
Propos recueillis par Cécile Boutelet (www.lepetitjournal.com/berlin.html) mardi 25 novembre 2008

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Publié le 25 novembre 2008, mis à jour le 7 janvier 2013

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