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Tour du monde virtuel et culturel avec Laura Massilamany à Francfort

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(Photo © Laura Mass)
Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 23 novembre 2017, mis à jour le 23 novembre 2017

Laura Massilamany, experte de l’interculturel et présentatrice de la chaîne youtube MeetingCultures nous fait voyager à travers un tour du monde virtuel et culturel à Francfort.

 

Au sein de meetingcultures.org qui a vu le jour en 2014, Laura Massilamany propose des ateliers portant sur les différences culturelles entre plusieurs pays et continents mais aussi des soirées originales filmées ou projetant le visiteur virtuellement dans le monde entier avec ses invités. Laura nous présente son concept innovant et les prochains ateliers et événements de meetingcultures.org à Francfort.

 

Née à Pondichéry, un des cinq anciens comptoirs français de l’Inde, Laura Massilamany a déménagé avec ses parents à l’âge de trois ans et a grandi à Paris. La belle brune à la peau ambrée dont le grand-père colonel est mort pour la France, indique d’un sourire éclatant se sentir française avant tout. Elle avoue même être allée en Inde seulement deux fois. Pour Laura qui a été confrontée dès le plus jeune âge à l’interculturalité, a étudié l’anglais américain aux Etats-Unis, a fait le choix de vivre et de travailler en Allemagne où elle évolue dans un environnement très international depuis 10 ans, créer sa propre entreprise et développer un concept innovant tournant autour des différences culturelles tombait sous le sens et représentait l’aboutissement de nombreuses années à la fois de travail et de « fun » à se frotter et s’adapter aux comportements, codes et valeurs de différentes nations. Rencontre avec une femme enthousiaste et déterminée.

 

Lepetitjournal.com/francfort : vous vivez depuis de nombreuses années à Francfort, pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours ?

 

Laura Massilamany : j'ai un parcours très atypique. Après le divorce de mes parents, je me suis orientée vers un cursus court et j’ai obtenu un BEP (Brevet d’Enseignement Professionnel, ndlr) en comptabilité-gestion. Cependant, j’ai eu à coeur de passer mon BAC que j’ai obtenu avec mention, j'ai même été admise après une première d'adaptation en prépa HEC. Au bout de deux années, j'ai dû commencer à travailler, j’avais alors 20 ans. J'ai démarré par de la saisie comptable et j’ai pu progressivement travailler dans les plus grandes multinationales comme Sanofi-Aventis, la Mairie de Paris, Gaz de France, BASF en tant que “Credit analyst” et aussi consolideur IFRS à la direction financière d'une entreprise américaine. Je voulais toujours apprendre différents métiers dans le domaine de la comptabilité internationale. Cette soif de savoir ne m'a jamais quittée. Après 13 ans de carrière, j'ai obtenu ma licence en Comptabilité et Finance par la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience, ndlr). Cette année, je peux fièrement affirmer avoir complété mes études avec un “Executive MBA” à l´école Frankfurt school of finance and management. Je me définis comme “une kamikaze du savoir !”. Je veux également, grâce à mon parcours, motiver les gens et montrer qu’il n’existe pas qu’une seule voie pour réussir et s’épanouir au travail. Ce chemin de vie m'a permis d'évoluer dans un milieu très international professionnellement et de parler aujourd´hui 5 langues.

 

Et qu’est-ce qui vous a amenée en Allemagne ?

 

En ce qui concerne l'Allemagne, c’était plutôt l’aventure au départ ! Lors de mon séjour professionnel linguistique à New York, j’ai rencontré des Allemands, j’ai aimé leur langue et je suis rapidement repartie sur les routes munie de mon sac à dos pour aller cette fois à Berlin apprendre l’allemand, Je ne me voyais pas passer le reste de ma vie derrière un écran, et à 28 ans j'avais déjà voyagé sur les 5 continents. À Berlin je ne connaissais personne et je venais de quitter mon poste de consolideur à la direction financière d’une grande entreprise américaine à Paris. J'ai aimé relever ce challenge et après avoir travaillé pour BASF pendant 5 ans dans la capitale allemande, j'ai été mutée à Francfort.

 

Vous êtes actuellement connue comme le loup blanc au sein de la communauté expatriée internationale à Francfort pour avoir organisé ces dernières années de nombreuses sorties notamment dans le réseau « InterNations ». La création de meetingcultures.org est-elle en lien avec votre engagement dans ce réseau qui accueille de très nombreuses nationalités ?

