Le festival Photo Phnom Penh a débuté ce week-end et dure jusqu'au 21 novembre prochain. Un mois pendant lequel 400 photos de 30 artistes différents sont exposées dans 11 lieux culturels de la capitale cambodgienne.
"Exposer dans l'espace public a été une bataille." Christian Caujolle, journaliste et critique d'art émérite, se félicite de l'évolution du Photo Phnom Penh, qu'il organise depuis 2008. Pour cette 8ème édition, le festival s'arrête notamment au Lycée Preah Sisowath. "Exposer dans cet établissement renforce le côté pédagogique de l'événement. Cela permet aux jeunes Cambodgiens de s'intéresser à cet art", explique-t-il.
Une fonction éducative
Car l'essence même du Photo Phnom Penh, et ce depuis sa première édition en 2008, est de changer la mentalité des jeunes khmers par rapport à la photographie. Leur donner envie de s'y intéresser, par le biais de la formation, et de l'éducation. Pour ce faire, l'Institut Français du Cambodge (IFC) a décidé, en 2015, de créer Studio Images, une formation semestrielle de deux heures par semaine, proposant théorie et pratique. "On a formé plus de 400 artistes, assure Philong Sovan, professeur au Studio Images. Certes, tous ne sont pas devenus professionnels, mais l'important était de faire évoluer l'état d'esprit des Cambodgiens par rapport à cet art." À la création du festival Photo Phnom Penh en 2008, le marché de la photographie n'existait pas au Cambodge. Des artistes locaux ont aujourd'hui intégré le marché international. Certains vendent même leurs productions plus de 2.000$. Cette année, cinq artistes sur trente (en réalité quinze au total, car le groupe Jeunes Générations comporte quinze artistes différents qui présentent la même œuvre) sont Khmers. Et trois d'entre-eux : Vong Sopheak, Khiev Kanel, et Keo Sangva, exposent leurs photo au premier lieu de visite : l'IFC.
Un Tuk-tuk Tour en introduction
Les onze lieux d'exposition du Photo Phnom Penh sont divisés en deux catégories. Les Expositions Intérieures, et Extérieures. Autrement dit, celles proches de l'IFC, et les autres plus éloignées. Un grand Tuk-tuk Tour a été organisé ce week-end pour les deux premiers jours du festival. Cinquante chauffeurs ont accompagné gratuitement quelque 200 visiteurs chaque jour entre les Expositions Intérieures (samedi), et Extérieures (dimanche).
Expositions Intérieures
1. Institut Français du Cambodge : Jeunes Générations, Vong Sopheak, Khiev Kanel, Keo Sangva - #218, st. 184.
2. Bophana Center : Kim Hak - #64, st. 200.
3. The Sleuk Rith Contemporary Hall of Art : Nguyen Phuong Linh - #268, Boulevard Preah Suramarit.
4. Java Café : Bounpaul Phothyzan - #56E1, Boulevard Sihanouk.
5. Plantation : Chino Otsuka - #28, st. 184.
6. X-em Gallery : Weronika Gesicka - #13d, st. 178.
7. Preah Sisowath High School : Eric Pillot - Boulevard Norodom.
Expositions Extérieures
8. Institut des Langues Étrangères : Jason Larkin - 101 Russian Federation Boulevard.
9. L'Université Royale de Phnom Penh : Jason Larkin - Russian Federation Boulevard.
10. Mur de l'Ambassade de France : Eric Pillot - #01, Boulevard Monivong.
11. Île de Koh Pich : Guillaume Martial, PUT PUT, Caleb Charland, Sayon Soun.
Reportage photos
#1 - L'Institut Français du Cambodge
Le Photo Phnom Penh a débuté samedi à 14h00. Des personnalités influentes comme Madame l'Ambassadrice de France au Cambodge Eva Nguyen Binh, Christian Caujolle, l'organisateur du festival, ou encore le directeur de l'IFC Bernard Millet, ont tour à tour pris la parole pour introduire l'événement. Après quoi, la première exposition a pu être dévoilée au sein de l'IFC. Jeunes Générations (France), Vong Sopheak (Cambodge), Khiev Kanel (Cambodge), et Keo Sangva (Cambodge) y montrent leur travail.
#2 - Le Bophana Center
Une fois la première exposition terminée, direction les tuk-tuks ! C'est parti pour le premier tour du week-end vers les Expositions Intérieures. Le premier arrêt s'effectue au Bophana Center. Ce lieu cofondé par Rithy Panh et Ieu Pannakar en 2006 est réputé pour ses archives audiovisuelles sur le Cambodge. Des formations autour du 7ème art y sont régulièrement organisées. L'oeuvre de Kim Hak (Cambodge) y est exposée pour le Photo Phnom Penh.
