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Eric Dubreuil - Hôtelier de la brousse

Écrit par Lepetitjournal Cotonou
Publié le 13 avril 2016, mis à jour le 8 septembre 2017

 

Eric Dubreuil est français, originaire de Champagne où il a travaillé dans le milieu viticole. Il est tombé amoureux du Bénin il y a une dizaine d'année et a décidé d'y revenir vivre et de faire découvrir ce pays qu'il aime tant aux touristes de passage dans son hôtel, à proximité d'Allada. Retrouvez son témoignage.

 

Lepetitjournal.com/Cotonou: Bonjour Eric, merci d'avoir accepté de répondre aux questions de Lepetitjournal.com/Cotonou, vous êtes français et vivez actuellement au Bénin, à une cinquantaine de kilomètre au Nord de Cotonou.

 

Eric Dubreuil : Bonjour c'est exact, j'habite en plein brousse dans la commune d'Allada.

 

Comment vous êtes-vous retrouvé au Bénin? En quelle année ?

 

Je suis arrivé au Bénin en 2007. J'étais dans le milieu viticole en France et je suis venu au Bénin vendre du vin avec un ami. Je suis venu découvrir le pays avec lui lors d'une de ses tournées clientèle. J'ai eu ensuite envie de revenir pour mieux apprendre à connaître le pays. J'avais pour idée première de me lancer dans l'organisation de circuits touristiques culturels pour aller à la rencontre des gens. Allada est le premier endroit où je suis allé avec mon collègue. Nous avons logé dans ce petit relais de chasse au milieu de la brousse et des collines qui s'appelait à l'époque « au petit gibier ». J'ai vraiment apprécié cet endroit.

 

A quel endroit résidez-vous exactement? Depuis combien de temps ?

 

Après avoir vécu en Champagne-Ardenne et en Bourgogne, je réside à présent dans cette petite commune d'Allada à côté d'un petit village appelé Govié depuis fin 2012 loin du tumulte de la ville de Cotonou. Ce qui n'est pas pour me déplaire.

 

Quelle est votre profession?

 

Je suis chef d'entreprise, Directeur Général du Royal Paradise Hôtel. Je n'avais jamais travaillé dans l'hôtellerie avant. C'est vraiment mon goût pour le contact humain et le fait de réfléchir sans cesse à la manière de satisfaire les gens qui m'ont fait découvrir et appréhender ce métier.

 

Vous vivez loin de la ville, en pleine brousse, comment se déroule la gestion quotidienne de votre activité?

 

C'est un peu compliqué car il faut aller à Cotonou toutes les semaines pour les approvisionnements en viande, poisson et épicerie fine pour les restaurant de l'hôtel ou pour les problèmes administratifs. Pour le reste, nous sommes en autonomie totale, car dans un site isolé, nous essayons de travailler le plus possible avec les producteurs locaux, notamment pour les produits de maraîchages et autres produits locaux. J'essaie de faire au maximum de l'éco-tourisme.

 

Quels sont les inconvénients et les avantages à mener cette vie et votre activité loin de la ville ?

 

Il y a plein d'avantages, notamment celui de vivre à l'air pur et au calme. C'est d'ailleurs notre principal argument de vente pour faire venir les gens de la ville ici. C'est toujours un plaisir d'accueillir du monde dans notre établissement et de leur faire découvrir la nature environnante et la vie dans les villages des environs. Il y a tout de même quelques inconvénients surtout en semaine, les soirées sont longues, car la nuit tombe vite et la solitude se fait parfois sentir. Il est vrai q'une présence féminine à mes côtés serait la bienvenue, avis aux amatrices (rire)

 

Avez-vous des liens particuliers avec les habitants des alentours ? Comment percevez-vous leur mode de vie ?

 

J'ai beaucoup de liens avec la population environnante que ce soit avec les autorités locales ou avec les villageois. Je vais souvent rendre visite aux chefs de village et de temps en temps au roi d'Allada. Lorsque l'on veut s'intégrer, il est obligatoire de connaître son environnement. Il y a beaucoup à apprendre des natifs de la région. Ils connaissent parfaitement leur environnement et vivent depuis des générations au milieu de la nature. Les rapports sont très courtois, voire même amicaux et j'essaie, en fonction de mes moyens de leur venir en aide. J'ai pris sous mon aile un petit orphelin de père mis au travail à l'âge de 4 an. Je l'ai inscrits à l'école en espérant que cela lui permettra de faire quelque chose dans la vie. J'ai aussi contribué à la construction d'une école maternelle. Avec mon équipe nous avons également traité une soixantaine d'enfants atteins de la teigne et fait une formation au coiffeur local sur la désinfection de son matériel afin d'éviter les épidémies de ce genre. J'ai encore pas mal de projet pour aider à la scolarisation des enfants car je pense que c'est une des solutions pour aider la génération à venir à s'en sortir.