 

J’ai en effet assez vite intégré le réseau « InterNations » une fois à Francfort en 2012 en tant qu'Ambassadrice (organisatrice). Aujourd'hui je compte à mon actif plus de 600 événements organisés en 5 ans. J'ai vu la communauté s'agrandir passant de 8000 à plus de 23 000 personnes à Francfort. J'ai toujours été confrontée à différentes cultures et nationalités et même si je me sens très française, j’ai une identité multiculturelle. Je suis née en Inde, j’ai grandi en France, j’ai étudié en partie aux Etats-Unis et je vis en Allemagne. J’aime rencontrer et comprendre les gens, leur culture et analyser leurs comportements. Avant de lancer « meetingcultures.org », la mise en place de nombreux événements pour expatriés pour « InterNations » m’a permis d’élargir et de consolider mon réseau et de rencontrer des personnes de nationalités et cultures différentes. Observer des comportements et codes parfois aux antipodes pouvant être source d’incompréhension et éventuellement mener au conflit m’a donné envie de reprendre le chemin de l’université. J´ai donc repris mes études cette fois dans le domaine des cultures, obtenu des certificats en cultures et géopolitique, j’ai également étudié la psychologie interculturelle à l'université de Clermont-Ferrand ainsi que la négociation interculturelle et le management des diversités. Aujourd´hui, je dirige également le département international du réseau professionnel des jeunes leaders JCI-WJ (Junior Chamber International, Wirtschaftsjunioren) de la Chambre de commerce et d’industrie de Francfort (IHK).

 

Que proposez-vous à « meetingcultures.org » exactement ?

 

Notre offre s’articule autour de trois piliers :

  • Premièrement, les ateliers interculturels en anglais pour mieux appréhender le monde des affaires et savoir négocier entre différents pays, savoir comment faire des affaires avec les Chinois, les Arabes, les Américains, etc quand on est français ou allemand.
  • Deuxièmement, les événements documentaires, cinématographiques. L’idée est de faire venir un ou deux intervenants d’un pays X ou Y qui vont présenter les différences culturelles qui existent entre l’Allemagne et leur pays ou plus largement entre l’Europe et leur pays, sous forme d'interview lors d'une soirée agrémentée de boissons et spécialités typiques du pays présenté et pendant laquelle le public pourra poser des questions en direct.
  • Troisièmement, nous développons le concept d'événements culturels mensuels sous forme de débats, discours et animation.

 

Comment êtes-vous parvenue à maîtriser autant de cultures ?

 

Petite, je regardais tous les films documentaires d´Ian Wright dans les années 90. C’est un voyageur anglais qui me fascinait car il s’essayait à toutes les coutumes locales, la gastronomie, les traditions, les activités locales des régions et pays qu'il visitait. À partir de l’âge de 20 ans, j’ai voyagé dans de nombreux pays en Asie, en Australie, aux USA, en Scandinavie et globalement partout en Europe et je ne cesse de me former. J’ai aussi lu tous les bouquins de Richard Lewis sur la communication interculturelle et ses relations internationales et participé à tout un tas de séminaires sur l’interculturalité.

 

Quelle est justement la théorie de Richard Lewis ?

 

Selon Richard Lewis, il existe trois catégories de cultures, cela va au delà de la catégorisation polychronique ou monochronique : il y a d’une part les réactifs pour lesquels l’harmonie est essentielle, on y retrouve de nombreux pays d’Asie, d’autre part les linéaires actifs qui ont besoin de planifier comme souvent en Europe et notamment en Allemagne et enfin les multi-actifs qui s’attachent davantage au développement des relations sur le long terme qu’aux délais. Durant mes études et séminaires de mise en pratique, j’ai pu notamment constater que la France est un pays très cartésien dans n’importe quel domaine et que le Français dispose d’une argumentation très logique tandis que l’Allemand utilise une communication directe et s’intéresse avant tout au processus, au respect des délais, le Chinois lui est très respectueux de la hiérarchie et favorise l'harmonie dans la communauté avant tout, l’Américain veut du spectacle et du résulat, l’Indien n’aime pas qu'on lui montre de la condescendance mais veut un dialogue d´égal à égal et l’Arabe a souvent besoin d’être valorisé, d’avoir l’impression que la décision vient de lui. Ce n’est pas toujours facile en tant que femme, je dois faire attention à ma tenue vestimentaire, à mes propos, savoir comment le rôle de la femme est perçu dans les pays loins des normes européennes. Avec la vague d’immigration et notamment la crise migratoire de 2015, il est important de faire preuve de beaucoup de compréhension pour différentes cultures, comprendre les pays arabes et ne pas faire l'amalgame avec les religions. Il ne s’agit cependant pas de tomber dans les clichés et je tiens compte de nombreux aspects lors de mes ateliers comme les relations interpersonnelles, les origines, les classes sociales, les expériences à l’étranger…

 

A qui s’adressent vos ateliers, comment et où se déroulent-ils ?

