ENVIRONNEMENT - La foudre : un fléau cambodgien

Chaque année la foudre tue entre 8 et 15 personnes en France. Au Cambodge ils sont plus d'une centaine à être tués par ce phénomène. Pourquoi le Royaume fait partie des pays les plus touchés de la planète ? LePetitJournal.com tente de trouver des explications

94. C'est le nombre de décès dus à la foudre qu'a déclaré avoir enregistré le Comité national pour la gestion des catastrophes naturelles (NCDM sous son acronyme anglais) depuis janvier jusqu'à maintenant. Ce chiffre risque encore d'augmenter d'ici la fin de l'année, la mousson frappant le Royaume de plein fouet ces semaines. La foudre est particulièrement meurtrière au Cambodge. L'an dernier, 120 décès lui ont été attribués. Dans quelques années, elle pourrait devenir plus meurtrière que les mines, qui enregistrent encore environ 250 morts par an mais ce chiffre est en constante régression.

Ce phénomène est très important dans les régions tropicales. "L'air y est particulièrement humide, les nuages très denses et les pluies diluviennes en période de mousson comme maintenant" explique Oum Rina, Directeur du Département Météo du Ministère des ressources en eau et de la Météorologie.  Tous ces facteurs réunis favorisent la formation de ces décharges électrostatiques lors des gros orages qui balayent le pays.

En plus de cela, dans 80% des cas, la foudre frappe les régions de campagnes. "Dans ces zones, la population n'est pas sensibilisée à ce genre de manifestation du ciel, et les gens se font souvent surprendre" ajoute Oum Rina. Bien que les paysans des campagnes se protègent bien des orages, ce n'est pas souvent le cas quand il faut éviter la foudre. On rencontre encore bien des gens qui sont persuadés que la meilleure des protections est de se cantonner sous un arbre.

Des campagnes de prévention encore trop confidentielles
Pour essayer d'éviter ce genre de catastrophe et sensibiliser les populations rurales, le gouvernement met en place régulièrement des campagnes de prévention. Des prospectus sont imprimés, expliquant tout ce qu'il faut, ou ne faut pas faire en cas d'orage violent.  On apprend donc qu'il faut éviter de rouler en moto, d'utiliser son téléphone portable et bien évidemment de se protéger sous des arbres. Il est conseillé de débrancher tous appareils électriques, de rester chez soi, et pour les cultivateurs, de quitter au plus vite les zones inondées des rizières. Tous ces conseils sont toujours accompagnés de dessins explicatifs étant donné que la majorité de la population est illettrée.

Malgré ces initiatives de prévention, on se rend rapidement compte que leur taux de pénétration est faible. Les habitants des villes paraissent de plus en plus sensibilisés mais les régions reculées n'ont pas encore accès à toutes ces informations du fait d'un manque d'argent récurent. Progressivement, ce sont aussi les polices locales et les officiers de districts qui se chargent d'éduquer les villageois.

Quant aux paratonnerres, il y a une dizaine d'entreprises au Cambodge qui en proposent, mais les premiers prix tournent autour de 700 dollars pour les moins chers, une somme déjà inimaginable pour une bonne majorité des habitants du Royaume. Les autorités pourraient obliger, comme cela se fait ailleurs, les propriétaires de bâtiments à installer des paratonnerres, mais prévention ou protection, ces  mesures mettront de toute façon du temps à changer la donne. En attendant sortez couverts !

Lucas Lahargoue (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) lundi 30 août 2010