La vie en brousse est assez compliquée. Les villages ne sont équipés ni en eau courante ni en électricité, mais malgré tout les gens sont très gentils et accueillants. Il n'est pas rare de partager un verre de sodabi en discutant de tout et de rien. La vie n'est pas compliqué et chaque instant passé avec les villageois est un grand moment de bonheur pour moi.

 

Allez-vous souvent en ville ?

 

J'y vais en moyenne une fois par semaine pour les approvisionnements ou pour me changer les idées. Je me suis inscris également à Cotonou Accueil et ça m'a permis de  pouvoir échanger avec des gens de milieux différents. C'est agréable de pouvoir de temps en temps discuter avec des personnes cultivées et d'échanger sur nos différentes expériences.

 

Avez-vous des anecdotes particulières sur votre quotidien dont vous souhaitez nous faire part ?

 

Ma vie est assez simple et rythmée par l'activité de l'hôtel. Je n'ai pas d'anecdotes particulières si ce n'est mes rencontres avec des personnes extraordinaires (je parle des clients de l'hôtel) qui ont tous des histoires intéressantes à raconter. Je ne connaissais pas le milieu des expatriés et j'ai été agréablement surpris par les qualités humaines des personnes rencontrées jusqu'ici.

Les meilleures anecdotes et les meilleurs moments sont souvent les plus simples. Que se soit le souvenir d'une bière partagée la nuit autours d'un petit feu de camp en essayant d'apprendre le fon avec quelques villageois ou se retrouver perdu en pleine brousse en essayant de trouver une piste qui n'existait pas et quand même arriver à avancer avec l'aide des villageois et de leurs machettes.

 

De manière plus générale comment percevez-vous le Bénin ? et ses habitants ? En comparaison peut-être avec d'autres pays africains si vous y avez vécu ?

 

Le Bénin est mon premier pays d'expatriation. Je commence à regretter de ne connaître d'autres pays car découvrir des cultures et des populations différentes est un enrichissement permanent.

Le Bénin est un pays fascinant. Il a un énorme potentiel de développement, surtout dans le domaine touristique, car c'est un pays extraordinairement riche tant au niveau culturel, qu'historique ou géographique ou au niveau de la gentillesse de la population.

Je ne connais pas trop la vie en ville et je ne pense pas que les gens qui y vivent soient à eux seuls le reflet de la société du pays. Il faut aller au cœur du pays pour se rendre vraiment compte de la valeur des gens. Allez n'importe où, dans n'importe quel petit village de brousse, si tant est que vous sachiez vous y prendre vous serrez toujours accueillis par des gens heureux et fiers de vous recevoir. Vous vous sentirez toujours en sécurité.

Il faut prendre le temps d'observer les paysages tous aussi différents d'une région à l'autre.

Le plus gros problème est que ce pays n'est pas assez connu à l'extérieur et je dirais même de ses propres habitants. Il y a un gros travail de communication à faire mais il y a plein de gens de bonne volonté qui sont prêts à se retrousser les manches.

Mon objectif ici est d'accueillir des groupes de touristes étrangers et de leur faire découvrir ce pays à travers son histoire, sa culture, et le mode de vie de ses habitants. Je propose des circuits à la journée sur plusieurs jours en essayant toujours de trouver des endroits pittoresques. J'ai en projet d'apprendre l'histoire de ce pays pour mieux la raconter et notamment l'histoire de Toussaint Louverture, personnage dont les racines sont encrées à Allada et qui malheureusement reste oublié de l'histoire.

 

Merci Eric pour cet entretien et bonne continuation dans votre entreprise.

 

Florence Bourreau (www.lepetitjournal.com/cotonou) jeudi 14 avril 2016

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Publié le 13 avril 2016, mis à jour le 8 septembre 2017

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