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Il y a un an, deux Belges participaient au sauvetage de Tham Luang

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courtoisie Ben Reymenants
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 10 juillet 2019, mis à jour le 14 octobre 2021

Le 10 juillet 2018, les derniers enfants et leur entraineur étaient évacués de la grotte de Tham Luang suscitant la liesse auprès de la population en Thaïlande. Un an plus tard, pour les plongeurs, cette opération relève toujours du miracle. 

“Chaque fois que je revois les vidéos, avec la force du courant et une visibilité presque nulle, je me demande encore comment nous avons fait pour retrouver les enfants et pour les sortir vivants de la grotte” raconte Ben Reymenants, instructeur de spéléo plongée belge au Blue Label Diving à Phuket. 

Du 23 juin au 10 juillet 2018, la Thaïlande a retenu son souffle en suivant les opérations pour sauver les douze jeunes footballeurs et leur jeune entraineur des profondeurs de la grotte de Tham Luang dans la province de Chiang Rai. Pendant 17 jours, la saga des 13 aura mobilisé 90 plongeurs, des centaines de secouristes, plus de 1.000 bénévoles et tout autant de journalistes. Selon le ministère thaïlandais des Affaires étrangères, initiatives individuelles, experts et sociétés de 31 pays ont contribué ou offert leur aide lors des opérations de sauvetage. 

Ben Reymenants et Jim Warny, deux plongeurs-spéléologues belges, ont tous les deux participé aux interventions de secours. Ben Reymenants, en duo avec Maksym Polejaka, a assuré dans un premier temps le relais avec l’équipe de plongeurs britanniques Richard Stanton et John Volanthen dans la phase de recherche et pour fixer les câbles qui ont servi de fil d’Ariane. “Avec Maksym, nous aurions pu les retrouver avant les Britanniques si nous avions eu assez de corde, mais il nous manquait 100 mètres”, commente Ben Reymenants. 

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Photo courtoisie Ben Reymenants - De gauche à droite : Ben Reymenants, Narongsak Osottanakorn et Maksym Polejaka

Souvent associé à l’équipe des plongeurs britanniques, Jim Warny est arrivé au moment de l’extraction des enfants et de leur entraîneur, il a assuré le rôle de plongeur de soutien le premier jour, a remplacé un plongeur malade le deuxième et a sorti l'entraineur de l’équipe de football, Ekkapol Chantawong des entrailles de la grotte. 

“Cela reste un événement très spécial pour moi, c’est un miracle que nous ayons pu les sortir. Mais cela a aussi été une incroyable opportunité imprévue dans ma vie. J’ai réalisé, encore plus qu’avant, que j’avais un véritable esprit d’aventure. Depuis j’ai créé ma propre entreprise d’électricité, je crois qu’avant je n’avais pas assez confiance en moi. Cette histoire m’a poussé à faire d’autres choses” explique Jim Warny. 

Considérés comme des héros

Avec la médiatisation de l’événement, les propositions ont en effet afflué pour les plongeurs désormais considérés comme des héros. Jim Warny a ainsi participé à un documentaire pour le National Geographic et se retrouve ainsi parmi les personnages principaux du film thaïlandais réalisé par Tom Waller, “The Cave”, dont la sortie est attendue pour septembre ou octobre.

Présent sur le tournage pendant deux semaines, Jim a assuré d’une part certains aspects techniques pour une plus grande authenticité, mais il joue surtout son propre rôle, une expérience intense : “Tourner, c’est un autre stress. Physiquement c’était plus dur que le sauvetage parce que les journées sont très longues, il faut rejouer certaines scènes plusieurs fois. Psychologiquement aussi c’était éprouvant, j’avais des flash-back surtout quand on tournait les scènes avec les enfants. Au début, cet engouement médiatique, c’était assez angoissant, je ne savais pas comment raconter cette histoire, comment lui rendre justice, parce que ce n’est pas seulement la mienne, mais celle de tous ceux qui étaient présents et en même temps, c’est important de le faire, elle peut inspirer les gens à être plus aventurier”. 

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Photo de Fredrik Divall (c) De Warrenne Pictures Co. Ltd. All Rights Reserved.

Ben Reymenants, outre sa participation à la production d’un documentaire allemand et le fait de faire partie des spécialistes interviewés dans le documentaire “L’enfer de la grotte” réalisé par Capa Production, voit un intérêt croissant de la part du public pour son club de plongée à Phuket. “Avec Claus Rasmussen, nous avons bien bossé pour le club, il semblerait que depuis l’histoire des Sangliers sauvage, tout le monde veut plonger dans des grottes, je ne comprends vraiment pas pourquoi, c’est dangereux! L’autre avantage, c’est qu’à Phuket, on nous reconnaît, cela simplifie les rapports avec l’immigration ou la police!” plaisante Ben.

Sur l’engouement médiatique, Ben Reymenants reste pour autant sceptique: “Il y a beaucoup de gens qui ont suscité beaucoup d’attention de la part des médias, mais qui finalement n’ont que très peu participé au sauvetage et d’autres, comme notre équipe thaïlandaise de support, ils étaient là pendant deux semaines, ils géraient la logistique pour nous et ils n’ont rien reçu”. 

Et si cela devait se reproduire ?

Le sauvetage de Tham Luang a mis sous le feu des projecteurs une discipline relativement méconnue : la spéléo plongée. De par ses aspects techniques très spécifiques, ils sont peu nombreux dans le monde et ils se connaissent tous.

Lorsqu’on leur demande s’ils seraient prêts à participer à une autre opération du style, Jim et Ben répondent par l’affirmative. 

“Un scénario comme en Thaïlande avec douze enfants et un adulte, c’est presque impossible que cela se reproduise, par contre il y a des chances que cela arrive encore que des gens soient coincés dans une grotte. Donc, s’il y avait encore besoin de mon aide, bien sûr que j’irais, c’est normal, nous sommes tous dans des organisations de sauvetage bénévole et nous continuons à nous entraîner”, commente Jim Warny. 

“Oui j’irais, mais pas sur une base volontaire, j’attendrais que l’on fasse appel à moi”, explique Ben Reymenants, qui outre le fait que son équipe ait perdu pour plus de 10.000 euros de matériel, s’est vu un temps refusé l’accès au site de la grotte lors des opérations de sauvetage. “Nous avions commencé comme une équipe, mais les médias changent les gens, influent sur l’égo. Il faut plutôt retenir qu’à la fin, cela reste une histoire incroyable, qui a mobilisé un véritable effort international. Il fallait avoir un peu de chance pour y arriver, beaucoup de chance” conclut Ben. 

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