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Francesco Paolo Venier, Ambassadeur d’Italie au Sénégal

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Écrit par Irène Idrisse
Publié le 17 octobre 2017, mis à jour le 6 janvier 2021

À l’occasion de la XVII ème  édition de la semaine de la langue italienne dans le monde – semaine qui se déroule du 16 au 22 octobre  –  son Excellence, Francesco Paolo Venier, Ambassadeur d’Italie au Sénégal, nous a accordé un entretien. Homme de culture et d’écoute, il nous parle entre autre, de la semaine de la langue italienne dans le monde, de son métier, de son pays, de l’utilité effective de la valise diplomatique et nous livre certains de ses goûts, notamment en matière de peinture, musique et cinéma.

Lors de la fête nationale italienne à Dakar, vous avez parlé d’un lien fort reliant le Sénégal à l’Italie. En quoi consistent les  principaux axes de ce lien ?

C’est un lien historique. L’Italie est présente au Sénégal depuis l’Indépendance et a toujours  misé sur ce pays par sa tolérance, son ouverture et sa stabilité. Dans les années 80 on a débuté d’importants programmes de Coopération, que nous avons progressivement renforcés et actualisés selon les exigences du Sénégal, construisant un partenariat pour le développement. Au fil des années, d’autres éléments se sont ajoutés, comme la présence d’une importante diaspora, qui est très bien intégrée en Italie. Dakar est centrale et très influente dans la région de l’Afrique Occidentale et du Sahel, ce qui en fait un espace d’intérêt stratégique croissant pour l’Italie.

La préservation d’une langue n’est pas une question de visibilité 

Pourquoi « le Ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, l’Académie de la Crusca, sous le Haut Patronage du Président de la République » ont-t-ils jugé nécessaire l’instauration de « La semaine de langue italienne dans le monde » et de faire de ce rendez-vous une récurrence ? Est-ce une initiative visant à pallier à un manque de visibilité de la langue italienne et par extension, de ladite Italie ?

Je ne le pense pas. La préservation d’une langue n’est pas une question de visibilité. L’italien est une langue importante pour connaitre les arts,  on peut donner comme exemple la musique, pour connaitre l’histoire, on pense à la Renaissance. Et puis, aujourd’hui, l’italien est aussi une langue importante dans d’autres secteurs, par exemple dans les affaires, on pense à la mode, au design. Les personnes étudient l’italien. On compte des millions d’étudiants d’italien dans le monde. La langue est un moyen pour se rapprocher d’une culture qui, aujourd’hui, est devenue un mode de vie. Vivre à l’italienne, ça signifie aimer le beau, profiter des plaisirs de la vie, mais aussi connaitre et apprécier ce qu’a fait, et toujours fait, grande et renommée la production italienne dans le monde, une production qui est synonyme de qualité et d’un style de vie jugé inimitable.

Le cinéma est un plaisir, est un moyen social, ça implique d'être ensemble. Nous avons trouvé en Canal Olympia, un partenaire intéressé pour travailler avec nous 

Au Sénégal, quels sont les événements qui émailleront cette semaine susnommée « Semaine de la langue italienne » ?

Cette année, notre Gouvernement a choisi le cinéma. Nous proposons trois films actuels, sous-titrés en français, pour permettre au public sénégalais de mieux connaitre l’Italie et la société italienne. Les projections sont totalement gratuites. Le cinéma est un moteur extraordinaire de connaissance d’une société. Mais l’importance de notre projet va au-delà : nous avons voulu nous insérer dans la dynamique de la vie culturelle dakaroise, de la renaissance d’une forme essentielle de loisir. Le cinéma est un plaisir, est un moyen social, ça implique d'être ensemble, de s'immerger dans une histoire pour sortir et le commenter, ensemble, en discutant et en se confrontant. Avec cette initiative nous avons voulu donc nous insérer dans un programme de renaissance culturelle de Dakar. Nous avons trouvé en Canal Olympia un partenaire intéressé pour travailler avec nous.

