Hier matin, le directeur de notre journal a convoqué tout le monde en salle de réunion. Du balayeur au président comme chante Gérard Lenorman.
« Réunion d’urgence ! » a t-il lancé dans les enceintes de la salle de rédaction.
Je peux vous dire qu’il y avait de l’électricité dans l’air car il paraît que cela n’arrive jamais. Lui, il reste plutôt assis dans son fauteuil confortable, dans son bureau climatisé, à regarder la télévision quand il n’est pas au hammam, au bar ou au restaurant… C’est comme ça au petitjournal de Dakar… Le directeur, c'est le boss !
Enfin, ce que j’en dit, moi… C’est que je ne suis qu’un simple stagiaire, fraîchement débarqué de ma Normandie.
Toujours est-il que nous voici donc tous réunis (saufs les reporters de terrain, qui comme leur nom l’indique sont sur le terrain… Paraît-il), la tension est palpable, la salle empeste la sueur, cette sueur typique de la peur et du stress. Que veut-il donc ?
À l’ordre du jour, deux hashtags : #balancetonporc et #fakenews (#faussenouvelle - note du stagiaire) annonce le directeur, ce à quoi Raymond de la rubrique « Ou manger à Dakar » répond du tac au tac : « Hors de question que je balance mon sandwich aux rillettes ! »
Le dirlo, lui, nous a demandé, à partir d’aujourd’hui, de vérifier la véracité de nos écrits, ce à quoi Maurice, de la rubrique « Sport et loisirs » a rétorqué « Pourquoi tant de pression sur l’équipe de rédaction ? Nous avons déjà du réduire le temps de la sieste quotidienne ! C’est plus un travail, c’est le bagne lepetitjournal ! »
Bref, comme je le disais précédemment, moi, je ne suis que stagiaire, je suis là pour apprendre le métier.
Toujours est-il qu’à l’issue de cette réunion extraordinaire qui a quand même duré plus de quatre heures, il a été consigné les décisions suivantes :
- Désormais, la cantine du journal sera halal.
- La salle de la photocopieuse ne pourra accueillir qu’une personne à la fois.
- Lorsque ton nom apparaît sur les réseaux sociaux précédé ou suivi de #balancetonporc, réponds dés que possible par #fakenews.