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Etudiants et chercheurs étrangers en France : une équation insoluble ?  

Des étudiants et chercheurs étrangers en France et le #EtudierestimpérieuxDes étudiants et chercheurs étrangers en France et le #Etudierestimpérieux
Écrit par Thibault Segalard
Publié le 4 août 2021, mis à jour le 5 août 2021

Des milliers d'étudiants et chercheurs étrangers acceptés en université ou venant travailler dans des instituts de recherche, ne peuvent toujours pas se rendre en France en raison des mesures sanitaires. Après plusieurs mois d'incompréhension et d’imbroglio, des solutions sont envisagées mais seront-elles mises en place à temps pour la rentrée ?

 

La France a fermé ses portes depuis plusieurs mois, aux étudiants et chercheurs étrangers venant de pays classés en zone "rouge". Beaucoup de personnes se sont alors retrouvées dans l'impossibilité de rejoindre l'Hexagone, elles qui y avaient des projets de vie ou d'études. Originaires du Congo, de Colombie ou encore du Brésil, ces étudiants et chercheurs avaient reçu des bourses dans des universités françaises ou des offres d'emploi. Ils vivent, depuis plusieurs mois, dans l'angoisse et le stress et ne savent toujours pas s'ils pourront rejoindre l'Hexagone à la rentrée prochaine. Pour attirer l'attention des autorités françaises, ils se sont ralliés sur les réseaux sociaux, sous le hashtag : #Etudierestimperieux

 

#Etudierestimperieux, la colère gronde sur les réseaux

Pour faire face à la décision de la France de retirer de la liste des déplacements dits «impérieux» les déplacements vers la France des chercheurs et étudiants, un étudiant brésilien, Augusto Diaz, a décidé de lancer sur les réseaux sociaux, un mouvement nommé #Etudierestimpérieux.

 

«On était dans un état de stress permanent, donc j’ai décidé, avec d’autres étudiants ou personnes dans ma situation d’attirer l’attention des autorités françaises via twitter », nous explique Augusto Diaz, le créateur du mouvement, «petit à petit, notre groupe a pris de l’ampleur et des actions similaires ont vu le jour dans plusieurs autres pays».

 

Cette émulation sur internet mais aussi la mobilisation de parlementaires des Français de l’étranger a permis à ces étudiants ou professionnels d’espérer à une solution prochaine. «Nous avons obtenu, notamment grâce à l’aide de la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam, une réponse des ambassades françaises dans nos pays, qui nous expliquent que ceux vaccinés ou partiellement vaccinés pourront rentrer en France via un protocole sanitaire d’accueil spécifique. Mais à 1 mois de la rentrée, nous craignons de voir la situation s’éterniser et que certains étudiants perdent leurs bourses » nous confie le Brésilien.

 

Alors pourquoi choisir d’exclure les étudiants étrangers, eux qui en plus d’être des représentants de la France dans leur pays, permettent de faire avancer la recherche ou de créer de l’emploi là où il manque ? Selon, Hélène Conway-Mouret, sénatrice PS des Français établis hors de France, cette décision d’écarter les étudiants, est une « tentative par le gouvernement de limiter l’immigration légale, comme en 2011 avec la circulaire Guéant ».

 

Quelles solutions sont envisagées ?

Dans les pays classés sur la «liste rouge », la majeure partie de la population se voit inoculer des vaccins non homologués par la France, comme le Sinovac. D’autres sont même parfois dans l’incapacité de se faire vacciner. «Je ne suis pas encore immunisé, car la vaccination n’est pas encore autorisée pour notre tranche d’âge au Brésil», nous avoue Augusto.

 

Alors quid de ceux qui sont vaccinés avec des vaccins non reconnus par la France ? Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice LR des Français établis hors de France, réclame pour eux, un «test sérologique à l’arrivée sur le territoire» ou même «l’injection d’une troisième dose par un vaccin reconnu» à leur arrivée dans l’Hexagone. Un isolement pourrait également être envisagé comme nous l’avance Augusto, «nous pourrions également nous confiner 10-15 jours à notre arrivée sur le territoire, en plus d’un test sérologique, les risques de contaminations seraient vraiment minimes». Pour l’instant, aucune précision n’a été réellement apportée, mais la sénatrice nous affirme qu’un communiqué officiel devrait bientôt être mis en ligne, quand toutes les questions et tous les protocoles sanitaires seront définitivement décidés.

 

 

Des compétences et une intelligence nécessaires à la France

«C’est une chance pour les étudiants français de côtoyer et rencontrer leurs homologues étrangers» affirme la sénatrice Garriaud-Maylam. Comme le sport ou la culture, l’enseignement à la française est devenu un outil de «soft power». Les échanges interculturels et de compétences grâce notamment à la qualité de nos universités et de nos écoles - la France possède 8 universités dans le top 150 mondial du classement de l’Academic Ranking of World Universities en 2021-, permettent à la France d’accroitre son influence et celle de la francophonie dans le monde.

 

La sénatrice Hélène Conway-Mouret insiste aussi sur le fait que la France a besoin «de recherche, d’innovation ». « La présence d’étudiants étrangers dans une université est très bénéfique à tous les points de vue », souligne-t-elle. Le gouvernement souhaitait d'ailleurs faire venir de nombreux talents internationaux de la Tech avec un plan ambitieux que nous avait dévoilé Franck Riester. Une chance qui risque pourtant de tourner court pour ces quelque 8000 étudiants et chercheurs étrangers qui, sans action rapide, ne savent pas où ils seront à la rentrée prochaine.