L’Italie est un pays regorgeant d’Art sous toutes ses formes. Elle est notamment dotée  d’un immense patrimoine architectural. En la matière, quels sont les bâtiments, selon vous, incontournables pour qui a le souci de visiter – légalement s’entend   –  ce pays ?

On ne peut pas en designer un au détriment des autres. C’est simplement impossible. Notre conseil est plutôt de connaitre l’Italie à travers ses cités importantes bien sûr, mais aussi à travers les petits centres, se perdant dans une myriade de beautés qui, chacune à son mode, évoque une période historique, un style artistique, un rappel à des formes d’art, comme la cuisine, la découverte de traditions millénaires, en entrant en contact en même temps avec les innovations dans la production. C’est ça, l’Italie : l'art répandu, qui rappelle l'histoire et le devenir de la créativité et de la production de l'homme.

La nostalgie et le rappel de sa propre terre sont des sentiments très forts dans l’esprit italien 

 Vivre loin de votre pays a –t-il paradoxalement renforcé les liens vous unissant à celui-ci ou les a-t-il distendus ? En un mot, en ce qui vous concerne, plus on est éloigné de son pays plus on l’aime et s’y attache ou plus son cœur s’en éloigne t-il ?

La nostalgie et le rappel de sa propre terre sont des sentiments très forts dans l’esprit italien. Mais, hors de l’Italie, vivent, travaillent et se distinguent aujourd’hui, des dizaines de millions de personnes d’origine italienne. Cela n’aurait pas été le cas si nous n’étions pas un peuple animé de grande curiosité et de désir de connaissance, et si nous ne respections pas ce qui n’est pas de chez nous.

De quelle région d’Italie êtes-vous originaire ?

C’est difficile à dire. Je suis un mixte du Nord (Venise) et du Centre (Rome), né à l’extérieur, sur une terre très lointaine et très chère à l’Italie, l’Argentine.

 

Son-Excellence-l'Ambassadeur-d'Italie-au Sénégal-Francesco-Paolo-Venier

 

Aimez-vous les voyages et les contacts avec différentes cultures ?

Je n’aurai pas fait ce métier de diplomate si je n’étais pas comme cela.

Quel est le plus grand changement de paradigme dans vos habitus, vos différents  déplacements ont-ils provoqué chez vous ?

Je ne pense pas avoir changé en voyageant de par le monde. Disons que je reste curieux et respectueux, même si je pense toujours avec plaisir au jour où j’arrêterai de changer de poste et que je m’établirai quelque part.

Vous êtes Ambassadeur d’Italie au Sénégal. Ce qui nous amène à la question suivante : le métier d’Ambassadeur nécessite t-il un état d’esprit particulier ? Notamment une mise à distance de ses propres sentiments au profit d’une lecture froide et quasi scientifique des événements et enjeux ?

Oui, je pense que oui. La froideur et la scientificité aident à absorber la diversité.

… les responsabilités, comme souligné, sont grandes et les décisions à prendre parfois, ne sont pas faciles 

Que ressent-on lorsque pour la première fois, l’on est nommé « Ambassadeur de son pays » ? Littéralement, le fait de « représenter son pays » à l’étranger n’est-il pas là une charge tout d’abord terrifiante mais qui, au fil du temps et des affectations s’avère certainement  plus aisée à porter ?

Je considère qu’en faisant ce métier, le poids des responsabilités est toujours présent. Malheur à soi si ce n’était pas ainsi.

Est-il aisé d’être Ambassadeur ?

Oui et non. C'est un moyen très privilégié de connaissance des réalités qu’on est appelé à  vivre. En même temps, les responsabilités, comme souligné, sont grandes et les décisions à prendre parfois, ne sont pas faciles ; mais je pense que c’est pareil dans tous les métiers et les défis que la vie nous pose.

Selon vous, quelle est, ou quelles sont, les qualités sur lesquelles un Ambassadeur ne peut faire l’impasse ?

La flexibilité et la nécessité de regarder les choses sous divers angles, en s'identifiant à la position des interlocuteurs.

