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VENEZUELA – La communauté vénézuélienne de Dublin se mobilise

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 26 juillet 2017, mis à jour le 28 juillet 2017

 

Le pays d'Amérique latine est entré dans une énième crise en prévision du vote de la prochaine constituante voulue par le président Nicolas Maduro. 48 heures de grève générale sont décrétées par l'opposition depuis mercredi. C'est l'occasion de revenir sur une rencontre avec la communauté vénézuélienne de Dublin en début de mois.

Des paysages verdoyants et des ressources naturelles en abondance, le Venezuela est dotée d'une riche bio-diversité et d'une quantité immense de matières premières. La Tierra de Gracia possèdent l'une des réserves de pétrole les importantes au monde. Le pays est confronté à une crise économique, politique et sociale. Un phénomène déjà présent sous la présidence d'Hugo Chavez - révolutionnaire « bolivarien » élu président de la République du Venezuela en 1999 - et accentué depuis son décés en 2014. Objet de la conférence organisée par VCI (Venezuela Community in Ireland) dans les locaux de Facebook à Dublin, mardi 4 juillet.

« Chaque matin, j'ai peur de regarder mon smartphone et d'avoir des mauvaises nouvelles. Tous les jours, nous travaillons ou nous étudions ici en Irlande mais notre esprit et notre c?ur sont là-bas. » Ces mots de la jeune avocate Angelisa Zerpa, membre de la VCI, soulignent parfaitement le sentiment partagé par la majorité de la communauté vénézuélienne de Dublin. Mais aussi, celui des expatriés de ce pays d'Amérique du Sud à travers le monde.

« Le Venezuela était un paradis, une terre promise », explique Xochilt Balzoza, membre de l'équipe de Facebook, par vidéoconférence. C'est aussi le regret énoncé par tous les citoyens vénézuéliens opposés au régime de Nicolas Maduro. A la mort de son prédécesseur en 2013, l'ancien syndicaliste devient président par intérim. Il accède officiellement au pouvoir lors des élections présidentielles le 14 avril (50,66% des voix). Depuis, la crise économique majeure que connaît le pays s'accentue, en partie due à la mauvaise gestion de l'or noir et à la chute du cours du Brut. Entre endettement et manque d'investissement, le pétrole a perdu de sa valeur.

Mais comment s'explique la crise économique ?

La détresse économique du pays se traduit aujourd'hui en véritable crise humanitaire. Les opposants au régime prennent les rues d'assaut pour crier leur liberté. Ils sont réprimés au quotidien par les autorités. Selon Francisco Marquez Lara, avocat et activiste politique vénézuélien, c'est « la première rébellion civile du XXIème siècle », et depuis 1958 [coup d'état contre le dictateur Marcos Perez Jimenez, NDLR]. Elle s'étend sur 24 États. Le diplômé d'Harvard compte 26 manifestations par jour.

Désormais, l'inflation s'élève à 720%. Mais, ce n'est pas la seule conséquence de la crise. Les citoyens vénézuéliens souffrent de la pénurie de nourriture et de médicaments, et de pauvreté (82% des ménages). Une famille sur deux mange désormais à partir des poubelles. D'après l'association Caritas, un enfant meurt de malnutrition toutes les 46 minutes en 2016.

Au Vénézuela, il manque 76% des traitements médicaux de base. Près des trois quarts du matériel médical et chirurgicale ont disparu. Les effectifs des employés ont été réduits de moitié. Depuis neuf mois, les patients greffés ou cancéreux n'ont pas reçu leurs soins. Malaria, Dengue, Zika, Chikungunya, ? de nombreuses maladies se répandent en toute liberté. 300 000 personnes se retrouvent menacées par le Sida en l'absence de préservatifs. 21% des nouveaux nés sont affectés.

Une forte répression

En 117 jours de manifestations, 100 personnes ont perdu la vie. Plus de 15 000 ont été blessées. Un bilan qui évolue toutes les 24 heures. La plupart des mis à terre sont des mineurs. Les violences policières ne cessent de s'intensifier. Lors de la conférence Human Rights in Venezuela : The Facts, Francisco Marquez montre une vidéo choquante : une vingtaine de policiers s'attaquent à un manifestant isolé, le rouent de coups et le traînent par le tee-shirt sur une dizaine de mètres. Pourtant, d'après l'article 68 de la Constitution vénézuélienne, il est interdit « l'utilisation d'armes à feu ou de substances toxiques pour contrôler une manifestation pacifiste ».

