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Le jeu de quilles diplomatique se poursuit au Nicaragua

Écrit par AFP
Publié le 1 octobre 2022, mis à jour le 1 octobre 2022

Le Nicaragua se retrouve samedi encore plus isolé sur la scène internationale après que le président Daniel Ortega a refusé l'arrivée de l'ambassadeur désigné par les Etats-Unis puis rompu les relations diplomatiques avec les Pays-Bas.

Sept mois après l'expulsion du nonce apostolique, et au lendemain de la notification de celle de l'ambassadrice de l'Union européenne, le pays d'Amérique centrale a ajouté un pays à sa liste noire.

Managua a coupé les ponts vendredi soir avec le gouvernement des Pays-Bas qualifié d'"interventionniste" et de "néocolonial", après que son ambassadrice, Christine Pirenne, eut informé que La Haye renonçait à financer la construction d'un hôpital dans le cadre de la coopération.

Dans un courrier transmis à l'AFP samedi, le ministère néerlandais des Affaires étrangères a condamné cette réponse "regrettable" et "disproportionnée à un message critique sur la démocratie et les droits humains".

Les Pays-Bas affirment en effet avoir adressé plusieurs avertissements au Nicaragua quant à la "détérioration de la situation" en la matière dans le pays d'Amérique centrale. Des appels restés sans réponse ayant conduit à l'annulation du projet de financement, qui était déjà suspendu depuis 2018.

M. Ortega a accusé Mme Pirenne, qui a regagné vendredi le Costa Rica où elle est installée, d'avoir tenu "un discours piétinant la dignité" du peuple nicaraguayen. "Dehors !", a-t-il tonné.

"Les Pays-Bas discutent avec leurs partenaires européens de la façon dont nous allons répondre à cette décision", a déclaré La Haye, qui pourrait "modifier les consignes de voyage" au Nicaragua données à ses ressortissants.

Daniel Ortega a été réélu en novembre 2021 pour un quatrième mandat consécutif lors d'un scrutin d'où étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, arrêtés ou contraints à l'exil.

La communauté internationale n'a de cesse de condamner la dérive du régime. L'UE et les Etats-Unis ont imposé de nombreuses sanctions contre le Nicaragua et des personnalités du régime depuis quatre ans, invoquant notamment des violations des droits humains.

afp

Vendredi, la vice-présidente nicaraguayenne Rosario Murillo, également épouse du président Daniel Ortega, avait prévenu que le nouvel ambassadeur américain Hugo Rodriguez n'entrerait pas" au Nicaragua, invoquant l'attitude "d'ingérence" du diplomate américain.

- "Messieurs les impérialistes" -

"M. Hugo Rodriguez, nous le répétons, ne sera admis en aucun cas au Nicaragua (...) Que ces messieurs les impérialistes se le tiennent pour dit: ici, Hugo Rodriguez n'entrera pas", a déclaré Mme Murillo, qui a lu une note du ministère des Affaires étrangères dans une communication aux médias officiels.

Le ministère nicaraguayen des Affaires étrangères souligne avoir averti Washington dès le 28 juillet que la nomination de M. Rodriguez comme ambassadeur à Managua ne serait pas acceptée, en raison de son attitude "d'ingérence insigne, de son irrespect, dont l'accréditation représentait une offense", après avoir qualifié le régime de Managua de "dictature" lors de son audition par le Sénat américain durant le processus de nomination.

Commentant la décision des autorités de Managua, Mme Murillo a qualifié d'"insolite" la décision de Washington de confirmer la nomination de M. Rodriguez.

La veille, le ministre des Affaires étrangères Denis Moncada avait notifié son expulsion à l'ambassadrice de l'Union européenne Bettina Muscheidt. Celle-ci devait quitter le pays samedi, selon des sources diplomatiques.

afp

L'ambassadeur du Vatican, le nonce apostolique Waldemar Sommertag, avait lui été expulsé en mars, une décision inédite dans le monde. Le Vatican avait fait part de son "incompréhension et de son regret".

Le Saint-Siège avait rappelé "sa participation en tant que témoin et accompagnateur à la table du dialogue national entre le gouvernement et l'opposition politique, en vue de la réconciliation du pays et de la libération des prisonniers politiques", pour tenter de trouver une issue à la crise ouverte par des manifestations en 2018 pour réclamer la démission de M. Ortega et de Mme Murillo.

La répression avait fait au moins 355 morts, selon les organisations de défense des droits humains.

Mgr Sommertag n'a, à ce jour, pas été remplacé à Managua.

Le président Ortega a refusé mercredi soir la main tendue du pape, qui insiste sur la nécessité de "dialogue", en qualifiant l'Eglise catholique de "dictature parfaite, de tyrannie parfaite".

afp

En mars également, le chef de la mission du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Thomas Ess avait été expulsé, sans explication.

Le mois suivant, le bureau de l'Organisation des Etats américains (OEA) avait été fermé et son représentant prié de quitter le pays. Déjà en décembre 2018, la délégation de la Commission interaméricaine des droits de l'homme de l'OEA (CIDH) avait été expulsée.

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Publié le 1 octobre 2022, mis à jour le 1 octobre 2022