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ENTRETIEN - Ilf Eddine Bencheikh, AUF Cambodge (II)

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 13 juin 2007, mis à jour le 13 novembre 2012

Ilf Eddine Bencheikh dirige depuis maintenant 3 ans l'antenne cambodgienne de l'Agence Universitaire de la Francophonie. La place du français vis à vis de l'anglais, la CCFC, le Département de l'Emploi Francophone...  Deuxième partie de notre entretien avec Ilf Bencheikh.

L'Agence Universitaire de la Francophonie, un réseau mondial de 635 établissements d'enseignement supérieur et de recherche

LPJ- Il semble que la tendance soit au positionnement du français comme langue de qualité, de complément de l'anglais notamment? N'est-ce pas d'une certaine manière un aveu d'impuissance face à la prédominance anglo-saxonne?

IIf Eddine BenCheikh- Ca ne sert à rien d'opposer les langues, c'est une entreprise stérile. L'anglais est bien sûr la première langue étrangère au Cambodge : c'est la langue officielle de l'ASEAN, la langue la plus utilisée dans le commerce international? Tout laisse à penser que l'anglais sera plus et mieux appris dans les années qui viennent (j'insiste sur le "mieux" : le niveau d'anglais réel des prétendus anglophones est souvent faible à l'heure actuelle). Cela sera peut-être amené à changer, d'autres langues étrangères supplantant l'anglais mais, à l'échelle de temps qui est la nôtre, ce n'est pas d'actualité.

Reconnaître cela n'est pas un aveu d'impuissance, sauf à se situer dans le mythe d'une Francophonie-puissance dont l'objet serait de combattre un prétendu impérialisme anglo-saxon. Il faut sortir de la rhétorique de la menace : la Francophonie n'est pas là pour "lutter contre", elle est là pour "construire avec". Elle fait le pari que le monde a besoin de diversité culturelle et linguistique elle estime que le français est l'un des vecteurs de cette diversité, que c'est une langue qui ouvre à ses locuteurs de multiples portes pour mieux se former, échanger, réfléchir, travailler, se cultiver. Dans certains pays, le français est la langue officielle ou dominante. Dans d'autres la première langue étrangère. Dans d'autres, comme le Cambodge, elle est l'une des langues étrangères utiles et prisées, positionnée effectivement sur le créneau de la qualité . Ce n'est pas une défaite que de reconnaître cela. 

LPJ- Depuis votre arrivée, l'AUF a su s'associer à la Chambre de Commerce Franco-Cambodgienne pour créer le Département de l'Emploi Francophone? Ce modèle de coopération entre une agence internationale et une entité issue du secteur privé a t-il été repris dans d'autres pays?

I.E.B.- Pour être tout à fait exact, le modèle DEF avait déjà été expérimenté au Vietnam. Il va peut-être l'être sous une forme ou sous une autre au Laos. Il me semble important de rester modestes : nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à vouloir améliorer la relation entre la sphère de l'enseignement supérieur et celle de l'emploi. Selon des modalités diverses, ce travail s'accomplit dans d'autres pays du monde. L'expérience menée ici avec la CCFC n'en reste pas moins intéressante et fructueuse. 

LPJ- Après deux ans, où en est le DEF? Quel est son bilan et quels sont ses objectifs?

I.E.B.- Le bilan n'est pas mauvais du tout pour une structure si jeune. Le DEF a acquis une certaine notoriété et un gros travail a été réalisé pour préparer les étudiants au marché de l'emploi. Les résultats sont en ce sens tout à fait positifs. Il est néanmoins nécessaire de repenser l'activité de placement à proprement parler. Il apparaît que les étudiants issus des filières universitaires francophones, filières de qualité reconnue, n'ont aucun mal à trouver du travail au Cambodge ? ils n'ont pas vraiment du DEF, à part pour l'aspect formation / information. A l'inverse, le DEF n'est pas le mieux placé pour répondre à certains besoins des employeurs, en particulier pour ce que nous appèlerions en France le personnel Bac+2.

A partir de là, il convient de recentrer le DEF sur ce qu'il sait faire : du conseil aux étudiants et aux entreprises de la formation des activités d'étude et de communication. Tout cela est plus porteur qu'une activité de bureau de placement. J'ajouterai un dernier objectif, dont je sais qu'il est difficile à atteindre : que le DEF puisse aussi être la voix des employeurs pour contribuer à la modernisation des cursus de formation universitaire. Ca ne se fait nulle part dans le monde facilement, mais c'est une perspective stimulante.


 

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Publié le 13 juin 2007, mis à jour le 13 novembre 2012

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