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RETRO 2008: Tous les portraits - Le français revient de loin

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 28 janvier 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

Francophonie où es-tu ? L'enseignement du français a perdu énormément de terrain ces quinze dernières années en Argentine. Mais de récentes évolutions sociales et législatives redonnent de l'espoir aux promoteurs de la langue de Molière

L'enseignement du français retrouve de la vigueur en Argentine. Après une longue idylle commencée dès le milieu du 19ème siècle. Le français a, depuis quinze ans, perdu drastiquement du terrain. Au début des années 90, l'Alliance française accueillait, dans les quatre centres de la capitale, près de 15.000 étudiants par an. Ils ne sont plus que 5.300 aujourd'hui. Pour évaluer plus précisément la situation, le service culturel de l'ambassade française a commandité une étude sur l'enseignement de la langue française dans les établissements publics.

Résistance dans la capitale
Livrés il y a six mois, les résultats sont saisissants. Dans la capitale, l'étude du français s'en tire plutôt bien. Ainsi, 102 écoles publiques sur 142 proposent cette matière à ses élèves, qui sont environ 20 % à l'étudier. Mais dans la province de Buenos Aires, seuls quatre établissements scolaires sur les 1.019 établissements recensés proposent le français. Le contraste est surprenant : il s'explique par l'évolution du système éducatif argentin. "En 1993, la capitale a refusé de mettre en place les réformes proposées par le gouvernement Menem, rappelle Jean-Marie Lemogodeuc, attaché de coopération universitaire
et éducative au service culturel de l'Ambassade. Les autorités administratives de la capitale ont su préserver l'enseignement des langues à l'école".
La réforme, qui impliquait indirectement une baisse des crédits consacrés à l'éducation, a obligé les chefs d'établissement à faire des choix dans les matières instruites. Dans les provinces riches, le français reste présent, dans celles plus pauvres, il a pratiquement disparu des écoles. "L'anglais a été privilégié, les années 90 étaient l'époque des relations charnelles avec les Etats-Unis"se souvient Luis Blanco Cook, chargé de la coopération linguistique pour la délégation générale de l'Alliance à Paris.

Une langue de niches
Pourtant aujourd'hui, l'enseignement du français retrouve des élèves. Depuis deux ans, l'Alliance française enregistre une croissance de ses effectifs "à la chinoise"et de nouvelles écoles de français se créent dans la capitale. Eugenia Gervasoni vient de fonder Alter-nativa : "chaque élève a sa propre motivation : l'amour, la bonne gastronomie, l'art, la peinture, la littérature, la mode, le tourisme… Le français comme point en commun".


Et désormais les autorités françaises privilégient les niches permettant de toucher un public captif. Dans certaines disciplines, l'usage du français est obligatoire : la gastronomie, l'œnologie ou le tourisme. "C'est l'une des conséquences inattendue de la suppression de l'enseignement du français dans les classes de collège ou lycée. Il s'enseigne désormais plus tard, pour obtenir un diplôme spécifique", explique Luis Blanco Cook. Les propositions de l'Alliance ont donc évolué : on enseigne désormais aussi une langue professionnelle. Des programmes d'échange, à destination des ingénieurs ou des scientifiques, sont mis au point entre universités des deux pays.

Contexte législatif favorable
Mais le contexte législatif dans le domaine pédagogique donne à la France d'autres raisons de se réjouir : "On observe une véritable volonté politique de reprendre en main les politiques éducatives du pays, observe Jean-Marie Lemogodeuc, l'augmentation des heures de cours et la volonté déclarée de lancer l'étude des langues étrangères nous paraît très satisfaisant". En 2001, en partenariat avec les ambassades de quatre pays dont la France, Sergio Simeoni, alors ministre de l'Education pour la ville de Buenos Aires, lançait 12 écoles expérimentales plurilingues. Elles sont aujourd'hui 26 dans la capitale et six d'entre elles proposent le français en seconde langue, après l'espagnol. Depuis Sergio Simeoni a été nommé vice-ministre de l'Education du gouvernement Kirchner. Une autre raison de se montrer optimiste. 
Caroline BÉHAGUE. (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) mercredi 19 mars 2008

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Publié le 28 janvier 2009, mis à jour le 13 novembre 2012

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