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ARABIE SAOUDITE – Fin de la tourmente pour les 200 expatriés français ?

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 29 juin 2016, mis à jour le 30 juin 2016

 

Depuis septembre 2015, les salariés de la société de construction Saudi Oger en Arabie Saoudite ne sont plus payés. Parmi eux se trouvent 200 expatriés français qui sont bloqués dans le pays car ils ne peuvent plus renouveler leur titre de séjour, donc leur visa de sortie, faute de rémunération. Quelques articles en ont parlé mais leur histoire reste encore largement méconnue du grand public. Après des mois de cauchemar, Mohamed Ben Salmane, vice-prince héritier d'Arabie saoudite et second vice-Premier ministre, aurait affirmé lors d'une visite à François Hollande qu'il indemniserait les 200 Français. 

Des raisons géopolitiques 

Depuis septembre 2015, l'entreprise saoudo-libanaise Saudi Oger ne paie plus régulièrement ses 38.000 employés - voire plus du tout certains d'entre eux. Ces déconvenues seraient d'abord dues à un contexte économique et politique difficile. Selon certains commentateurs, les salariés feraient les frais des relations tendues entre l'Iran et l'Arabie Saoudite. Le dirigeant de Saudi Oger, Saad Hariri, homme politique libanais, aurait désormais du mal à trouver des investisseurs locaux depuis que Beyrouth a décidé de soutenir l'Iran. En outre, fin décembre, le souverain saoudien a décidé d'augmenter le prix de l'essence et de l'électricité, tout en supprimant les subventions afin de combler le déficit budgétaire qui s'élève à 87 milliards de dollars. Ces mesures drastiques ont eu pour effet d'aggraver des problèmes inhérents à la gestion de trésorerie de l'entreprise Saudi Oger. 

La tyrannie du géant BTP 

Dans l'Obs, Rémy Catusse, expatrié, architecte-urbaniste chez Saudi Oger explique que les estimations budgétaires erronées et la gestion très critiquée de Saad Hariri qui a repris le flambeau après la mort de son père en 2005 auraient également fortement contribué à la faillite de l'entreprise. Après avoir engagé des projets faramineux et essuyé des retards de paiements, la société Saudi Oger s'est retrouvée au pied du mur. Rémy Catusse a témoigné que son chef supprimait sans prévenir des journées de salaires. Sur les chantiers, il n'y aurait plus d'électricité ni d'essence tandis que la climatisation et le chauffage ne fonctionnent plus, ce qui rend le travail dans le désert impossible. Tout est fait, selon Rémy Catusse, pour que les travailleurs, éc?urés, partent d'eux-mêmes.  

Une situation à la Kafka 

Lorsqu'une entreprise en Arabie Saoudite cesse de payer ses salariés, ceux-là perdent automatiquement leur permis de travail. Cette mesure visant à pénaliser la société, bloque en réalité les travailleurs qui ne peuvent plus demander de titre de séjour ? une « iqama », faute de pouvoir prétendre à un permis de travail. Rémy Catusse parle d'une « situation rocambolesque » dans laquelle « nous étions obligés de travailler tout en sachant que nous étions hors-la-loi ». Alain Marsaud, député de la 11ème circonscription des Français de l'étranger s'était d'ailleurs exprimé à ce sujet dans une tribune le 8 avril, « L' Ambassadeur Bertand Besancenot m'a réaffirmé qu'il continuerait à ?uvrer pour trouver une solution pérenne à ce problème.» De nombreuses familles se sont par la suite mobilisées pour essayer d'interpeller les pouvoirs publics : la journaliste française Clarence Rodriguez, qui vit à Riyad, et qui a suivi l'affaire a écrit le 10 juin une lettre à l'intention de Jean-Marc Ayrault pour l'informer sur le sort de ces 200 Français, faisant état du cauchemar dans lequel ils sont plongés.

La visite de Mohamed Ben Salmane tombe à pic 

Les 27 et 28 juin, le dernier fils du roi et ministre de la défense saoudien, Mohamed Ben Salmane, a rendu visite à François Hollande. Lors de sa venue, la sénatrice Nathalie Goulet aurait informé le ministre de la situation de ces centaines d'expatriés.

 

Celui-ci aurait affirmé ne pas avoir été mis au courant avant et mais s'engage maintenant à aider les salariés. C'est une lueur d'espoir pour tous ces expatriés français après des mois d'atonie politique autant du côté français que saoudien, comme l'a rappelé Clarence Rodriguez sur son compte Facebook sans citer de noms « beaucoup d'institution ont mis beaucoup de temps à réagir ». Une liste de tous les expatriés serait actuellement en préparation et sera transmise très rapidement à Mohamed Ben Salmane. Affaire à suivre. 

Mathilde Poncet (www.lepetitjournal.com) - Jeudi 30 juin 2016 

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Publié le 29 juin 2016, mis à jour le 30 juin 2016