Elle est artiste mais pas que. Elle est guide touristique mais pas trop. Chroniqueuse pour la radio, aussi. Et puis, elle peint, elle dessine, elle invente des histoires. C'est surtout ça, d'ailleurs, qu'elle fait : inventer des histoires. Pour les grands, les petits, les moyens. Pour ceux qui s'en moquent et ceux que ça intéresse. Elle aime tellement qu'on lui en raconte qu'elle crée des histoires à partir de tous les petits bouts de récits qu'on veut bien lui raconter de ci de là. « Je butine et un jour quelque chose vient à pousser. Si je réfléchis trop, ça ne vient pas » dit-elle, pour expliquer en quoi consiste son processus de création.
Un parcours riche
Eléonore Nicolas a débarqué à Dublin il y a plus de 15 ans, après une prépa artistique à Brighton, en Angleterre. De là, direction le NCAD (National College of Arts and Design), autrement dit les Beaux-Arts de Dublin, situés sur Thomas Street. Halte à Copenhague le temps d'une année, et puis après une thèse consacrée à l'artiste iranienne Shirin Neshat, ça ne suffisait pas encore. Alors rebelote, cap sur Paris où la jeune diplômée entreprend une licence d'anthropologie à l'Université de Nanterre. Car les humains, ça la passionne, ça l'émeut, ça l'intéresse. C'est d'eux que va découler tout son travail, elle le sait.
Originaire de Soissons dans l'Aisne, Eléonore Nicolas s'est construite au carrefour de plusieurs passions : les gens bien-sûr, mais aussi leur façon d'appréhender l'altérité, et de se réconcilier avec ce qu'ils ont perdu. « Je crois que ce que j'aime le plus, c'est mettre des pansements sur les choses, rafistoler ce qui est cassé ».
« Il s'agit que les gens apprennent des choses sans même s'en rendre compte »
Rêvant d'être au plus près des humains, c'est tout naturellement qu'elle s'est portée volontaire pour être guide francophone en Irlande il y a de ça quelques années. Alors à bord de son bus touristique, elle sillonne son pays d'adoption et profite de ces tours pour faire son show. Car pour elle, un tour c'est peu comme un spectacle : on doit y apprendre des choses tout en se marrant. Fine connaisseuse du pays vert émeraude, c'est à travers de multiples anecdotes qu'elle révèle à ses groupes bien des secrets sur l'Irlande.
Dans cette continuité, Eléonore Nicolas vient tout juste de sortir un tout petit livre, « Tour(be) d'Irlande », où elle détaille avec humour l'histoire de la tourbe et de quoi elle est faite. Pour appuyer son propos, bien plus drôle que les livres éducatifs classiques, elle s'est servi de sa casquette d'artiste, et a illustré elle-même à l'aquarelle le petit livre pédagogique. Pour elle, que ce soit pour ses tours ou pour son livre, il s'agit que les gens « apprennent des choses sans même s'en rendre compte ».
Elle s'est aussi consacrée, il y a quelques années, à des ateliers dédiés aux enfants des centres sociaux éducatifs de Dublin. Lors de ces rencontres, Eléonore s'est laissée porter par le parler dublinois, que des enfants d'une dizaine d'années lui enseignaient. « J'étais censée animer mais je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'ils me disaient. Alors j'ai décidé d'inverser les rôles et ça a marché ». C'est ainsi que plusieurs « cours » ont été organisés et filmés au sein du centre, durant lesquels les jeunes enfants ont littéralement appris aux adultes comment parler le dublinois.
Pour ce qui est de la suite, Eléonore penche vers les spectacles. Après « Madam » et « A Spoonful of Silence », ses deux premières créations scéniques, l'artiste aimerait poursuivre son lot de shows interactifs, afin « d'inviter les gens à être exactement là où ils doivent être, et les inciter à vivre pleinement le moment présent ».
Pour plus d'infos sur Eléonore Nicolas : http://www.eleonorenicolas.com/
Alice Brulé Mori (www.lepetitjournal.com/dublin) mercredi 1er septembre 2016
Crédit Photos : Eléonore Nicolas.
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