PLEIN FEUX SUR LE CINÉMA ARABE

Grande nouveauté de cette année, l’Alliance Française de Dubai a lancé un Cycle du Cinéma Arabe animé par Alejandra Val Cubero, Docteur en Sciences de l'information à l'Université Complutense de Madrid et professeur de communication qui propose des rendez-vous autour des cinémas arabes et du Moyen-Orient.

Ces rendez-vous s’articulent autour de conférences et de projections d’une sélection de films qui expliquent l'importance du cinéma en tant qu'indicateur de changement dans le monde arabo-musulman.

Rencontre avec Alejandra Val Cubero, une femme passionnée et passionnante.

Pourquoi un Cycle du Cinéma Arabe à l’Alliance Française ?

J’avais à cœur de valoriser et mettre en avant le cinéma arabe auprès du public francophone de Dubai. Nous résidons dans un pays arabe et musulman et avons cette chance de pouvoir voir sur grand écran des films arabes de qualité qui n’ont pas de visibilité en Europe car éclipsés par des réalisations Hollywoodiennes plus commerciales. L’objectif, à travers ces projections et conférences, est d’apporter des clefs de réflexion et de compréhension sur le monde qui nous entoure, sur le monde arabe en particulier. C’est aussi l’occasion de découvrir une façon différente d’aborder le cinéma, de connaitre le passé grâce aux pionniers du genre pour comprendre le présent à travers une jeune génération qui émerge et réalise des choses formidables qui parlent à tous, quelle que soit son origine.

Quel diagnostic porter sur le cinéma dans le monde arabe aujourd'hui ?

C’est un cinéma en pleine ébullition qui connait de profonds bouleversements avec l’émergence d’une nouvelle vague de jeunes réalisateurs de talents. Les cinématographies arabes se libèrent et s’imposent en remportant de grands prix lors des Festivals internationaux. Exemple le plus récent, il y a deux jours « The Nile Hilton Incident » (Le Caire Confidentiel) du réalisateur suédois-égyptien Tarik Saleh a remporté La Espiga de Oro (l’équivalent de la Palme d’Or) lors de la 62eme Semaine Internationale du Cinéma à Valladolid. Un thriller noir sur les abymes de l’Egypte remarquablement réussi.

Que manque-t-il au cinéma arabe pour qu’il prospère davantage dans le monde ?

Plus de financement et de distribution à l'intérieur et à l'extérieur du monde arabe. La visibilité du cinéma arabe dans le monde est trop faible, il mérite pourtant d’être mieux connu. C’est frustrant de constater que de nombreuses productions de qualité ont du mal à sortir de leurs frontières et à s’imposer au sein même de leur région, malgré une récente présence remarquée lors des festivals internationaux.

Pensez-vous qu’on puisse définir « un » cinéma arabe, avec des points communs, une dynamique commune ?

Ce serait réducteur ! De la même manière que le monde arabe n'est pas monolithique et se compose de diverses communautés, langues et traditions, son cinéma est le reflet de cette richesse et ses films diffèrent par leur style, leur forme et leur traitement, bien qu'il y ait des thèmes récurrents.

« Il n’y a pas UN cinéma arabe mais DES cinémas arabes »

En Tunisie, il y a Moufida Tlatli, cinéaste de talent qui a réalisé « La Saison des hommes » ou encore «Les Silences du Palais ». C’est ce film qui est programmé pour notre prochain rendez-vous du Cycle du Cinéma arabe, le 14 novembre.

Vous l’aurez compris, le Cycle du Cinéma Arabe proposé par l’Alliance Française offre un voyage à travers quatre long-métrages. Tunisie, Iran, Liban et pour finir les Emirats Arabes Unis, quatre cinéastes partagent leur regard sur le monde qui les entoure. Plus qu'une invitation au voyage, cette série est une ode à la pluralité du cinéma arabe.

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Propos recueillis par Sofia BENJELLOUN AMRI (lepetitjournal.com/dubaï)