#3 - Le Sleuk Rith Contemporary Hall of Art
La 3ème étape se déroule à l'Institut Sleuk Rith, qui a pour but de promouvoir la culture locale, et de préserver la mémoire et la dignité humaine liées à l'Histoire riche du Cambodge. Nguyen Phuong Linh (Vietnam) y expose ce mois-ci.
#4 - Le Java Café
Le Java Café est la 4ème étape de ce trip culturel. Il offre une vue imprenable sur le Monument de l'Indépendance. Au-delà de simplement venir boire un verre, les clients du café apprécient régulièrement des expositions photographiques au sein d'une autre salle à l'intérieur de l'enceinte. Bounpaul Phothyzan (Laos) y expose son œuvre jusqu'au 21 novembre prochain.
#5 - The Plantation
5ème étape à The Plantation. C'est un hôtel phnompenhois qui offre un cadre luxuriant. L'exposition se passe au milieu d'une oasis tropicale, où tout le monde peut admirer le travail de Chino Otsuka (Japon/Grande-Bretagne).
#6 - La X-em Gallery
L'arrêt suivant se fait à la X-em Gallery de la rue 178. Cet endroit est très reconnu du monde artistique contemporain phnompenhois, et accueille régulièrement des expositions de la sorte. Ce mois-ci c'est Weronika Gesicka (Pologne) qui expose pour Photo Phnom Penh.
#7 - Lycée Preah Sisowath
La dernière étape des Expositions Intérieures est le Lycée Preah Sisowath. Il marque la volonté des organisateurs de vouloir accentuer le côté pédagogique du Photo Phnom Penh. Les lycéens peuvent, durant un mois, admirer l'œuvre d'Eric Pillot (France).
Dimanche, les tuk-tuks ont continué d’arpenter la ville pour nous faire découvrir toujours plus d’artistes talentueux. L’équipe du PetitJournal.com Cambodge a eu la chance de poursuivre son voyage photographique en compagnie de Guillaume Martial, auteur de l’une des quatre expositions installées à Koh Pich.
#8 - L'Institut des Langues Étrangères / #9 - L'Université Royale de Phnom Penh
La première étape de ce second tour a été l’Institut des Langues Etrangères. Sur deux blocs blancs, disposés en face à face, les visiteurs peuvent apprécier les clichés de Jason Larkin (Grande-Bretagne) pour son exposition Past Perfect. Le photographe britannique a étudié la représentation de la guerre dans les musées de six pays différents.
La suite de ce projet documentaire est installée dans une cour de l'Université Royale de Phnom Penh. "J'ai toujours été intéressé par ce qui concerne "l'héritage historique". Je me suis concentré sur la structure de ces espaces artificiels, pour donner une nouvelle perspective à la façon dont l'histoire et la mémoire peuvent se construire dans l'espace du musée", explique-t-il.
#10 - L'Ambassade De France
Les tuk-tuks se sont ensuite rangés le long de l’Ambassade de France où l'on retrouve le travail animal d’Eric Pillot avec « In Situ ». La série de photos en enfilade rappelle un zoo. On y voit des animaux sauvages, chacun d'eux évolue dans une fausse nature, un décor artificiel qui cherche maladroitement à recréer leur habitat naturel. Eric Pillot s'est intéressé à "la mise en scène de l'animal sauvage et aux architectures des zoos qu'il voit comme des constructions culturelles".
#11 - Koh Pich
Dernière étape du festival, Koh Pich accueille sur son sol les oeuvres de quatre photographes aux univers bien différents.
Les artistes de PutPut (Stephan Friedli, Suisse - Ulrick Martin Larsen, Danemark) présentent une série inspirée du Pop art qui tourne en dérision des objets du quotidien, en l'occurence ici des chaussures et des rouleaux à peinture.
Le photographe Caleb Charland (USA) nous plonge dans des expériences lumineuses avec la série Back To Light. Entre poésie et cours de sciences, il nous renvoie à notre enfance et s'interroge en même temps sur les enjeux des énergies pour l'avenir.
Sayon Soun (Cambodge) met à l'honneur les ouvriers. Il tire leur portrait pour Element : The Portraits of Construction Workers, une série photographique en noir et blanc et sous forme de Polaroïds. Chaque ouvrier présente sa spécialité à travers un outil.
Ancien danseur et patineur artistique de haut niveau, Guillaume Martial (France) joue des formes avec humour se mettant lui-même en scène dans ses photographies. Avec ces autoportraits pour Le Modulor et Folding, il réfléchit à la place de l'homme dans l'espace.
Vous avez jusqu'au 21 novembre pour vous aussi découvrir le travail de ces artistes, bonne visite !