Plus de 230 millions de francophones parcourent aujourd'hui la planète et ils seront 750 millions en 2050 selon certaines estimations. La région linguistique francophone tente, à travers l'action de l'Organisation internationale de la francophonie (O.I.F.), d'organiser sa cohérence culturelle mais aussi économique. C'était l'objectif de la première journée de la Francophonie économique et numérique.
Ce 14 septembre 2016 se sont réunis des experts du secteur privé comme du secteur privé, des hommes et femmes politiques comme des universitaires, afin de préparer le volet économique et numérique du 16ème sommet de la Francophonie qui aura lieu les 26 et 27 novembre. Les tables rondes ont ainsi abordé les questions de croissance partagée et de développement responsable.
L'économie, vers un codéveloppement de la zone francophone
En 2014, l'intellectuel et conseiller politique français Jacques Attali annonçait que la Francophonie représentait 16% du PIB mondial en 2014, avec une croissance potentielle de 7% pour les prochaines années. Cette journée de préparation au Sommet de la Francophonie a démontré une volonté de codéveloppement des pays de ce formidable espace linguistique, avec un accent mis sur les échanges économiques internationaux et la coopération entre pays du sud.
La majorité des pays francophones sont des pays africains. Leur démographie galopante (60% de la population en Afrique est âgée de moins de 30 ans) représente une formidable opportunité de développement pour la Francophonie. Loin de se limiter à la langue, la DFEN (Direction Francophonie économique et numérique) entend donc organiser un espace économique qui puisse soutenir sa cohérence linguistique. Les axes développés lors de cette journée sont le développement de l'entrepreneuriat, le soutien des initiatives de créations d'emplois dans l'économie sociale et solidaire, l'économie verte, l'économie de la culture et l'économie numérique. Pour soutenir les entrepreneurs, c'est la voie du partenariat public/privé qui semble privilégiée. Enfin, les solutions de micro-crédit étaient mises à l'honneur avec la présence d'Arnaud Poissonier, fondateur et président de la société de micro-crédit Babyloan.
Le numérique, vecteur de la francophonie
Le numérique est aujourd'hui une véritable langue à part entière, l'enjeu est la rencontre entre la langue française et la langue numérique. Cette journée a permis de rappeler l'importance d'organiser un espace francophone coopératif, facteur d'entraide dans la mondialisation. La francophonie compte en effet des petits pays qui n'ont pas les moyens d'imposer leurs décisions tout seul face aux géants du GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). C'est ici qu'un espace tel que la francophonie pèse de tout son poids. Ce projet s'incarne dans le soutien des francophones porteurs de projets numériques et dans l'utilisation du numérique dans la promotion de la francophonie. Un Fonds francophone pour l'innovation numérique (FFIN) y est d'ailleurs consacré. Des événements comme un hackathlon des jeunes francophones du Gabon organisé à Libreville en août 2015 devraient aussi être multipliés. En réunissant des développeurs francophones pour les faire participer à une programmation informatique collaborative sur plusieurs jours, la DFEN a souhaité stimuler la création d'applications francophones sur la thématique du développement durable.
Cependant, pour que ces projets ne restent pas lettre morte, une stratégie de développement plus globale semble indispensable. La scolarisation et la maîtrise de la langue française dans les pays francophones doit rester une priorité afin de faire bénéficier le plus de francophones des évolutions numériques : sans développement de l'éducation et de l'économie réelle, seule une minorité de francophones profitera des fruits du numérique.
Robin Marteau (www.lepetitjournal.com) jeudi 15 septembre 2016