Ce métier est-il celui dont vous rêviez lorsque vous étiez enfant ?

Je confesse que je ne suis plus en mesure de me rappeler de quoi je rêvais quand j’étais petit...

Le Sénégal est-il votre première affectation en Afrique ? Si non, dans quels pays aviez vous été affecté auparavant ?

En République du Congo comme Ambassadeur et dans d’autres Pays, avec de différentes fonctions : au Guatemala, en Inde, en Indonésie et au Canada.

Comment faites vous pour vivre dans un environnement essentiellement francophone comme le Sénégal ?

J’avoue que cela ne me pose aucun problème.

Arrivez-vous à trouver ici de la gastronomie italienne à même de vous plaire ?

Disons qu’il y’a encore des petits pas à faire, mais nous sommes sur la bonne voie.

Pouvez-nous si possible, nous indiquer deux restaurants de la place où manger les pizzas ayant réellement des gouts de pizza à l’italienne ?

Je ne suis pas en mesure de faire de la publicité pour qui que ce soit ! Disons qu’il y a plusieurs endroits, tous agréables.

Les fromages italiens ne vous manquent-ils pas ?

Non, parce que je n’en mange pas. Mais à Dakar, on en trouve aussi.

Le mythe des valises diplomatiques… Finalement,  servent-elles également à transporter de la nourriture spécifique impossible à trouver dans le pays d’affectation ou sont-elles réservées à des choses bien plus importantes ? 

Pour ces deux choses, avec une prévalence évidemment au second aspect que vous mentionnez.

Si vous le voulez bien, nous  finirons l’interview proprement dite par trois questions majeures. La première question que tous ceux au fait se posent : Venise la belle va-t-elle effectivement devenir une « merveille sous les eaux » ?

Non, je ne le pense pas. Je suis optimiste et je crois que comme dans toute chose, même dans ce cas précis, la science et la technique viendront au secours.

Selon vous, qui est la femme représentée dans le fameux tableau de Léonard de Vinci : « La Joconde » ?

Cela reste un mystère, heureusement.

La troisième question : si cela ne relève pas du secret d’État, quels sont la raison et  sentiment  derrière l’énigmatique sourire de  Mona Lisa ?

Cela aussi reste un mystère. Les artistes italiens ont toujours été inspirés par le mystère.

 

Préférences italiennes :

Peintre italien préféré: Pas facile du tout, il faut choisir entre une dizaine de siècles d’art ! Pour commencer, Giotto, un Toscan du xiii siècle. Plus récemment, les exposants du mouvement des Futuristes, Balla, Boccioni, Carra’, Marinetti (1920 ca). Parmi les contemporains, Burri, Fontana, De Chirico.

Compositeur classique italien préféré : Tomaso Albinoni, un Vénitien du xvii siècle.

Titre de votre musique classique italienne préférée : L’Adagio

Actrice italienne préférée : Choix trop difficile, il y en a tellement !

Acteur italien préféré : Pareil

Film italien préféré : Choix presque impossible : un, entre des milliers : “C’eravamotanto amati”,  tourné par Ettore Scola en 1974

Compositeur de musique de film préféré (hormis Ennio Morricone) : Nino Rota, celui qui a composé  la plupart des bandes son des films de Federico Fellini.

Réalisateur italien (décédé) préféré : Federico Fellini

Réalisateur italien (vivant) préféré : Nanni Moretti

Scène de film italien préféré (hormis la scène de la fontaine de la « Dolce Vita » avec Mastroiani et Anita Ekberg) : Silvana Mangano, personnification magistrale des difficultés de l’Italie de l’après-guerre en « Riso Amaro », un film de Giuseppe De Santis tourné en 1949.

Votre expression idiomatique italienne préférée : Ciao !

 

 

Le programme des films italiens au cinéma :

http://www.ambdakar.esteri.it/ambasciata_dakar/fr/ambasciata/news/dall_ambasciata/2017/10/xvii-settimana-della-lingua-italiana.html

Publié le 17 octobre 2017, mis à jour le 6 janvier 2021

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