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Arnaques sur Facebook : quand les expatriés et leurs proches sont pris pour cibles

Des arnaques sur Facebook pour les expatriésDes arnaques sur Facebook pour les expatriés
Écrit par Jérémy Coyer
Publié le 5 mars 2023, mis à jour le 6 février 2024

De nombreuses personnes rejoignent des groupes français à l'étranger sur Facebook. Certains profils cachent pourtant des individus sans scrupules qui n'hésitent pas à extorquer les expatriés ou leurs proches. 

 

Grâce aux réseaux sociaux, les Français expatriés peuvent entrer en contact avec d'autres personnes partageant la même expérience. Ainsi sur Facebook, des centaines de groupes existent dans de nombreux pays : “Les Français au Canada”, “Les Français en Australie”, “Les Français au Japon”, “Les Français au Brésil”.... On tombe aisément sur des posts d’expatriés qui demandent des conseils, donnent rendez-vous ou vendent un véhicule - moyen très répandu en Australie pour les vans notamment. Toutefois, parmi le flux de posts publiés quotidiennement sur ces groupes, certains dénoncent et alertent de pratiques trompeuses allant jusqu’à l’arnaque.

 

“Attention à vous les gars”, “Ils ont contacté toute ma famille”, “Ma mère a subi une tentative d’arnaque”, ainsi débutent la plupart des posts de nombreux expatriés publiés sur le groupe “Les Français en Australie” qui ont subi une tentative d’escroquerie. Les arnaqueurs, derrière leur écran, épluchent régulièrement les publications sur ce groupe et décident de se faire passer pour l’expatrié auprès de sa famille pour gagner leur confiance. Les techniques utilisées sont très souvent les mêmes.

 

Des expatriés victimes d'usurpation d'identité 

L’usurpateur crée un nouveau profil Facebook qui ressemble minutieusement à celui de la personne choisie. Puis, il demande comme amis tous les membres de la famille. C'est alors que l'attaque survient. L’arnaqueur - sous sa fausse nouvelle identité - explique par message instantané qu’il rencontre de graves problèmes sur place et qu’il a besoin d’aide. La plupart des proches comprennent rapidement qu’il s’agit d’une arnaque, mais d’autres, inquiets et paniqués, tombent dans le panneau et le piège se referme sur eux. Leur imagination et leur culot ne connaissent pas de limites. Ils vont jusqu’à prétendre avoir des problèmes de santé ou avec la justice. Peu importe le sujet, ils cherchent à ce que la famille envoie de l'argent, et rapidement. “Peux-tu aller dans un bureau de tabac ? Il faut que tu achètes des tickets (type NeoSurf ou TransCash, permettant de payer en ligne de manière sécurisée et anonyme, NDLR) et après, tu me donnes le code d’activation.” Une fois les tickets achetés, la famille manipulée communique un code à l’arnaqueur qui lui permet de récupérer l’argent sans difficulté.

Bien sûr, aucun moyen pour la famille de revoir l’argent et encore moins de retrouver l’usurpateur qui ne laisse aucune trace de son identité grâce à l’anonymat de ce type de transfert d’argent.

 

Il y a carrément quelqu'un qui a appelé toute ma famille via WhatsApp avec un numéro et ma photo de profil Facebook en demandant de l'argent !

 

La distance et le décalage horaire, meilleurs alliés des escrocs

Les groupes Facebook de Français expatriés les plus touchés sont généralement ceux des pays les plus éloignés de l’Hexagone. Le décalage horaire y est plus important et la communication avec leur proche plus difficile. Sans vérification approfondie, les parents pensent que la situation d’urgence est réelle et ils agissent avec précipitation. Face à la recrudescence de ces méfaits, les internautes expatriés sensibilisent à travers leurs posts. Chacun explique son expérience - souvent comparable - et les commentaires se multiplient.

 

“Il y a carrément quelqu'un qui a appelé toute ma famille via WhatsApp avec un numéro et ma photo de profil Facebook en demandant de l'argent ! En plus, ils font ça, bien sûr, quand on dort. Faites attention. C'est bien lié à ce groupe, car c'est ici que j'ai parlé de ma cheville. Ce sont des fous !”, postait une backpacker française en Australie en janvier 2021 sur le groupe “Les Français en Australie”. Avec cette publication, elle a ajouté des captures d’écran des échanges entre l’arnaqueur et sa famille. Les commentaires sous le post ont été très nombreux, avoisinant la centaine.

