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Rencontre avec A. Le Foll, Directeur Mer du Nord et Russie de Total

Total Arnaud Le FollTotal Arnaud Le Foll
@Total
Écrit par Joëlle Borgida
Publié le 18 janvier 2021, mis à jour le 29 octobre 2021

Rencontre avec Arnaud Le Foll, nouveau Directeur Mer du Nord et Russie de Total, récemment arrivé au Danemark pour le Groupe. 

 

Quel a été votre parcours jusque Copenhague ?

Je suis entré dans le Groupe Total en janvier 2010 partageant l’envie avec mon épouse de vivre à l’étranger. De fait, depuis plus de 10 ans, nous avons été expatriés à Singapour, au Maroc, en Angola, à Moscou et maintenant à Copenhague. Chaque étape présentait un intérêt tout autant pour la destination que pour l’aspect professionnel. Le groupe Total se voit dorénavant comme une entreprise multi-énergies avec des activités sur tout le spectre énergétique, depuis l’exploration et production d’hydrocarbures jusqu’à l’installation de centrales solaires ou d’éoliennes en mer.

 Dans le groupe, il y a une multitude de métiers et de nombreux pays où agir ! 

J’ai commencé dans la distribution pétrolière, il s’agit des activités les plus connues du grand public en raison du réseau de stations-services. On y commercialise toute une gamme de produits pétroliers destinée aussi bien aux clients industriels qu’aux particuliers. A Singapour j’avais la responsabilité du développement des activités en Asie, puis au Maroc j’ai dirigé la filiale commerciale, et notamment son réseau de stations-services où vous pouviez vous approvisionner aussi bien en carburants et lubrifiants qu’en bouteilles de butane-propane. C’est vraiment l’aval de la chaine de valeur pétrolière. 

Ensuite, j’ai évolué vers l’amont, c’est-à-dire la partie exploration-production qui consiste en la recherche, le développement et l’exploitation de champs pétroliers et gaziers. C’est dans le cadre de ces activités que j’ai été en poste successivement en Angola, en Russie et puis maintenant ici à Copenhague. 

Depuis le siège régional de Copenhague, nous supervisons les activités du Groupe dans l’exploration-production pour la Mer du Nord (Danemark, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni) et la Russie. Une dizaine de personnes m’appuie à Copenhague pour piloter ces cinq pays. Au Danemark, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, Total est opérateur d’installations offshore (en mer). En Norvège et en Russie en revanche, nous avons des investissements importants dans lesquels nous sommes partenaires et qui sont opérés par des tiers. 

 

Pourriez-vous nous décrire la présence du Groupe Total au Danemark ?

La Mer du Nord est une région historiquement importante pour le Groupe ; nous y avons été l’une des compagnies pionnières et nous sommes présents depuis plusieurs décennies en Norvège, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.  En 2017, une opportunité s’est présentée pour le Groupe d’acquérir la société Maersk Oil&Gas, la filiale exploration-production du Groupe Maersk, bien connu dans le domaine du transport maritime.

Maersk Oil&Gas était un producteur d’hydrocarbure et de gaz avec une forte position au Danemark, via son siège à Copenhague mais aussi sa base opérationnelle située  à Esbjerg, sur la côte ouest du Jutland, pour couvrir le secteur danois de la Mer du Nord. Maersk avait été chargé par le gouvernement danois lors des premières découvertes en Mer du Nord dans les années 60 d’explorer, de développer et d’exploiter l’essentiel de la production danoise d’hydrocarbures, 90% actuellement. Maersk Oil&Gas s’était ensuite développé également à l’étranger comme en Algérie, en Angola et au Qatar. 

Donc, en 2017, quand Maersk a décidé de se séparer de cette filiale, le Groupe Total a estimé qu’il y avait de bonnes complémentarités avec Maersk Oil&Gas,  notamment en Mer du Nord. Total n’était pas encore présent au Danemark mais en revanche Maersk Oil&Gas avait des actifs importants en Norvège et au Royaume-Uni qui pouvaient renforcer les nôtres. 

C’était aussi une occasion de regrouper ces activités et de les gérer de façon plus efficace en dégageant des synergies sur l’ensemble de la zone Mer du Nord. Sans compter les complémentarités qui existaient par ailleurs en Algérie, en Angola. C’est ainsi que le groupe a acquis Maersk Oil&Gas en août 2017. Nous avons accueilli des collaborateurs de Maersk Oil&Gas qui avaient des compétences techniques très spécifiques, intéressantes pour le Groupe. 

 

Dans le cadre de cette intégration, un des engagements forts était de maintenir une présence significative à Copenhague malgré la nécessaire rationalisation des activités qu’il a pu y avoir. Le centre de compétence technique mondial pour l’offshore conventionnel s’est ainsi déplacé à Copenhague en accueillant de nombreux collaborateurs du Groupe. Dans le même temps, des anciens employés de Maersk Oil&Gas ont pu partir à Paris, Pau ou dans des filiales du Groupe dans le monde entier. Par ailleurs, l’état-major de la région Mer du Nord et Russie qui était auparavant à Londres a déménagé à Copenhague. C’est comme cela que l’équipe dont je suis en charge est installée à Copenhague. Il y a actuellement 200 collaborateurs du Groupe basés à Copenhague. Total est de ce fait un des investisseurs étrangers les plus importants au Danemark. 

