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FRANCO-ALLEMAND - De l'affrontement à la coopération militaire (1/2)

Écrit par Lepetitjournal Francfort
Publié le 11 mars 2013, mis à jour le 11 mars 2013

La coopération militaire franco-allemande ne s'est pas construite en un jour. Du fait du poids de l'histoire, elle avance "à petits pas". Certains la disent actuellement en crise. Retour sur sa création, ses institutions et ses obstacles... en deux parties !

"War es gestern unsere Pflicht Feinde zu sein, Ist es heute unser Recht Brüder zu werden."

Encore une fois, il semble bien que tout doive commencer ou du moins passer par là : le Traité de l'Élysée, emblème nécessaire. Avec leurs signatures, Conrad Adenauer et Charles de Gaulle édifient en 1963 une nouvelle coopération militaire franco-allemande, socle futur du développement de l'Europe de la Défense. La déclaration commune accompagnant le Traité fait mention d'un "rapprochement des doctrines", "d'échanges multipliés de personnel entre les armées" ou "encore de projets d'armement communs". En premier lieu politique et symbolique, le rapprochement trouve à s'incarner un an auparavant dans les voyages et les discours du Chancelier en France et du Général en Allemagne. De Gaulle passe par Bonn, Düsseldorf, Duisburg, Hambourg, Munich, Stuttgart et Ludwigsburg. Dans l'ancienne capitale de l'ouest, il célèbre la réconciliation et "le grand peuple allemand". À Ludwigsburg, il a des mots pour la jeunesse ; à Duisburg, pour les ouvriers de la Ruhr. Le 7 septembre 1962, le Général de Gaulle se rend à Hambourg en terrain connu, pour s'adresser aux officiers de l'École de guerre allemande en ces termes : "En raison de notre nature propre aussi bien que du commun danger, la coopération organique de nos armées en vue d'une seule et même défense est essentielle à l'union de nos deux pays. Après tout, comme l'écrivait votre Zuckmayer : "War es gestern unsere Pflicht Feinde zu sein, Ist es heute unser Recht Brüder zu werden"". Scellée par les mots autour d'un ennemi commun ? le bloc de l'Est ? la collaboration des armées allemande et française ne se construit pas en un jour, mais avance "à petits pas".

Une coopération institutionnelle et académique, mais peu d'engagement commun
Vingt-cinq ans plus tard, le 22 janvier 1988, est créé le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité (CFADS), structure de travail permanente qui réunit le Président, la Chancelière, les ministres de la Défense, des Affaires étrangères et les chefs d'État-Major des Armées. Des groupes d'études sont aussi prévus dont le groupe franco-allemand de coopération militaire (GFCAM). Structurée dans les hautes sphères, la relation franco-allemande en matière de défense s'établit aussi sur le terrain avec deux unités terrestres mixtes : la Brigade franco-allemande et le Corps Européen. D'après le chargé des relations publiques à la Robert-Schuman-Kaserne de Müllheim dans une interview du 16 février 2013 au site l'Alsace.fr, "environ 2000 soldats de la brigade franco-allemande sont projetés chaque année sur des théâtres opérationnels. Mais, c'est le plus souvent sous un mandat national ou multinational (les Français avec la France, les Allemands avec l'Allemagne) et trop rarement lors d'un engagement commun de la BFA. Jusqu'à présent, le cas ne s'est produit que trois fois : en 1996 en Bosnie, en 2004-2005 en Afghanistan et au Kosovo." Au niveau opératif, les positionnements stratégiques de l'Allemagne et de la France sont donc loin de converger. L'effort le plus prometteur se situe en fait au niveau de la formation binationale des officiers et des échanges militaires académiques. Parmi ces formations communes : les Écoles Franco-Allemandes (EFA) du Tigre (hélicoptère armé franco-allemand), le Centre de Formation Franco-Allemand de Contrôleurs Aériens Avancés (CFAA de Nancy), et la Force Navale Franco-Allemande (FNFA), constituée annuellement lors de grands rendez-vous à la mer des deux marines.

Delphine Schiltz et Cécile Trion (www.lepetitjournal.com/hambourg.html) Lundi 11 mars 2013

lepetitjournal.com Francfort
Publié le 11 mars 2013, mis à jour le 11 mars 2013

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