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Dimitri Pinaud : l'amoureux du Cambodge

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Écrit par Thibault Bourru
Publié le 18 octobre 2017, mis à jour le 18 octobre 2017

Dimitri Pinaud s'est éteint il y a plus d'une semaine, chez lui à Kampot. Cette ville qu'il chérissait tant, tout comme son pays : le Cambodge, qui l'avait accueilli 23 ans auparavant.

Dim', comme tout le monde l'appelait ici, était un autodidacte. Ce qui n'a pas empêché ses plus proches amis de le qualifier d'érudit. Il savait faire la cuisine : khmère, française, ou d'ailleurs. Il était facile de l'inviter n'importe où pour manger. Ses idées étaient constamment en mouvement. Sûrement que son côté globe-trotteur a joué un rôle là-dedans.

"Il a fait le tour du monde"

Après ses études de psychologie, le natif d'Angoulême est parti naviguer sur les flots. À bord de divers voiliers, il a maintes fois traversé l'Atlantique entre l'Europe et les Amériques. En 1988, il amerrit au Mexique, puis découvre le Guatemala. Et cela avant d'arriver et de s'installer en Asie. D'abord quelques années en Inde, où il a pu commencer à s'imprégner d'une culture continentale pourtant particulièrement différente selon les pays. En ces temps, il est passé par les plus hauts sommets du monde en Himalaya. Et puis est venu l'année 1995, le coup de foudre pour Dimitri Pinaud. Il est tombé amoureux du Cambodge, de sa culture, des khmers, de sa vie ici tout simplement. Il y a rencontré sa femme, et y a élevé son fils. Il savait largement tenir une conversation en khmer. Plus question pour lui alors de rentrer habiter en France, sauf une fois. Il a fait exception à la règle et est rentré chez sa sœur en 2005, accompagné de son fils pour lui faire découvrir son pays d'origine, pays qu'il rejoindra à sa majorité. Bien sûr il a continué de voyager, notamment avec ses amis qu'il a rencontrés ici. Il a fait le tour d'un Royaume qu'il connaissait sur le bout des doigts. Puis il s'est finalement posé à Kampot, dans le sud, cette ville qu'il chérissait tant. Il aimait sa région, sa campagne, sa tranquillité. 

« Voyager sans rencontrer l’autre, ce n’est pas voyager, c’est se déplacer » – Alexandra David Neel

Et comme disent les proches de Dimitri : "tu ne restes pas 23 ans au Cambodge si tu n'aimes pas les gens." Il a su se faire respecter et rendre ce respect à ceux qu'il a pu rencontrer lors de ce quart de siècle. Les Khmers, et les Asiatiques en général ne sont pas en reste lorsqu'il faut parler d'humour. Dim' en avait beaucoup. Un second degré bien léché. Au travail c'était pareil. Depuis ces premiers restaurants : Sunway, Pizza Dim, Chez Dim, jusqu'à son dernier emploi chez Les Celliers d'Asie, il a toujours su bien s'entourer. Pour travailler dans les meilleures conditions, le Charentais choisissait ses collègues, ses employés. Il les formait, les conseillait. C'était quelqu'un de très attentionné envers ses proches, et de facto ces collaborateurs qu'il considérait comme tels. Les gens, et notamment les expatriés français, le connaissaient et l'appréciaient de par ce tempérament. Il faut englober toute la communauté française, et pas seulement celle liée à la restauration.

"Il était imbattable à Question pour un Champion"

De nombreux expatriés français se rejoignent chaque semaine au bar le Dodo. Dimitri était un habitué. C'est d'ailleurs ici que s'est déroulée mardi une soirée commémorative pour honorer sa mémoire. Plus de 50 personnes sont venues. Il connaissait la grande majorité des clients. Il discutait avec tous, amis ou pas, peu lui importait. Et cela autour d'un verre. Il était un grand passionné de vin, mais ne disait également pas non à une bière entre amis. Il était simplement bon vivant. Au Dodo, il décompressait, discutait, et s'installait devant Questions pour un Champion. Cette émission est une institution dans ce bar. Il était imbattable. Il avait une culture générale hors du commun. C'était dans son caractère. 

"Un homme digne"

Son caractère était bien trempé. Dim' était déterminé. Comme lorsqu'il a préparé nombres de caterings, en partenariat à l'époque avec le restaurant le Deauville, pour nourrir des centaines de personnes qui ont travaillé sur des tournages de films, comme Les Deux Frères, dans la région d'Angkor. Mais par dessus-tout, Dimitri Pinaud était digne et courageux, deux traits de caractère qui l'ont accompagné jusqu'au bout. 

Thibault Bourru
Publié le 18 octobre 2017, mis à jour le 18 octobre 2017

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