 

Quelques mois plus tard, un autre expatrié explique ce qu’il a subi : “Pour les autres, attention ! Un ou des utilisateurs malveillants dupliquent votre compte et ajoutent en ami vos proches afin de leur demander de l'argent. Je suppose que ça vient d'ici, car c'est le seul groupe français à l'étranger sur lequel je suis actif, les messages ont été envoyés en expliquant que j'avais plus d'argent à l'étranger”. La publication, datée de novembre 2022, a, elle aussi, grandement fait réagir : “J’ai eu la même chose hier soir suite à un post sur ce groupe. Création de quatre comptes Facebook en mon nom avec les mêmes photos que moi pour soutirer de l’argent à mes proches”.

 

Des arnaques envers les expatriés

 

 

Les expatriés des victimes faciles pour les cyber-arnaques ? 

De nombreuses arnaques touchent les Français expatriés, qu'ils soient au Brésil, au Japon, en Argentine ou dans d'autres pays. Elles fleurissent notamment lors d'achats onéreux comme celui d'un véhicule. Il y a de nombreuses annonces mensongères publiées sur des sites d'annonces entre particuliers.

 

L’une des plus récurrentes est la fausse annonce d’emploi. Les scammers publient une annonce pour un emploi en ferme, en restauration ou dans les travaux : “J’ai failli me faire avoir avec cette offre”, commente une internaute française au Brésil. L’annonce demandait aux candidats de transmettre des informations précises sur leur identité. Nom, prénom, âge, pièces d’identité, etc. Encore une fois, le but est d’usurper leur identité.

 

Pire encore, des Français tombent dans les filets d’arnaqueurs avant même d’avoir quitté le pays. Ils prétendent être des agents des services de l’immigration. “J'aurais besoin d'un avis : cet organisme m'a contacté pour que j'obtienne mon PVT plus vite, grosse arnaque, on est d'accord ?”, s’interroge une Française sur le groupe “Les Français au Canada” en septembre dernier. Sans trop attendre, les commentaires se suivent : “Avec une adresse pareille, c’est une arnaque” ou encore “Le seul endroit pour obtenir ton PVT c'est EIC tout simplement et l'inscription est gratuite”, ajoute un autre. 

 

Les conseils contre les arnaques pour les expatriés

 

Comment se protéger face aux arnaques sur les réseaux sociaux ? 

Le créateur du groupe “Les Français en Australie” ne connaît que trop bien ces arnaques qu’il voit défiler au fil des mois. Malgré les filtres qu’il applique comme un questionnaire pour entrer dans le groupe, il ne peut guère limiter l’arrivée de scammers - escrocs en anglais - sur le groupe : “Je vérifie une par une chaque demande pour rejoindre le groupe. Il y a plus de 74.000 membres et je filtre avec des questions, etc, détaille le créateur du groupe, toutes les heures, j’empêche des dizaines de scammers d’entrer dans le groupe et si l’un d’entre eux réussit à passer, il est très vite repéré et banni”.

 

Il en appelle à la prudence des internautes : “À chaque fois, c'est la même chose. Les membres du groupe ne verrouillent rien sur leur profil. Il est préférable de tout mettre en privé, ainsi les escrocs ne sont pas en mesure de trouver qui est la famille", ajoute-t-il. “Sur Facebook, il y a beaucoup de choses ouvertes par défaut et visibles par tous : liste d’amis, préférences comme les séries TV ou événements. Beaucoup d’informations qui permettent aux personnes de savoir qui tu es, où tu es, sans te connaître”.

 

L’ancien backpacker en Australie veut aussi sensibiliser sur l'hameçonnage - moyen utilisé par les fraudeurs pour obtenir des renseignements personnels dans le but de perpétrer une usurpation d'identité - avec des techniques toutes simples : “Évitez de mettre votre numéro de téléphone qu’avec des chiffres. Par exemple, remplacez le 1 par un I ou alors le 0 par un O. Vous protégerez mieux vos informations personnelles”.

 

Les expatriés commencent à comprendre les techniques utilisées et se protègent, eux et leurs proches, en raison du flux important de messages sur le groupe “Les Français en Australie” depuis plusieurs années. Ils instaurent des codes, des phrases à utiliser afin d’être sûr qu’il n’y ait pas d’usurpation.