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INTERVIEW – Maharaj Trio joue pour la paix dans le monde

MARAHAJ TRIO musique indienne VaranasiMARAHAJ TRIO musique indienne Varanasi
(© Valérie Keyser lepetitjournal.com/francfort)
Écrit par Valérie Keyser
Publié le 30 juin 2018, mis à jour le 12 juin 2019

Venus tout droit de la ville de Varanasi située au nord-est de l’Inde sur la rive gauche du Gange, ancienne capitale de la principauté de Bénarès réputée pour sa production de soie et la fabrication de tablas, les virtuoses de la musique traditionnelle indienne du groupe Maharaj Trio  sont de nouveau, pour le plus grand bonheur des mélomanes,  en tournée en Allemagne. Lepetitjournal.com/francfort a eu le privilège de les rencontrer entre deux concerts.



Véritable histoire de famille, le Maharaj Trio composé de Vikash Maharaj et ses deux fils Prabhash et Abhishek fait partie d’une grande lignée de musiciens indiens qui perpétuent la musique traditionnelle indienne depuis quinze générations. Forte d’un riche héritage musical, fourmilière de talents et terre d’accueil de nombreux festivals de musique comme le Buddha Purnima Festival qui célèbre la naissance de Bouddha, la ville dont ils sont originaires, Varanasi, a été désignée « cité de la musique » par l’UNESCO en 2015.


Sous la pyramide du Louvre ou sur un bateau sur le Rhin, que la musique soit

L’Europe est une destination que les membres du groupe affectionnent particulièrement. « Nous sommes des musiciens nomades et parcourons l’ensemble des continents, nos tournées durent souvent plus de deux mois, mais c’est surtout en Europe que nous aimons jouer. L’Europe est le berceau de la musique, une terre de fertilité musicale qui a vu naître Bach, Schubert, Mozart… » affirme Prabhash, le porte-parole du groupe, les yeux brillants d’admiration. Si lors d’une de leurs dernières tournées, la France était à l’honneur avec notamment un concert donné

Maharaj Trio
Subhash Maharaj. (© Valérie Keyser lepetitjournal.com/francfort)

sous la pyramide du Louvre, 2017 et 2018 se sont principalement concentrées sur l’Allemagne, un pays auquel ils sont très attachés et où vit leur oncle Subhash Maharaj. Chez les Maharaj, Subbash qui a étudié la musicologie et l’anthropologie à l’université Goethe de Francfort, a pris un chemin quelque peu différent. S’il ne parcourt pas les routes avec le groupe, il joue en revanche un rôle d’attaché de presse ou de chargé de communication avec les associations, salles de spectacles, consulats et ambassade, qui garantit aux artistes un accueil dans des endroits prestigieux lorsque ceux-ci se produisent en Allemagne comme le « Philharmonie » de Berlin, le château d’Elmau ou encore la Christuskirche de Mayence.

Munis de leurs instruments, le sitar, instrument à cordes pincées, le sarod qui a vu le jour en Afghanistan ainsi que le tabla, petit tambour du nord de l’Inde, les musiciens, la plupart du temps vêtus d’une longue chemise blanche, créent la sensation partout où ils vont. Vikash Maharaj, musicien renommé de Sarod, n’hésite pas à nous montrer les stigmates de milliers d’heures passées à dompter son instrument et ses ongles étonnamment longs à faire verdir de jalousie toute une ribambelle de coquettes. « Je laisse pousser mes ongles car ils me permettent de mieux jouer avec les cordes et d’obtenir des sonorités plus claires » nous indique Vikash. Abhishek au sitar n’est pas non plus épargné par les blessures qu’il nous dévoile timidement tandis que Prabhash, petit personnage vif et dynamique semble ne faire qu’un avec son tambour sur lequel il frappe frénétiquement en chantant en sanscrit. « Nous avons commencé la musique déjà tous petits. Dans notre famille,

Maharaj Trio Sitar
Abhishek. (© Valérie Keyser lepetitjournal.com/francfort)

les enfants naissent à la maison. Quand l’enfant nait, la personne la plus âgée lui chante une mélodie à une oreille et lui fait écouter quelques rythmes à l’autre. On ne force pas l’enfant à jouer de tel ou tel autre instrument, on essaie juste de lui montrer ce qui est bon pour lui. ».

Musique traditionnelle indienne revisitée

La musique du trio, si elle prend sa source dans la pure tradition indienne, s’est cependant enrichie, modernisée au cours des années et puise son inspiration, pour des mélanges de style des plus étonnants, des nombreuses rencontres et partenariats avec d’autres artistes de renom du continent américain ou européen. Ils comptent à leur actif plus de 100 tournées dans le monde entier et se sont produits avec des grands noms de la musique comme Peter Gabriel, Herbie Hancock (le père Vikash dans les années 70, ndlr) et les membres du groupe Kelly Family. La famille et notamment le père Vikash entretenait d’étroites relations  avec Ravi Shankar, le maître du sitar décédé en 2012 aux Etats-Unis et qui a influencé notamment Georges Harrisson des Beatles et Brian Jones des Rolling Stones.


Des artistes engagés pour la paix dans le monde

Fortement engagés dans la lutte contre le travail des enfants, les musiciens du Maharaj Trio  nous indiquent vouloir avant tout diffuser un message de paix et un bel hommage à la nature. « Notre musique n’a pas de frontières et nous

Maharaj trio
Vikash entouré de ses deux fils Abhishek et Prabhash. (© Valérie Keyser lepetitjournal.com/francfort)

soutenons plusieurs organisations de lutte contre le travail des enfants. Nous vivons dans un monde en crise parsemé de guerres, de violence, d’injustices, de discriminations et d’inégalités. Nous ne devons pas oublier, que nous sommes tous des humains, nous devons nous entraider, prendre soin les uns des autres et nous aimer. Nous jouons pour un monde meilleur pour tous. » souligne Prabhash. Et d’ajouter « Un thème qui nous tient à cœur également, c’est l’interdiction de l’eau embouteillée. Dans un contexte de changement climatique, de plus en plus de pays devraient interdire ce procédé qui nécessite de grandes quantités de combustibles fossiles et qui entraine des pénuries d’eau. Chaque personne a un « droit à l’eau. C’est un besoin fondamental et il devrait être interdit de devoir acheter des bouteilles d’eau. ».

Et qu’en est-il de leur public ? A cette dernière question, ils nous répondent tous en chœur : « Notre public est très varié. En tout cas, les personnes qui viennent nous voir en concert ne veulent presque jamais nous laisser partir » (Rires).

Site Internet du groupe ici.

Valérie Keyser
Publié le 30 juin 2018, mis à jour le 12 juin 2019

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