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3A0 PATRIMOINE - Quelles explications rationnelles à la correction boursière actuelle ?

Écrit par Lepetitjournal Dubai
Publié le 16 février 2016, mis à jour le 9 février 2018

Nous l’analysons comme étant la conjonction de plusieurs facteurs, à savoir :

1/ Le ralentissement économique en Chine et tout particulièrement l’activité manufacturière qui dure depuis 3 ans. 

  • Le pays vit une mutation structurelle en souhaitant passer d’une économie plus tirée par la demande domestique et le secteur des services, ce dernier représentant désormais plus de 50% du PIB chinois.
  • Les fluctuations des taux de change du yuan chinois ont incité les investisseurs à penser que la Chine misait sur une dévaluation compétitive pour relancer son appareil industriel alors que ceux-ci s’inscrivent plutôt dans une logique de libéralisation progressive des marchés de capitaux.

Notre avis :

L’économie chinoise ralentit certes mais les autorités chinoises sont déterminées à doubler la richesse nationale entre 2010 et 2020, ce qui implique une trajectoire de croissance de 6,5%/an.

2/ La poursuite du plongeon du prix du pétrole 

Passant de 107$ en juin 2014, à un prix moyen de 54$ en 2015, puis à moins de 30$ en janvier le prix du baril de pétrole a chuté de plus de 70% en 18 mois

Pour quelles raisons ?

Une baisse de la demande, notamment chinoise, et une sur offre de 3Millions de barils/jour provoquée par la production américaine, le retour de l’Iran et une volonté non dissimulée de l’Arabie Saoudite de faire mourir ses concurrents pour maintenir ses parts de marché.

Attention !

La baisse du prix du pétrole est considérée comme un choc de croissance pour les pays producteurs et un choc déflationniste pour le reste du monde que les banques centrales veulent à tous prix éviter.

Cette chute du prix du pétrole déstabilise les marchés car :

  • elle peut induire un risque de défaut de pays producteurs (Vénézuéla, Nigéria), et des sociétés d’extraction pétrolières américaines,
  • et alimenter la vente d’actifs détenus par les grands fonds souverains de ces pays producteurs privés de revenus pour compenser l’équilibre budgétaire. 

A ce titre, l’Arabie saoudite a prévu un prix moyen de 26$ en 2016 alors que son budget nécessite un prix du pétrole à 70$ environ.

Notre avis :

Nous pensons que le niveau très faible du prix du baril devrait enfin être perçu à juste titre comme un choc positif pour la croissance économique, principalement européenne et à la marge américaine, grosse consommatrice d’énergie.

3/ La persistance d’une inflation trop basse :

Malgré les injections massives et historiques de liquidité des banques centrales à travers le monde (plus de 5.000 Mds US$), les prix à la consommation n’arrivent toujours pas à repartir à la hausse et les investisseurs commencent à douter de l’efficacité de ces soutiens monétaires exceptionnels. 

Or une inflation trop basse complique le désendettement de nombreux pays qui a atteint des niveaux historiques, notamment en réduisant les rentrées fiscales.

4/ La croissance mondiale pour 2016 est revue à la baisse par le FMI en passant de +3,8% à +3,4%, après avoir intégré les facteurs de risque évoqués précédemment, auxquels s’ajoutent la hausse des taux directeurs aux Etats-Unis et la montée des risques géopolitiques.

Notre avis : 

Au final, il s’agit d’un ajustement relativement faible. Rappelons que la croissance mondiale a été de +3,1% en 2015.

5/ L’économie américaine :

Tout comme la Chine, on assiste à une dégradation des indicateurs manufacturiers, la hausse du dollar pouvant l’expliquer. 

Cependant, le secteur des services reste très dynamique, au plus haut depuis 10 ans. L’économie US continue de créer des emplois à un rythme supérieur de 200.000/mois. 

  • Avec un chômage qui baisse, le risque est de voir une inflation des coûts salariaux.
  • Mais la Fed prévoit une croissance de 2,3-2,5% en 2016, après 2,5% réalisé en 2015 et de rester prudente dans sa normalisation monétaire c'est-à-dire dans sa volonté de remonter les taux.

6/ La Zone Euro :

la croissance y est en légère progression, bénéficiant toujours d’une configuration favorable (taux d’intérêt bas, Euro faible et prix du pétrole bas). 

  • Nous sommes dans l’attente d’une hausse des investissements liée à une amélioration de la confiance et à des conditions de crédit exceptionnelles. 
  • Les entreprises en zone euro n’ont par ailleurs jamais autant créé d’emplois depuis 4 ans.
  • Le FMI table sur un PIB en hausse de 1,7% en 2016 après 1,5% en 2015.

7/ une déception des marchés financiers après des annonces de la BCE en décembre jugées insuffisantes.

La raison ?

  • La volonté de ne pas gêner la Fed (banque centrale américaine) qui s’apprêtait alors à relever ses taux d’intérêt,
  • ne pas stimuler une nouvelle dépréciation de l’euro défavorable à l’économie américaine.

Perspectives pour 2016 après la correction boursière du début d’année

Notre avis : 

Sans sous-estimer le danger de ces facteurs de risque, dont la concomitance et l’interaction alimentent le pessimisme, l’anxiété des investisseurs et la volatilité des marchés, nous considérons que les réactions des marchés sont exagérées et encore aujourd’hui déconnectées des fondamentaux économiques.

Quelle stratégie d’investissement ?

Après la brutalité du mouvement de début d’année, nous sommes dans une phase de digestion au terme de laquelle plusieurs forces contraires vont continuer de s’opposer.

Nous privilégions dans un premier temps l’hypothèse d’une reconnexion partielle des marchés avec les fondamentaux, les résultats des entreprises en Europe, l’action ajustée de la BCE et  l’observation des prochaines données économiques qui contribueront à un éventuel changement de point de vue.

Nous privilégions :

  • une exposition relativement importante au risque actions,
  • une pondération géographique au profit de la zone euro,
  • les valeurs liées à la consommation domestique .

Ces valeurs devraient profiter d’une visibilité favorable de la croissance de la zone, d’une valorisation relative attractive, et de la désaffection des acteurs sur les pays émergents et sur les Etats-Unis, dont les profits devraient être de plus en plus sous pression.

  • Nous limitons l’exposition aux fonds obligataires en l’absence de 

rendement des obligations d’Etat.

Nous restons prêts à investir sur des fonds obligataires à haut rendement et de maturité courte dès lors que nous assisterons à une remontée des taux d’intérêt pour capter du revenu dans une période d’inflation très faible.

  • Nous sommes attentifs aux pays émergents (principalement les actions) mais nous pensons qu’il est un peu tôt pour y revenir en raison du contexte économique

 

CONTATC : Cédric MARC / 3AO PATRIMOINE/ cedric.marc@3aopatrimoine.com

(www.lepetitjournal.com/dubai) le 16 février 2016 

 

 

lepetitjournal.com Dubai
Publié le 16 février 2016, mis à jour le 9 février 2018

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