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« Inutile et dangereuse » : les sénateurs fustigent la réforme du corps diplomatique

Christan Cambon sur la chaine public sénat Christan Cambon sur la chaine public sénat
Christan Cambon sur la chaîne Public Sénat
Écrit par Natacha Marbot
Publié le 26 juillet 2022, mis à jour le 27 juillet 2022

La suppression du corps diplomatique professionnel entamée en 2022 n’a pas fini de faire couler de l’encre. Un rapport du Sénat paru le 19 juillet appelle à suspendre la réforme et formule 8 recommandations pour la suite.

 

Le mardi 19 juillet, les deux sénateurs rapporteurs Jean-Pierre Grand (Les Indépendants - République et Territoires) et André Vallini (Socialiste, Écologiste et Républicain) ont publié leur rapport sur la réforme du corps diplomatique initiée au printemps 2022, qui a fait l’objet de la grève exceptionnelle du corps diplomatique le 2 juin.

 

D’inspecteur des impôts à ambassadeur ? La mobilité ne passe pas pour les sénateurs   

Concluant une mission d’information sur l’avenir du corps diplomatique, ce rapport est très sévère sur la réforme. Pour rappel, la réforme de la haute fonction publique voulue par Emmanuel Macron remplace les grands corps de l’Etat par un corps unique des administrateurs de l’Etat. L’objectif est de diversifier les carrières et les profils des hauts fonctionnaires. Pour simplifier, un  préfet pourrait devenir diplomate et finir inspecteur des impôts. Le but ? Éviter l’entre-soi. À cela réagit André Vallini : « Cette réforme est inutile car l’administration est déjà très ouverte. On est loin d’être dans l’entre-soi ». Il poursuit « On va se priver de l’expertise et de l’expérience de diplomates professionnels et nommer à des postes importants des gens qui n’ont rien à voir avec la diplomatie ».

 

propositions du rapport des sénateurs sur la réforme du corps diplomatique

 

Les sénateurs proposent 8 recommandations … dont la suspension de la réforme

Dans un contexte trouble pour les Affaires étrangères, les sénateurs de la mission estiment qu’il n’est pas judicieux de bouleverser l’ordre établi. En premier lieu, ils recommandent de surprendre la réforme, afin de revoir ses propositions et de remettre les choses à plat.

Parmi les propositions qui ressortent particulièrement, le rapport recommande notamment de poser comme condition pour devenir chef de mission diplomatique « d’avoir exercé pendant au moins trois ans des fonctions de numéro deux de mission diplomatique » - une exception pour 20% des postes d’ambassadeurs pourrait toutefois être prévue.

Autre garde-fou recommandé : un droit de regard des parlementaires français sur la nomination des ambassadeurs au sein de grandes institutions internationales telles que le G20.

 

 

Catherine Colonna prend acte des recommandations

Dans la foulée de la conférence de presse présentant le rapport, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, était auditionnée par la commission des Affaires étrangères et des Forces armées. Étant donnée la proximité temporelle des deux évènements, la ministre n’a pas fait de réponse détaillée mais a expliqué qu’elle et son cabinet prenaient note de ce rapport et de ses recommandations. Catherine Colonna a cependant réfuté la singularisation de la France et la fin des métiers de carrières décriées par les diplomates. « Il faut expliquer mieux la réforme et ce qu’elle représente comme opportunités », conclut Catherine Colonna.

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