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AVORTEMENT - Parole aux 'Pro-Life'

Katie FentonKatie Fenton
Écrit par Jean Dubas
Publié le 9 mai 2018, mis à jour le 9 mai 2018

Pro Life Campaign est une organisation fondée en 1992 qui défend les lois anti-avortement en Irlande. A l’approche du referendum sur l'abrogation du 8e amendement de la constitution irlandaise qui limite le droit à l'avortement, le 25 mai prochain, ses membres s’activent à la promotion du « Love Both » (aimer les deux) par le biais d’affiches, de flyers ou de porte-à-porte pour convaincre les Irlandais de ne pas abroger le huitième amendement qu’ils considèrent comme la dernière barrière constitutionnelle protégeant la vie du bébé. Cette semaine, nous avons rencontré Katie Fenton, 30 ans,  l’une des porte-parole de Pro Life Campaign, qui nous explique selon elle l’importance de cet amendement.

 

Lepetitjournal.com : Quand avez-vous rejoint Pro Life Campaign et qu’est-ce qui vous a motivé à le faire ?

 

Katie Fenton : En 2013, la législation a changé en Irlande avec le Protection of Life in Pregnancy Act (qui permet l’avortement en cas de danger pour la mère), j’ai donc commencé à me documenter, regarder des débats à la télé et c’est quelque chose qui me trottait dans l’esprit. Je me posais des questions et cherchais des gens capables d’y répondre, c’est comme ça que je me suis retrouvé chez Pro Life Campaign. Aujourd’hui, je travaille comme volontaire et donne de mon temps libre car je mène une carrière d’architecte à côté. Beaucoup de jeunes volontaires sont dans mon cas et c’est ce qui m’encourage à continuer car ce n’est pas toujours facile, on ne peut pas dire qu’on soit très populaires dans les médias ou dans l’opinion générale ces temps-ci.

 

Quelles sont vos missions au sein de l’organisation ?

 

En tant que porte-parole, j’interviens notamment pour prendre la parole dans différents médias. Avec le referendum en approche, mon plus gros challenge est de faire comprendre aux gens quel idéal de société nous voulons.

 

C’est à dire ?

 

Une société qui respecte et protège à la fois la mère et son bébé.

 

Pourquoi pensez-vous qu’il est important de ne pas abroger le huitième amendement ?

 

A l’heure actuelle, cet amendement est l’unique barrière constitutionnelle qui protège l’enfant à naître. Récemment, la Cour Suprême irlandaise a statué que si cette barrière tombait, il n’y aurait plus aucune protection pour le futur bébé. Si nous sommes assis à discuter en ce moment, c’est parce qu’on vous a donné le droit à la vie et c’est un droit dont tout humain devrait bénéficier. Les enfants à naître ne sont pas une exception puisque ce sont des humains. J’ai moi-même récemment découvert que j’étais enceinte depuis 15 semaines et au bout de 9 semaines, grâce à l’échographie, j’ai pu apercevoir le cœur de mon bébé battre, je l’ai senti bouger et c’est pourquoi je ne veux pas que cet amendement soit abrogé, ce bébé mérite de vivre comme tout autre humain.

 

Vous ou un membre de votre entourage avez déjà dû avoir recours à l’avortement ?

 

Je n’en connais aucun personnellement mais j’ai rencontré des gens, avec Pro Life Campaign, qui désiraient se rendre en Angleterre pour avorter et ont finalement changé d’avis. Il y’a beaucoup d’histoires comme celles-ci de couples qui sont revenus sur leur décision et sont très heureux aujourd’hui, le bébé a changé leur vie.

 

Comment avez-vous réagis à la mort de Savita Halappanavar (N.D.L.R:  Le pays a été beaucoup touché en octobre 2012, à la suite de la mort d'un jeune femme, Savita Halappanavar. Cette dernière avait fait une fausse couche après 4 mois de grossesses. Elle est décédé d'une septicémie car les médecins auraient refusé d'intervenir tant que le coeur du foetus battait encore) ?

 

C’est une histoire très triste mais c’est une période confuse. Quelques mois après sa mort, plusieurs enquêtes ont été menées et chacune a révélé que Savita était morte d’une Sepsis (infection du sang). Aucun médecin sur place ne l’a diagnostiquée jusqu’à ce qu’il soit trop tard et il est tragique que cette femme soit morte d’une négligence médicale basique, mais il est d’autant plus triste de voir aujourd’hui les campagnes « pro-choice » (contre le huitième amendement) utiliser la mort de cette femme comme un symbole.

 

Sans abroger cet amendement, comment peut-on assister une femme qui a eu « un accident », ou pire encore, a été victime d’un viol ?

 

En effet ce sont des cas très difficiles à traiter car c’est la pire chose qui puisse arriver à une femme. Je pense qu’il faut d’abord se pencher sur des lois pour punir ceux qui ont perpétué ces actes.

 

Et une fois ces actes perpétués ?

 

Les gens nous disent que l’avortement résoudra ce problème, pour moi ce n’est pas une solution sur le long-terme. Je pense que ce n’est pas parce que le bébé a été conçu dans cette situation qu’il ne mérite pas de vivre et nous ne savons pas combien de personnes venues au monde à la suite d’un viol nous croisons dans la rue tous les jours. Il y a par exemple l’histoire de cette irlandaise partie en Angleterre pour avorter à la suite d’un viol qui a ensuite expliqué ne pas avoir été soulagée par son avortement, sauf que ce n’est pas quelque chose dont parlent les médias. Le gouvernement devrait d’abord travailler sur l’aide psychologique avant de travailler sur l’avortement lié à ces situations.

 

''...les hommes doivent prendre part à ce débat''

 

Dans une interview précédente, Karl Callan, le réalisateur d’un court métrage incitant à voter pour l’abrogation du huitième amendement, nous a parlé de l’importance des hommes dans ce référendum. Selon vous, quel rôle doivent-ils jouer?

 

Je suis complètement d’accord avec Karl, les hommes doivent prendre part à ce débat car il faut être deux pour faire un enfant et le père a donc son mot à dire, il doit prendre la parole en faveur du droit à la vie du bébé. Au sein de Pro Life Campaign, par exemple, nous avons beaucoup d’hommes volontaires qui font du porte-à-porte pour parler de leur expérience ou de leur changement d’avis sur le sujet après avoir eu un bébé.

 

Pensez-vous tout de même que des modifications pourraient être apportées au huitième amendement pour des cas spécifiques tels que l’inceste ou une malformation du foetus ?

 

Je ne peux pas réciter cet amendement par cœur mais une chose est sûre, il considère la vie du bébé et celle de la mère comme égales et c’est ce qui compte car il permet une intervention médicale quand la mère en a besoin. Des centaines de milliers de vies ont été sauvées grâce à cet amendement comparé à d’autres pays qui autorisé l’avortement dans les années 70/80.

 

Les pays européens tels que la France devraient donc revenir sur les lois déjà en place ?

 

Bien sûr, et je pense même que l’Irlande pourrait être un modèle pour les autres pays en terme de droit à la vie.

 

Jean dubas
Publié le 9 mai 2018, mis à jour le 9 mai 2018

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