La saison culturelle du Cambodian Living Arts (CLA) est devenue une plateforme reconnue et emblématique de la scène culturelle phnompenhoise. Ce médium permet notamment aux artistes d'exprimer leurs histoires et leurs voix dans le contexte socioéconomique actuel. Le Petit Journal revient aujourd’hui sur la saison 2023 du CLA.
Le Cambodian Living Arts
Le Cambodian Living Arts est une organisation à but non lucratif qui s’est fixé comme mission de faire des arts cambodgiens la signature nationale et internationale du Royaume.
Au cours des 20 dernières années, l'association s’est attachée à soutenir des artistes émergents en les aidant à développer leur carrière, par le biais de bourses d'études et de soutien aux troupes et aux classes d’art. Après deux décennies, son rôle de subventionneur a beaucoup évolué et aujourd’hui son action se caractérise par le biais de différents types de subventions et l’organisation de rencontres artistiques en tout genre, toujours dans le but de créer un écosystème artistique sain.
Aussi, l'association propose des « programmes de développement de compétences » et ateliers comprenant l'enseignement du « management de l'art » afin que tous les bénéficiaires puissent devenir des professionnels et mener à bien leurs projets. Davantage qu'une aide ponctuelle et isolée, le CLA s'efforce d'accompagner les artistes jusqu'à leur épanouissement complet.
Aujourd’hui, l’organisation est perçue comme un réel catalyseur du secteur artistique cambodgien, inspirant les nouvelles générations d’artistes et de créateurs.
Saison 2023: “Your Kind, Our Kind”
La saison du CLA de cette année a été programmée par une équipe de passionnés, dont Jean-Baptiste Phou et trois conservateurs associés, qui effectuent ce travail pour la première fois. Le thème choisi pour cette saison était “Your Kind, Our Kind” (“Votre genre, notre genre”), célébrant par-là l'individualité et la diversité.
En encourageant le dialogue et la réflexion de toutes les parties prenantes, avec des perspectives diverses, la saison culturelle a donné une visibilité à des artistes sous-représentés. De plus, cette saison était aussi l’occasion de présenter diverses formes d'art, en associant des genres traditionnels et contemporains.
"Ce qui m'a le plus plu, c'est de pouvoir passer commande à des artistes qui ont travaillé sans relâche pour préserver des formes d'art presque perdues, et de les aider à mettre leur travail en scène", a déclaré Milya, commissaire de l'exposition.
Après 8 mois de travail en coulisses, un programme artistique chargé a été présenté à Phnom Penh en février. Pendant ce seul mois, le CLA a produit pas moins de 19 événements, dont 9 créations originales et notamment des spectacles de danse contemporaine, de musique expérimentale, des projections numériques, du théâtre parlé, du théâtre classique, des lectures théâtrales, ainsi que des programmes contextuels tels que l'écriture créative, des ateliers, des conférences et des tables rondes. Plus de 1000 personnes ont participé à ces événements.
Bien que le thème de l'identité ait déjà été exploré par le CLA au cours des saisons culturelles précédentes, cette année a su se démarquer.
Jean-Baptiste Phou, conservateur en chef et conseiller de programme, explique que cela est dû au fait que les artistes ont souhaité exprimer un paradoxe en remettant en question la notion d'individu et de société, pour se demander comment nous pouvons à la fois exprimer notre voix individuelle et être en cohésion avec la société.
"En fin de compte, je pense que nous avons rempli notre mission, qui était d'organiser une saison (culturelle) de qualité, en réfléchissant bien au contenu, au flux et aux personnes que nous sélectionnons, non seulement les artistes, mais aussi les panélistes pour les discussions et les ateliers”, a-t-il conclu.
Les nouvelles œuvres d'art produites et présentées au cours de la saison sont créées dans le cadre du programme permanent d'ateliers créatifs du CLA (écriture de scénarios, mise en scène et lectures théâtrales), de résidences et de petites et moyennes subventions (commandes) pour les jeunes artistes.
Kosoan, artiste classique expérimentée et conservatrice associée, explique qu’elle a trouvé une nouvelle inspiration dans sa participation à cette saison culturelle :
"Ce qui est nouveau pour moi, ce sont les lectures mises en scène. J'apprends beaucoup de la créativité des artistes dans la conception d'une expérience de lecture théâtrale interactive et engageante ; j'avais l'habitude de penser que la lecture était statique. Alors que les interprètes qui lisent les textes des pièces ne bougent pas beaucoup, ils peuvent amener le public là où se déroule leur histoire, et c'est incroyable", confie-t-elle.
Elle ajoute : "Ce type de créativité va promouvoir une littérature active, et je me suis rendu compte que nous avons de nombreuses perles cachées d'écrivains talentueux."
Ainsi, le CLA continue d'encourager le dynamisme, l'enthousiasme et la créativité, et adresse un message optimiste tourné vers l'avenir. Une fois les arts traditionnels sauvés de l'oubli, il apparaît désormais plus constructif pour l'association de soutenir les jeunes adultes débordants d'énergie et amoureux de leur pays.
En mars, la saison culturelle du CLA a repris sa tournée dans quatre provinces, à savoir Kampong Chhnang, Kampong Thom, Pailin et Preah Vihear, couvrant ainsi un ensemble de 12 communautés.
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