 

Le groupe Total réoriente ses activités pour accompagner la transition énergétique et proposer des énergies plus vertes, pourriez-vous nous en dire un peu plus ? 

Le Groupe a défini 3 grandes ambitions à atteindre à l’horizon 2050 en ligne avec l’accord de Paris de 2015. Elles se déclinent de la façon suivante : 

 

- Atteindre le "net zéro" pour les productions que nous opérons dans le monde entier : c’est à dire avoir des émissions de gaz à effet de sphère globalement nulles, soit parce qu’elles ont été réduites ou réinjectées ou bien qu’elles aient été compensées. Cela représentera 40 millions de tonnes de CO2 équivalent par an qui devront être éliminés ou compensés d’ici 2050. 

 

- En plus de nos productions, atteindre le "net zéro" pour les produits que nous vendons en Europe : c’est-à-dire avoir en Europe des émissions de gaz à effet de serre générées par la consommation de nos produits globalement nulles. Nous nous concentrerons d’abord sur l’Europe car celle-ci a affiché son ambition de ‘net zéro’ d’ici 2050 et nous accompagnerons nos clients européens dans cette démarche. On se doit d’être en ligne avec l’objectif politique de neutralité carbone des pays dans lesquels nous opérons. Nos émissions directes et indirectes liées à nos productions additionnées à celles de nos clients quand ils utilisent nos produits atteignent plus 400 millions de tonnes par an de CO2 équivalent. L’Europe représente près de 60% de nos ventes et c’est donc plus de 200 millions de tonnes de CO2 équivalent qu’il faut réduire ou compenser à l’horizon 2050 en Europe. 

 

- Réduire le contenu en CO2 de nos produits de 60%. Cela signifie que lorsque l’on vendra une unité énergétique, par exemple 1 électron ou bien 1 litre de carburant, les émissions de gaz à effet de serre générées par ces produits devront être 60% plus faibles en 2050 qu’elles ne le sont aujourd’hui. 

 

Nous avons l'ambition de devenir une compagnie multi-énergies de taille mondiale. Pour cela, nous développons de nouvelles activités de fournitures d’énergies bas-carbone ou sans-carbone, notamment de l’électricité d’origine renouvelable. C’est une partie appelée à grossir très fortement et nous avons déjà commencé avec un objectif de 35 GigaWatts de capacité renouvelable en 2025, dont 25 GigaWatts déjà identifiés. Le portefeuille Total s’agrandit, ce qui va permettre au Groupe d’augmenter ses ventes d’énergie globalement mais avec moins de carbone. 

 

Bien sûr nous continuerons à produire du pétrole et du gaz dont le monde aura encore largement besoin en 2050. Le gaz sera un contributeur important de la transition énergétique et nos productions, en particulier dans le gaz naturel liquéfié, vont continuer à croître mais il faudra être capable de maitriser les émissions de gaz à effet de serre associées. Nous travaillons chaque jour très concrètement pour que ces activités soient moins émettrices de gaz à effet de serre, sinon réinjectées ou compensées. 

 

En Mer du Nord, les filiales de la zone travaillent pour trouver des solutions afin que nos installations émettent moins de gaz à effet de serre. Pour cela, nous revoyons tous les process sur les plateformes pour qu’ils soient plus efficaces énergétiquement. Nous considérons, par exemple, le remplacement de la génération électrique à partir de gaz par des éoliennes à proximité de la plateforme ou par une connexion au réseau terrestre. Dans toutes nos installations industrielles, nous allons chercher à réduire nos émissions de gaz à effet de serre : c’est un gros chantier qui nécessitera la participation importante de nos équipes d’ingénieurs à Copenhague. 

Dans le domaine des énergies renouvelables, le Danemark est très en pointe dans l’éolien offshore avec des réalisations importantes depuis les années 90, supportées par des choix politiques structurants. Le Groupe Total s’est lancé dans de grands projets éoliens offshore avec des positions acquises au Royaume Uni et en Corée du Sud. De nouveaux appels d’offre sont en cours de préparation, et pourquoi pas au Danemark où des capacités géantes sont envisagées et pourraient nous permettre d’accélérer la mise en œuvre de nos ambitions.

 

Après quelques mois ici, quelles sont vos premières impressions sur le Danemark et Copenhague ?

Malgré les contraintes, je continue à voyager et le peu de temps libre que j’ai eu à Copenhague jusqu’ici a été consacré à l’installation de la famille et de la maison. Dès que l’on aura fini, ce qui ne devrait plus tarder, nous nous réjouissons de découvrir Copenhague et le Danemark. Il y a beaucoup à faire, Copenhague est une jolie ville, très agréable et facile à vivre. Nos enfants peuvent aller à pied à l’école et c’est déjà vraiment très appréciable ! 

 

 

Nous remercions Arnaud Le Foll de nous avoir accordé cet entretien. 

 

 

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