 

Francisco Marquez, ancien prisonnier du Gouvernement vénézuélien

Ce n'est pas le seul aspect constitutionnel ignoré par le Gouvernement. En mai 2016, l'opposition (Table de l'unité démocratique) victorieuse aux élections législatives réunit des millions de signatures en faveur d'un référendum afin de destituer Nicolas Maduro. Quelques mois plus tard, le scrutin est annulé par le CNE (Conseil national électoral). Les dirigeants du parti anti-chaviste sont même incarcérés.

En conséquence, le Parlement lance un procès contre le président pour le destituer de ses fonctions. Mais, en mars dernier, l'institution perd tous ses pouvoirs. La Cour suprême ? le tribunal le plus puissant du pays et institution dirigeante du pouvoir judiciaire ? s'octroie les compétences du pouvoir législatif. Une entorse qui n'a pas plu à Luisa Ortega. La procureure générale refuse de comparaître devant la Cour Suprême.

C'est le début d'une vague de manifestations de plus de 100 jours. Environ 383 activistes ou opposants politiques ont été emprisonnés. Derniers en date, 27 étudiants dans une université de Maracay.

Francisco Marquez faisait partie de ces prisonniers, il y a quelques mois. Pendant 121 jours, il a été incarcéré dans quatre prisons différentes et est devenu le témoin d'actes de torture. En 2014, 300 cas de torture étaient recensés au Venezuela.

La répression se fait également sentir au niveau médiatique. La politique du gouvernement repose sur la notion de représailles contre tout média qui rapporte la situation du pays. Chaîne de télévision, stations de radio, journaux papier, ? tous se censurent afin de protéger leur entreprise et leurs emplois. Selon le VCI, « le rôle de la diaspora vénézuélienne est de sensibiliser, informer et atteindre les autres communautés pour leur faire comprendre le quotidien du pays ».

Quelle est la mission de la VCI dans tout ça ?

La Venezuela Community in Ireland défend l'intégration de vénézuéliens dans la communauté irlandaise. Au-delà de promouvoir leurs valeurs et leurs traditions, elle cherche à sensibiliser sur la situation du Venezuela, notamment à travers des événements tels que la conférence chez Facebook. Elle réalise également des actions plus concrètes, comme l'envoi de médicaments ? difficile en dehors du cadre des ONG. Elle a même fait appel aux habitants de Dublin afin de collecter des antibiotiques. Pour l'un des représentants de la VCI, c'est un succès : « nous étions émus par l'incroyable soutien que nous avons reçu, nous avons réussi à remplir trois caisses de médicaments. L'une d'elles a déjà été envoyé aux « Green Helmets », une organisation de docteurs et d'étudiants en médecine qui offrent les premiers soins aux manifestants blessés ». En plus de cela, ils ont organisé une collecte de fonds le 18 juin, soit 3 323, 49 euros réunis.

Pendant deux heures, les intervenants se sont enchaînés, interrompus par des reportages. A commencer par une vidéo de Human Rights Watch [organisation non gouvernementale internationale qui se bat pour le respect de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, NDLR].

La seconde vidéo montre l'action des Green Helmets, équipe de soin d'urgence, au c?ur des manifestations. 

Pour la VCI, « cette crises est l'une des pires de l'Histoire ». Le plus pénible est de voir des membres de leur famille, des amis ou des connaissances parmi les victimes de cette crise. « Chaque Vénézuélien que vous rencontrez a une histoire à raconter, soit parce qu'ils ont été volés, kidnappés, qu'ils manquent de nourriture ou de médicaments », décrit un représentant de la communauté.

 

ONG agissant sur place auxquelles vous pouvez faire un don :

 

Pour plus d'informations :

https://www.facebook.com/VenezuelanCommunityIE/

Marie Boetti (http://www.lepetitjournal.com/dublin) Mercredi 26 juillet 2017

Crédit photo : Marie Boetti

logofbdublin
Publié le 26 juillet 2017, mis à jour le 28 juillet 2017

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