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Mines en Colombie: trois banques françaises mises en demeure sur le devoir de vigilance

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Écrit par AFP
Publié le 25 mai 2023, mis à jour le 26 mai 2023

Trois banques françaises, BNP Paribas, Crédit Agricole et BPCE, ont été mises en demeure par l'association Tierra Digna pour leur investissement financier dans l'entreprise suisse Glencore et sa filiale Prodeco, que l'ONG accuse "de graves dommages à l'environnement, notamment en termes de santé publique" en Colombie, selon les courriers consultés jeudi par l'AFP.

L'association colombienne accuse Glencore d'activités illégales ou irrégulières dans les mines de La Jagua et de Calenturitas avec de "la poussière de charbon qui, pendant des années, n'a pas respecté les normes fixées par l'OMS" et une contamination "des sources d'eau, tant superficielles que souterraines, par des matériaux tels que le plomb et d'autres substances toxiques", selon les mises en demeure envoyées mardi aux établissements.

"Prodeco n'a connaissance d'aucune preuve allant dans les sens des plaintes sur la prétendue pollution des rivières", a réagi auprès de l'AFP un porte-parole de Glencore.

Selon Tierra Digna, "pour exercer son activité, la société Glencore bénéficie de nombreux financements et d'investissements de la part d'institutions financières internationales", des rapports d'ONG ayant "mis en évidence l'implication (des trois banques françaises) dans ces flux financiers climaticides".

Depuis 2017, la loi française sur "le devoir de vigilance" impose aux grandes entreprises de prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l'environnement sur l'ensemble de leur chaîne d'activité.

Depuis la première action lancée en 2019, contre TotalEnergies, leur nombre s'est multiplié et une vingtaine de procédures sont aujourd'hui en cours.

En octobre, BNP Paribas a été la cible de deux mises en demeure sur le devoir de vigilance, au titre de son appui financier à Marfrig, la deuxième plus grande entreprise de conditionnement de viande du Brésil, et de son impact sur la déforestation ainsi que sur son soutien à des entreprises développant de nouveaux projets pétro-gaziers.

Selon Lucie Pinson, directrice de l'ONG Reclaim Finance, cette nouvelle "affaire devrait servir d'avertissement aux autres banques qui financent la destruction de l'environnement dans le monde".

"Le Crédit Agricole et BNP Paribas se sont engagés à ne plus financer le charbon, mais continuent de soutenir Glencore, malgré la dévastation causée par ses mines", a-t-elle souligné, appelant les investisseurs à "profiter des assemblées générales pour demander des comptes aux entreprises polluantes".

Selon Reclaim France, "BPCE est le premier investisseur européen de Glencore et le neuvième au niveau mondial, à hauteur d'un milliard de dollars" tandis que "l’exposition d'Amundi (groupe Crédit Agricole) au sein de Glencore s'élève à plus de 92 millions de dollars, dont 89 millions d'actions et quatre millions d'obligations" et que "BNP Paribas Asset Management détient sept millions d'euros d'actions de Glencore".

"Les banques prêtent aussi de l'argent : en 2022, le Crédit Agricole a fait un prêt estimé à 46,4 millions de dollars à Glencore International, une filiale de Glencore", ajoute l'ONG qui précise que "la BNP a fait un prêt d’un montant identique".

ktr-bp-noo-mdr/ha/sr

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Publié le 25 mai 2023, mis à jour le 26 mai 2023

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