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KHMERS ROUGES – Dossier 002 : bilan des témoignages

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 19 décembre 2011, mis à jour le 5 janvier 2018

 

La seconde session de témoignages du cas 002 du procès contre les anciens leaders du régime des Khmers Rouges a pris fin jeudi dernier. Au centre de l'attention figure l'ancien Secrétaire adjoint du Parti Communiste du Kampuchea, Nuon Chea. Randle C. DeFalco, conseiller juridique au Centre de Documentation du Cambodge pour le Programme d'Observation des CETC, revient sur ces derniers jours de procès pour le Petitjournal.com du Cambodge

Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens (crédit : www.usip.org)

Lepetitjournal.com : M. Randle DeFalco, quel est le bilan de ces deux dernières semaines ?
Nuon Chea a témoigné mais il a seulement raconté des choses assez basiques sur son histoire personnelle et son éducation. Il a également confirmé ce que les gens attendaient de lui lorsqu'il a évoqué les relations complexes et dénuées de confiance entre le Cambodge et le Vietnam. Ce qui est intéressant, c'est qu'il semble avoir conservé la même idéologie, et il semble s'investir personnellement pour raconter sa version de l'histoire du mouvement communiste au Cambodge. Beaucoup de sa méfiance vis-à-vis du Vietnam est d'ordre personnel car les communistes vietnamiens ont traité leurs homologues cambodgiens comme des communistes de seconde classe.

Comment décririez-vous les accusés ?

Nuon Chea a une position particulière. Il a reconnu qu'il était un porte-parole national et chargé de communication, et donc qu'il occupait la seconde position dans le commandement mais il a nié avoir un niveau spécifique d'autorité. Mardi dernier, il a insisté sur le fait que son travail au ministère ne portait que sur l'éducation. Il a pris la décision du parti de procéder à des évacuations en exemple et a expliqué qu'une réunion avait eu lieu pour décider de l'évacuation de Phnom Penh mais qu'encore une fois, son rôle était cantonné au domaine de l'éducation. Cela semble être sa stratégie de défense pour le moment.
Khieu Samphan a un rôle bien différent : il se décrit comme quelqu'un de différent des autres leaders du parti. Ce n'est pas nouveau. Il apparaît très intelligent, très intellectuel, très fier de ses réussites académiques. Il dit qu'il a toujours souhaité le progrès économique du Cambodge. Selon lui, le parti l'a utilisé comme une marionnette. Au final, tous les deux se proclament patriotes et nationalistes, et ils ont tous deux affirmé qu'ils avaient travaillé à libérer le Cambodge des influences étrangères et avaient protégé les frontières du pays contre les incursions étrangères, en particulier celles du Vietnam. Ce discours trouve toujours un écho au Cambodge.

Quels problèmes sont apparus durant ces derniers jours ?
Les deux premières semaines ont montré que la Cour doit gérer des problèmes de témoins. Tout le monde savait que cela engendrerait des difficultés. C'était il y a trente ans, les témoins sont âgés et leur mémoire défaille. Quand ils ont utilisé la technologie de vidéo-conférence pour répéter avec Long Norin, l'ancien assistant de Ieng Sary, cela a pris des jours. Il est tout d'abord tombé malade, et ensuite il a fallu qu'ils apportent des modifications car certaines choses avait été oubliées. Faire la différence entre ?ils ne se souviennent plus? et ?ils ne veulent pas en parler? pourrait également devenir un thème récurrent pendant le procès. Personne ne peut voir dans leurs cerveaux. Même si Long Norin a longtemps été en relation avec Ieng Sary.

Quelles sont les autres critiques existantes ?
Un autre problème durant les témoignages est la traduction qui en est faite. La tâche est lourde. Chaque entretien doit être transcris, résumé par les juges et ensuite traduit du khmer vers l'anglais et le français. Il y a environ 500 000 documents et interviews, avec les témoins. Le résultat, c'est que les juges doivent décider quelles traductions doivent être effectuées. De plus, la langue khmère est difficile à traduire. Les gens peuvent ne pas tomber d'accord dessus. Cela engendre des coûts et ralentit les choses.
Un autre souci qui revient sans cesse est celui de la division du procès en plusieurs sections. On a dit à la Chambre que les fondements des autres procès peuvent s'appuyer sur le premier procès mais dans certains cas, les questions posées peuvent s'étendre à d'autres sujets. Bien sur, les procureurs veulent explorer d'autres problèmes. C'est en train de devenir une espèce de chorégraphie durant laquelle ils testent jusqu'où ils peuvent aller. La Chambre doit déterminer, pour chaque question et chaque réponse, si cela rentre dans le périmètre prévu et s'ils sont autorisés à en sortir. Cela s'accompagne d'un autre problème : parfois, les documents utilisés lors des séances d'interrogatoire sont remis en cause.

Qu'attendez-vous de la suite du procès en janvier ?

Cette lutte à propos des documents va peut-être se résoudre. L'ordonnance d'ouverture présentera peut-être une section qui résoudra ce problème. Ensuite, nous devons entendre de nombreux témoins mais je ne peux pas vraiment dire ce que nous pouvons en attendre pour le moment, car la Cour doit rester adaptable.

Propos recueillis par Sarah THUST (www.lepetitjournal.com/cambodge) Lundi 19 décembre 2011

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Publié le 19 décembre 2011, mis à jour le 5 janvier 2018

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