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BILLET ECO - L'euro : un sujet tabou!

Écrit par Lepetitjournal Hambourg
Publié le 24 juillet 2013, mis à jour le 29 juillet 2013

Les dirigeants européens, dans une unanimité qui en laisse plus d'un pantois, nous affirment jour après jour que la monnaie unique survivra. Et ceux qui pensent le contraire sont des populistes. Mais vivons nous dans le même monde?

Les beaux jours de la bien-pensance
Alors comme ça le débat sur l'euro est interdit ! Plus grave encore, ceux qui sont sceptiques sur l'avenir de la monnaie unique sont accusés de faire le jeu de l'extrême droite, ou même d'avoir un penchant pour les extrêmes. Le débat n'a pas lieu d'être, car l'euro est fort, constitue un beau projet pour l'Europe, et ma foi, tout ira bien, si le vieux continent prend ses responsabilités pour régler la crise. Débat interdit donc, mais voilà les faits sont têtus, au moment où le Portugal ou l'Espagne viennent se rappeler à nous, avec des taux d'intérêts à 10 ans qui s'envolent, et une récession qui fait rage.

Le cercle vicieux de la récession
Rien n'y fait, ni les purges qui devaient selon la Troika (FMI, BCE, et la commission de Bruxelles) améliorer à terme la compétitivité des pays incriminés, ni l'austérité avec ses effets récessifs, conseillés par ces mêmes experts! La crise est installée depuis cinq ans, le taux de chômage touche 20 millions de personnes, les pays du sud ont des taux de croissance négatifs - entre 2,3 et 4% - et on continue de raconter la même fable, à savoir que la monnaie unique n'est pas le problème.

Ecarts de compétitivité
Comment faire converger des économies qui n'ont rien à voir entre elles ? Qui y a t-il de commun entre l'économie allemande et celles du sud ? L'une exporte des produits à haute valeur ajoutée, et fonde sa croissance sur les exportations - ce qui est une forme de dévaluation compétitive - et les autres, comme le Portugal ou la Grèce, pas grand chose, à part de l'huile d'olive et des produits maraîchers (sans ironie aucune). Le maillon faible de toutes ces économies, qui ne boxent pas dans la même catégorie, s'appelle l'euro. Avec la monnaie unique, les pays forts - ceux du nord - s'en sortent très bien, tandis que les pays faibles n'ont aucune possibilité de respirer tant la pression sur les coûts pèse sur leurs marges. Sans compter que ces derniers ne peuvent dévaluer, pour doper leurs exportations.

Les philosophes au secours
Le débat sur la monnaie unique sera posé d'ici la fin de l'année, car pour l'heure la sortie de crise est loin, et les peuples commencent à remettre en cause les avantages d'un euro qui ne sert que ceux qui font partie de la mondialisation, et laisse de côté les plus faibles. Une monnaie créée pour les riches donc, et comme le dit Régis Debray - et bien d'autres acteurs comme Pierre Rosenvallon, Frédéric Lordon, Emmanuel Todd...- le vieux continent a fait une erreur en considérant que par l'économie, et donc par l'euro, on pourrait créer un peuple européen. Il y'a une culture européenne mais pas un peuple européen, car un peuple ça se forge les armes à la main, ça se forge dans les épreuves, et pas avec la monnaie. Celle ci n'est qu'une conséquence. Sans avoir de réponse définitive sur le sujet, il est plus que temps d'avoir un vrai débat sur la monnaie unique.

Amine Cassim (www.lepetitjournal.com/Berlin) jeudi 25 juillet 2013

lepetitjournal.com hambourg
Publié le 24 juillet 2013, mis à jour le 29 juillet 2013

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