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L'Angola a voté pour choisir un président, le dépouillement commence

Écrit par AFP
Publié le 24 août 2022, mis à jour le 25 août 2022

Les Angolais ont voté mercredi lors d'élections législatives qui décideront du prochain président, un scrutin annoncé comme le plus serré de l'histoire du pays, entre le parti au pouvoir depuis l'indépendance et une opposition qui promet d'enrayer pauvreté et corruption.

Ancien parti unique tout-puissant, à la tête du pays depuis 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) est de plus en plus impopulaire mais partait encore favori. Le président sortant Joao Lourenço, 68 ans, brigue un second mandat.

Mais la domination du parti historique risque d'être sérieusement entamée par une opposition revigorée par un leader, Adalberto Costa Junior, 60 ans. Surnommé "ACJ", il est à la tête du premier mouvement d'opposition, l'Unita, qui a élargi sa base en s'alliant à d'autres partis.

Les bureaux de vote, vides, ont commencé à fermer avant la fin du scrutin fixée à 17H00 GMT, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le dépouillement a immédiatement commencé.

"Les élections sont un succès et se sont déroulées de manière exemplaire", s'est félicitée la commission électorale lors d'une conférence de presse dans la soirée, précisant que la loi prévoit "la possibilité de donner des résultats provisoires".

Avec un parti au pouvoir qui a la main sur le processus électoral et les médias publics, l'opposition et une partie de l'opinion publique s'interrogent sur des risques de fraudes. Des observateurs étrangers sont sur place. Le département d'Etat américain a "félicité" l'Angola pour le déroulement du vote.

Pour certains, M. Costa Junior incarne le désir de "changement" réclamé par la rue. Inflation galopante, sécheresse sévère, chômage et vie chère nourrissent un ras-le-bol grandissant.

"Nous avons du pétrole, des diamants, mais les gens n'ont pas de travail", dit à l'AFP Manuel Antonio Teca, 27 ans, sans emploi.

L'Angola est le 2e producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne et l'un des principaux producteurs mondiaux de diamants. Mais près de la moitié des Angolais vivaient avec moins de 1,9 dollar par jour en 2020, selon la Banque mondiale.

- "Jour historique" -

Avec des promesses de réformes et de lutte contre la pauvreté, "ACJ" séduit une jeunesse urbaine moins attachée au MPLA que ses aînés et qui hérite d'un pays miné par des décennies de corruption sous la présidence de José Eduardo dos Santos (1979-2017). Les 10 à 24 ans représentent un tiers de la population, selon des données des Nations unies.

Mort le mois dernier en Espagne, l'ancien chef d'Etat est accusé d'avoir détourné des milliards au profit de ses proches. Il doit être enterré dimanche.

afp

Quelque 14,4 millions d'électeurs étaient attendus dans 26.000 bureaux de vote. Pas d'élection présidentielle en Angola, le candidat du parti vainqueur aux législatives est automatiquement investi chef d'Etat.

Le spécialiste de l'histoire angolaise à l'Université Stellenbosch en Afrique du Sud, Justin Pearce, prédit des résultats "plus serrés que jamais".

"C'est un jour historique", a déclaré M. Costa Junior après avoir voté dans un quartier populaire de Luanda.

M. Lourenço a lui déposé son bulletin dans une université de la capitale. Homme habituellement discret et peu à l'aise sur les estrades, l'ancien général formé en URSS a sobrement promis "la victoire".

afp

Loyal dauphin de dos Santos, il l'avait emporté en 2017 après une confortable victoire du MPLA avec 61% des voix.

Pur produit du parti nourri au marxisme-léninisme, il s'est rapidement affranchi du système en lançant, à la surprise générale, une vaste campagne anti-corruption visant les proches de son ancien mentor.

Ces cinq dernières années, il a mené des réformes, saluées à l'étranger, pour sortir d'une économie dépendante du pétrole. Sa gestion de la dette "a été remarquable", juge Marisa Lourenco, analyste indépendante basée à Johannesburg.

Mais pour une grande partie des 33 millions d'Angolais, rien n'a vraiment changé. "Vingt ans que le pays est en paix et nous sommes toujours pauvres", lâche Lindo, un électricien de 27 ans qui habite Luanda.

Malgré dix ans de croissance après la fin d'une guerre civile qui a duré jusqu'en 2002, l'Angola reste un des pays les plus pauvres du continent.

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Publié le 24 août 2022, mis à jour le 25 août 2022