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Photographie - Caroline Chevalier invite l'étrange à Phnom Penh

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Crédits : Caroline Chevalier / exposition Histoires du réel
Écrit par Victor Bernard
Publié le 9 décembre 2018, mis à jour le 11 décembre 2018

Dernière résidence de l’année pour l’institut français du Cambodge, Caroline Chevalier a accompagné les étudiants du Studio Images dans différents lieux emblématiques de la capitale cambodgienne.

Spécialisée dans la photographie mise en scène se rapprochant du théâtre et du cinéma, Caroline Chevalier, en partenariat avec Bernard Millet, attaché culturel de l’institut, a sélectionné cinq des ensembles architecturaux les plus symboliques de Phnom Penh ; plusieurs oeuvres majeures de Vann Molyvann - le stade olympique et la salle de conférence de Chaktomuk - ainsi que l’université royale des beaux-arts (URBA), le bâtiment actuel de l’UNESCO et l’aéroport. Six étudiants de l’URBA suivant les cours du Studio Images, l’atelier dédié à la photographie de l’institut français du Cambodge, ont participé à cet exercice et leurs travaux sont exposés dans la galerie de l’institut, aux côtés de ceux de Caroline Chevalier.

La collaboration, après le repérage des lieux, a débuté entre la photographe et les étudiants par un dialogue sur la photographie en général. S’en est suivi une semaine de prises de vue sur les lieux avec les étudiants, auxquelles une grande liberté a été donnée. Jouant avec les sens, la perception de l’environnement, chacun a donc apprivoisé les décors proposés avec son propre point de vue, plus comme une expérience artistique qu’un exercice technique de photographie.

A la vue des photographies imprimées, on est d’abord frappé par le vide qui remplit l’espace de ces lieux pourtant si souvent animés. Il en découle une impression d’étrangeté, d’anormalité qui, au-delà du calme que peuvent dégager les œuvres, interpelle l’œil du spectateur pour finalement sortir son esprit d’une observation trop concrète des lieux pour l’emmener vers une interprétation plus poétique et émotionnelle d’une œuvre qui dit bien plus que ce qu’elle montre. « J’essaie de montrer comment, en partant du réel, il est possible de créer de l’étrange, de susciter un imaginaire », explique Caroline Chevalier.

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Prise de vue par une étudiante du Studio images lors de la résidence de Caroline Chevalier. Crédits : Borin Kor / IFC

Certains codes et formes se retrouvent sur de nombreuses photographies, prouvant que ces lieux provoquent des sensations similaires chez tous les photographes en herbe. Sans instructions particulières, certaines singularités et similarités se sont effectivement imposées entre leurs travaux, ce qui apporte un fil conducteur à l’exposition. Caroline Chevalier indique : « J’aime voir ces ressemblances, comme des codes d’une énigme, des choses chuchotées, ce qui correspond à l’atmosphère d’étrangeté qui entoure l’exposition ».

L’exposition dans la galerie de l’institut français s’accompagne d’une composition sonore créée en parallèle du travail de Caroline Chevalier par David Laurent, cofondateur des Ateliers de la lumière et du son à Marseille, venu également à Phnom Penh pour l’occasion. Accompagnant les étudiants et la photographe sur les lieux de prise de vue, il s’est inspiré des films tournant autour de la thématique de l’étrange entre les années 30 et les années 60 et de certains chefs d’œuvre du genre comme Metropolis (1927). Il a couplé cette inspiration aux bruits de la ville de Phnom Penh, à certains oiseaux cambodgiens, aux vendeurs ambulants ainsi qu’à certaines musiques traditionnelles asiatiques. Un des objectifs de cette association entre son et image est de démultiplier les perceptions sensorielles des spectateurs.

Cette exposition a pour vocation de montrer le potentiel poétique de la capitale. Elle permettra à la fois aux publics étrangers de découvrir l’architecture phnompenhoise avec une vision onirique, presque surnaturelle, due au vide dans lequel elle a été plongée pour les prises de vue mais également, pour les spectateurs cambodgiens, de redécouvrir, notamment grâce à l’atmosphère sonore qui suit l’exposition, des lieux communs et connus à travers un prisme artistique complètement inédit. L’exposition se clôturera le 5 janvier 2019.

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Publié le 9 décembre 2018, mis à jour le 11 décembre 2018

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