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PASSAGEN - Rencontre avec Laura Couto Rosado

Écrit par Lepetitjournal Cologne
Publié le 20 janvier 2016, mis à jour le 20 janvier 2016

 

Lundi 18 janvier a eu lieu l'ouverture du festival Passagen à la Galerie Biesenbach en présence de l'artiste genevoise Laura Couto Rosado, mais aussi l'Institut Français, ainsi que des représentants de la Villa Noailles, de la cité de la céramique Sèvres, et du Centre international de Recherche sur le Verre et les Arts Plastiques de Marseille (CIRVA)

La lauréate du Grand Prix Design Parade 2014 présente en ce moment à Cologne une sélection d'?uvres éclectiques. Compris dans le programme du Grand Prix, la prochaine étape sera Paris puis le Var pour poursuivre sa consécration.

Chacune de ses ?uvres - qu'elle fut "quartz chantant", vase de verre, tableau-circuit électronique, ou photographie à reconnaissance faciale - agrémente les Arts d'un supplément concentré en technologie. Lundi, le public a pu apprécier outre l'esthétique de l'objet, son aspect fonctionnel mais surtout s'il était curieux, son processus de création.

L'artiste a procédé en début de soirée à une démonstration. Ses "vases en puissance", vases en verre multicolore, à l'aspect allongé, allaient être amputés de leurs extrémités via un procédé particulier : Comment ?

Ce qui est sûr c'est que la titulaire du master Media Design ne nous a pas laissés de marbre. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions.

Lepetitjournal.com/cologne : Qu'est-ce que vous inspire la ville de Cologne, l'Allemagne en général ? 

Laura Couto Rosado : J'aime beaucoup Cologne, c'est la troisième fois que je viens. C'est une ville dynamique, charmante, très agréable à vivre, on sent que les gens aiment les bonnes choses. On écoute de la bonne musique, on mange bien. C'est plus bourgeois que Berlin mais autant dynamique selon moi.

Quelles sont vos sources d'inspirations ? Vos artistes de référence ? 

J'en ai plusieurs, il y a une artiste designer vivant à Amsterdam qui s'appelle Lucy MacRea et qui m'a pas mal inspirée dans son travail. Ce qui m'intéressais chez elle, c'est qu'elle n'avait pas une approche fermée de sa discipline, elle était dans une forme d'ouverture, pouvant switcher du design, à la performance, aux installations, à la vidéo, au graphisme, et autres design d'objets. Elle pouvait faire des projets complets, pluridisciplinaires avec une identité à la fois forte et complexe et j'apprécie ça, c'est très inspirant. 

Justement votre métier vous permet de toucher à tous les domaines, de travailler avec différents corps de métier, de voyager, d'en vivre, et en plus d'être reconnue pour cela en tant qu'artiste... Question bête : êtes vous épanouie dans votre démarche ?

Oui bien sûr, épanouie mais c'est encore neuf, dans le sens où les choses ne sont jamais acquises. J'ai l'opportunité de continuer à faire ce que j'aime et maintenant tout le challenge c'est de continuer sur cette route là. J'ai encore énormément de choses à développer encore dans mon travail. Je n'aime pas m'accommoder, j'espère que je ne serai pas à un moment donné, de ces artiste-designers qui, lorsqu'ils trouvent une formule la répètent inlassablement. Car à un moment donné, on rentre dans une forme de confort. Et aujourd'hui c'est dangereux le confort, car on n'est plus stimulé, on ne prend plus de risques, on n'ose plus aller explorer hors des sentiers battus pour développer ses idées, et parfois se tromper.

Par rapport à ce côté "touche-à-tout" comment vous définiriez-vous entre scientifique, geek, chercheuse, artiste, designer, poète, ingénieur ? 

Je pourrais tout simplement dire que je suis designer. Mais c'est comme la sculpture, c'est tellement vague on ne peut pas dire "la sculpture, le design c'est ça". Par exemple Jean Tinguely, est un sculpteur, mais pourtant il travaille avec des mécanismes, du métal, il fait des bêtes qui bougent, et il était pourtant sculpteur. Il n'avait pas l'image traditionnelle du sculpteur. Il me semble que pour le design c'est pareil. Il y a autant de design qu'il y a de designers. Il faut accepter qu'il y ait un spectre large, d'approches, de projets, propositions, de perceptions, de travail avec le matériau, de cibles à qui s'adresse le projet.

Quelle part prend la science dans votre travail ?

Pour moi c'est un énorme creuset d'inspiration. Car je l'aborde de l'?il du designer, je ne suis pas scientifique.

Justement, on pourrait croire que ça s'oppose?

C'est ça qui est malheureux. À un moment donné, l'artiste et le scientifique vont aller tellement en profondeur dans leur projet qu'ils vont se rencontrer par des vases communicants sur des plateformes, où les frontières s'estompent et où la possibilité de partager, d'échanger des idées devient très facile.

Par exemple, comme j'habite à Genève, j'ai eu l'occasion de discuter avec des chercheurs au CERN (Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire ? l'accélérateur de particules ndlr), et c'est extraordinaire la capacité qu'ils ont eux de me comprendre, et moi de les comprendre. Et pourtant c'est très complexe, on ne rentre pas dans les détails et les calculs, mais la manière dont ils perçoivent les choses leur demande aussi de l'imagination et d'être créatifs. 

Laura Couto Rosado

Aujourd'hui justement on a tendance à scinder les deux, pour résumer, soit on est "S" soit on est "L", alors qu'avant un Homme pour parfaire son éducation devait être complet dans tous les domaines, tant scientifiques que littéraires.

Oui et on sait pourquoi, aujourd'hui la valeur majeure c'est l'argent, si on fait ça c'est qu'il faut qu'à un moment donné ce soit monétisable, conforme aux valeurs de la société et des marchés. Que va t-on faire aujourd'hui d'un scientifique qui développe sa capacité créative ? D'un artiste qui développe des capacités techniques ? Au niveau mercantile, pas grand chose. C'est mon analyse, après on en discute. 

Oui on aime bien les cases aujourd'hui.

Oui, c'est très rassurant, l'étiquetage ça rassure.

Le Concours International vous a consacré en 2014, quels changements ? 

Énormes. Un cataclysme, un tourbillon, un vortex jouissif, extraordinaire qui m'a permis, en tant que jeune designer d'évoluer à la vitesse de la lumière, de rencontrer des gens extraordinaires, surtout dans le développement des projets qui sont exposés ce soir pour Passagen. Ça a été vraiment une expérience extraordinaire que je souhaite à tous les designers.

Propos recueillis par Benjamin Hardy (www.lepetitjournal.com/cologne) Jeudi 21 janvier 2016

Organisé par l'institut français de Cologne, en concert avec les amis de l'institut français de Cologne, l'exposition se poursuit jusqu'au 24 janvier 2016.

Adresse : Galerie Biesenbach, Sankt-Apern-Straße 44-46, 50667 Köln
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Publié le 20 janvier 2016, mis à jour le 20 janvier 2016

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