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"J'ai rencontré une communauté française active et entreprenante"

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Anne Genetet, députée de la 11e circonscription des Français de l'étranger.
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 16 juillet 2018, mis à jour le 16 juillet 2018

Elue depuis un an sous l'étiquette de la République en marche, la députée Anne Genetet représente la plus grande circonscription des Français de l’étranger au monde, dont fait partie le Cambodge. De passage à Phnom Penh, nous l’avons rencontrée. Elle nous parle d’engagement, d’expatriation et de son mandat.

Lepetitjournal.com Cambodge : Est-ce la première fois que vous vous rendez au Cambodge ? Quel est votre programme ?

Anne Genetet : Je m’étais déjà rendue plusieurs fois à Siem Reap, ville que je trouve particulièrement relaxante, mais cette visite à Phnom Penh est effectivement la première dans le cadre de mon mandat législatif. J’ai pu rencontrer la communauté française et j’ai eu l’occasion pour la première fois de discuter avec l’ensemble des conseillers consulaires du Cambodge et des représentants du consulat. Afin de mieux comprendre les opportunités économiques du pays et de ses relations avec la France, j’ai également rencontré la chambre de commerce et d’industrie France Cambodge. Je suis heureuse d’être allée à la rencontre d’une communauté française active et entreprenante dans un pays en plein boom économique. J’ai ici un rôle modeste, je ne prétends pas être légitime pour intervenir, je me dois par contre d’informer en France sur notre présence au Cambodge et ainsi améliorer la visibilité de l’Asie du Sud-Est auprès des futurs expatriés mais également des représentants politiques, notamment à l’Assemblée nationale où je bénéficie d’une bonne écoute.

Je garde toujours à l’esprit les priorités du gouvernement en France, et en particulier l’emploi. Quand je rencontre des entreprises dans un pays, je cherche systématiquement à rencontrer les entrepreneurs qui peuvent vouloir créer des filiales en France ou y chercher des fournisseurs. Une des idées que je retiens de mon passage au Cambodge est l’organisation d’un concours de responsabilité sociale des entreprises. Comme c’est l’un des grands objectifs de la loi Pacte qui sera examinée à la rentrée, je pense que nous pouvons transposer ça en France.

Vous avez rencontré plusieurs représentants du gouvernement et du parlement cambodgiens durant votre déplacement, étiez-vous porteuse de certains messages ?

En ce qui concerne la vie politique actuelle du Cambodge, je considère qu’il ne faut pas donner de leçon. Il est essentiel d’observer, de garder le contact et de discuter, ce qui n’empêche pas d’essayer de donner l’exemple. La question qu’il faut se poser est la suivante : quel modèle politique pour que les citoyens cambodgiens puissent vivre heureux ? Le modèle singapourien de démocratie illibérale pose question pour la région de l’Asie du Sud-Est. Les discussions avec les membres du gouvernement et du parlement cambodgien me permettent avant tout d’approfondir ma connaissance du pays. Je ne suis porteuse d’aucun message, ce n’est pas mon rôle mais celui du groupe d’amitié parlementaire ou des ministres.

Pour les Français de l’étranger, les députés peuvent parfois paraître distants, d’autant plus pour votre circonscription, qui est la plus étendue au monde. Comment les députés de l’étranger agissent-ils au quotidien pour les Français de leur circonscription ?

Cette situation particulière m’amène à revenir à l’essence du rôle d’un député, qui est un représentant de la nation, et non d’un territoire. Je refuse systématiquement tout clientélisme, notamment en matière de visas et de demandes de nationalité. Ce n’est pas mon rôle. En tant que représentant de la République, je me dois de montrer l’exemple. Etant donné la taille de la circonscription, j’ai décidé en outre d’arrêter les permanences dans les différents pays où je me rends, qui ne correspondaient en rien au rôle que les électeurs m’ont attribué, notamment car je n’ai aucun levier sur les situations particulières. Un député a un rôle d’information, c’est pourquoi je préfère organiser plus régulièrement des réunions où je rencontre un nombre conséquent de Français à l’étranger et où l’échange sur l’actualité française et celle de leur pays de résidence est souvent passionnant.

Pour pallier l’étendue de ma circonscription, mon équipe et moi avons parié sur internet, et particulièrement les réseaux sociaux et newsletters. Je suis convaincue de l’impact décisif des nouvelles technologies auprès des populations expatriées.

En ce qui concerne mes déplacements, j’essaie d’avoir environ un déplacement de quelques jours par mois. Je ne multiplie pas les déplacements, afin de mieux me concentrer sur ce que je retiens de ceux-ci, mais aussi pour me concentrer sur mon travail au palais Bourbon.

Quels sont les sujets dont vous voudriez vous emparer durant votre mandat, ceux qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

Il existe aujourd’hui trois crises majeures : environnementale, migratoire et en matière d’inégalités. En matière d’environnement, j’ai voulu participer à l’évaluation de certains produits utilisés dans l’agriculture, notamment le glyphosate. Je fais donc partie de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques. Beaucoup d’émotion s’est mêlée à ce débat et je souhaite rappeler qu’une interdiction soudaine de ce genre de produit plongerait nos agriculteurs dans une situation de grande précarité. Il n’empêche qu’il est fondamental de réfléchir à ces questions et à une modération du commerce de ces produits. Deuxièmement, j’ai voulu participer au débat sur l’huile de palme où la France ne doit pas perdre la main au profit de la Chine et doit continuer à traiter avec les pays producteurs comme l’Indonésie ou la Malaisie. Encore une fois une réflexion doit accompagner la production d’huile de palme, mais aucune décision ne doit être prise dans la précipitation. Bien sûr, mon mandat m’amène aussi à m’intéresser beaucoup à la question du commerce extérieur et de la protection sociale des Français de l'étranger.

Un an après, quel bilan tirez-vous de votre expérience d’élue ?

Je reconnais n’avoir jamais autant travaillé de ma vie. Je suis médecin à l’origine, et il m’a fallu suivre l’équivalent d’études de droit en accéléré pour être la plus efficace possible. Certes, Le temps manque, mais l’ensemble des moyens à disposition des législateurs nous permet de contrebalancer la mainmise de l’exécutif sur le Parlement. C’est notre rôle de nous saisir de la myriade d’outils à notre disposition, de poser des questions, de faire bouger les choses.

Pour donner un exemple de réforme sur laquelle les parlementaires ont la possibilité de se mobiliser, un projet de loi pour une refonte de la Caisse des Français de l’étranger (CFE) a été voté au Sénat à l’unanimité en février 2018 et transmis dans la foulée à l’Assemblée Nationale, où il n’a pas encore été débattu. Il nous appartient de nous saisir de ce dossier et de le mettre désormais à l’ordre du jour.

La reconnaissance des Français pour notre travail, qui nous parvient grâce notamment aux nouveaux médias, m’encourage chaque jour à m’engager encore plus en profondeur pour améliorer la vie de nos concitoyens hors de nos frontières, et ce malgré l’insuffisance de temps. J’ai tenté à plusieurs reprises de proposer un amendement faisant passer la journée de 24h à 36h, sans succès pour le moment ! (rires)

 

Interview réalisée par Pierre Motin et Victor Bernard

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Publié le 16 juillet 2018, mis à jour le 16 juillet 2018

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