LEGEND CINEMA – Un bout d’Hollywood au Cambodge

Vendredi 8 juillet, le premier cinéma habilité à projeter des films hollywoodiens a ouvert ses portes dans le City Mall, à Phnom Penh. Avec ses 875 places, le Legend Cinema a pour ambition d'offrir aux spectateurs la qualité au standard international dans un pays où le piratage fait rage

(Crédit photo : Camille Lorente)

Le hall n'est pas encore achevé et pendant que Transformers 3 résonne dans l'une des salles, ce sont des bruits de travaux qu'on entend s'échapper d'une autre. Vendredi 8 juillet, une foule principalement adolescente et estudiantine était venu assister à l'ouverture du Legend Cinema. Situé au deuxième étage du City Mall de Phnom Penh, c'est le premier cinéma du pays à projeter des films américains. L'entreprise Westec Media Limited, propriétaire du lieu, a en effet signé un contrat d'exclusivité avec Hollywood.

Après cinq mois de travaux et un budget de 1.5 million de dollars, quelque 875 places réparties dans trois salles, dont une avec écran 3D, peuvent désormais accueillir le public. Fast and Furious 5, Kung Fu Panda, Avatar… : une sélection de blockbusters made in USA, projetés en anglais et sous-titrés en khmer, est proposée au prix de 4$. Vendredi, les tous premiers spectateurs venus découvrir la 3D – une première dans le pays – se sont massés devant les grilles avant même l'ouverture. Un lancement réussi qui a dû rassurer Te Song et ses deux associés malaisiens. Le P-DG de Westec confesse en effet le peu de soutien qu'a suscité leur projet. "Personne ne pensait que ça marcherait. Certains disaient même que j'étais fou !", confie-t-il. Il espère désormais attirer une clientèle d'expatriés, de Cambodgiens éduqués et d'adolescents.

Te Song dans l'une des trois salles du Legend Cinema. (Crédit photo : Camille Lorente)

Les pirates pour concurrents
Si le Legend Cinema est unique en son genre au Cambodge, la concurrence devrait plus sûrement venir des DVD piratés qui inondent le pays. L'Asie est particulièrement montrée du doigt dans ce business illégal qui ferait perdre 2,5 millions de dollars à Hollywood chaque année, selon la Motion Picture Association of America. Au Cambodge, les autorités saisissent environ 10.000 CD et DVD piratés par an, un chiffre qui est loin de refléter l'ampleur de ce marché noir. Le prix de ces disques variant de 1 à 3$, on peut douter de la propension des Cambodgiens à renoncer à leur canapé au profit des salles obscures.

Interrogé par le Phnom Penh Post, Martin Robinson, co-fondateur du cinéma The Flicks, juge "peu probable que les familles cambodgiennes dépensent 4$ par personne pour aller voir un film." Mais Te Song reste confiant. Pour lui, la qualité offerte par le Legend Cinema n'a pas de prix. "Ce que l'on propose, c'est une expérience complétement différente. Un grand écran, un son de qualité, la climatisation, de bons fauteuils… Ce n'est pas comparable à un film vu à la maison", déclare-t-il. Dans l'attente du verdict des spectateurs, l'heure est aux finitions. La troisième salle devrait être accessible à la fin de cette semaine.                       

Camille Lorente (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) Lundi 11 juillet 2011