 

Tout le monde peut participer à mes ateliers. Ils s’adressent aussi bien à des diplomates qui travaillent dans les relations internationales par exemple ou à des organisations ou sociétés qui disposent d’une équipe ou montent un projet à l’étranger. Les particuliers qui souhaitent développer leur connaissance des cultures sont également bienvenus. Tous mes ateliers se déroulent en langue anglaise, soit dans des locaux à Francfort, soit directement dans l’entreprise intéressée et peuvent accueillir entre 12 et 25 personnes. Ils peuvent durer 4 h ou deux jours, je peux intervenir sur les cultures en général – j’aborde l’histoire, la culture, la notion de temps et d’espace - ou sur des zones précises du globe et des aspects comme la négociation en entreprise ou sur le travail en équipe multiculturelle. Les managers sont particulièrement sensibilisés aux aspects interculturels afin qu’ils puissent adopter les meilleures stratégies possibles lors de voyages d’affaires, négociations avec des clients étrangers ou obtenir de meilleurs résultats d’une équipe composée d’étrangers. Exemple : un manager allemand qui dirige une équipe espagnole devra apprendre à connaître la culture espagnole et inversement dans le but d’obtenir et optimiser les résultats et éviter les dialogues de sourds.

 

Quand auront lieu vos prochains ateliers ?

 

Le prochain atelier aura lieu à Francfort lundi 27 novembre et concernera la Chine.

Le 11 décembre, nous parlerons des pays du Moyen Orient.

Et enfin les 20 et 21 janvier 2018, nous organisons un séminaire de deux jours sur les zones Moyen Orient et pays asiatiques, notamment la Chine, l’Inde, le Japon. Nos tarifs pour ces ateliers vont de 49 à 199 euros. Tous les détails concernant les ateliers figurent sur le site de meetingultures.org.

 

Quels sont vos projets ?

 

Actuellement notre équipe est composée de cinq personnes qui travaillent de façon ponctuelle lors de la préparation des événements et des films, d’un caméraman, d’une assistante et de moi-même. J’espère pouvoir embaucher et élargir l’équipe, notamment pour renforcer les aspects communication sur les réseaux sociaux et gérer les invitations.

J'aimerais développer la structure meetingcultures.org à l’échelle internationale, organiser des événements culturels, des débats et des discours culturels à la façon des TedTalks dans plusieurs grandes villes. Nous allons rechercher pour cela des “ambassadeurs” locaux dans un futur proche pour ce projet.

Aussi notre ambition est d’offrir via notre chaîne Youtube, un tour du monde virtuel, avec des invités qui nous feront découvrir leur pays d'origine avec la plus grande authenticité. Nous aimerions également pouvoir obtenir le soutien des différents corps consulaires ainsi que l’aide de la ville de Francfort pour ce projet car lorsque les expatriés, qui disposent bien souvent d’un haut niveau d’études, se sentent bien accueillis et intégrés dans leur pays d'accueil, ils représentent un apport considérable à la ville aussi bien sur le plan économique que social.

 

Quel message souhaitez-vous faire passer à nos lecteurs ?

 

Je serais heureuse d’accueillir des invités engagés disposés à présenter leur pays d'origine lors de nos soirées culturelles filmées ou simplement tous ceux qui souhaitent participer et faire partie du public. J’attends nombreuses toutes les personnes intéressées par notre projet ainsi que les feedbacks et questions par mail à contact@meetingcultures.org

 

Je voudrais aussi ajouter que mon travail consiste à comprendre les autres pays et leur culture ainsi que les comportements collectifs et que malgré nos différences, nous partageons les mêmes espoirs et aspirations qui sont la base pour une compréhension commune. Aujourd'hui, je vis ma passion pleinement et je souhaiterais pouvoir la communiquer aux autres et leur montrer que la réussite est toujours possible quand on s’arme de courage et de motivation.

 

Interview réalisée par Valérie Keyser (Publi-Info), (www.lepetitjournal.com/francfort), lundi 20 novembre 2017

 

Site internet Meetingcultures.org

 

Prochains ateliers :

  • Lundi 27 novembre, la Chine, de 19 h à 21 h.
  • Lundi 11 décembre, les pays du Moyen Orient, de 19 h à 21 h
  • Les 20 et 21 janvier 2018, le Moyen Orient et les pays asiatiques, de 9 h à 18 h le 20/11 et de 9 h à 17 h le 21/11.

 

lepetitjournal.com Francfort
Publié le 23 novembre 2017, mis à jour le 23 novembre 2017

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