Des bureaux situés à quelques encablures du port (photo LPJ)
Qu'est ce qui vous a poussé à vous tourner vers l'agriculture alors qu'une carrière dans le secteur de la finance se présentait à vous?Ma famille française a acheté des terres au 19ème siècle qui ont plus ou moins prospéré au gré de ses séjours en France ou en Argentine. Ces dernières années, l'agriculture est redevenue un secteur d'avenir. Jusque dans les années 90, l'agriculture disposait d'une faible valeur ajoutée et les marges du secteur étaient faibles. La révolution agricole (qui a permis une augmentation importante de la productivité ces quinze dernières années) et la demande internationale ont renversé cette situation.
En quoi consiste la société que vous avez créée?
Reliance export s'est spécialisée dans la commercialisation de produits spécifiques, à contre-courant de la vague du soja qui sévit en Argentine. La société familiale San Antonio de los 13, qui dispose de 8.000 hectares, cultive par exemple l'arachide, un produit à forte valeur ajoutée qui a l'avantage de ne pas être soumise au régime des retenciones (prélèvement de l'Etat sur les ventes à l'exportation). Une autre niche que nous avons développée, à travers la société familiale, est le maïs à pop-corn. Dernièrement, nous nous sommes investis dans la culture de pois chiches. Nous avions 30 hectares l'an dernier mais, cette année, 300 seront consacrés à cette culture d'hiver. Le boeuf ne représente plus que 2% du chiffre d'affaires.
Reliance export complète le dispositif familial car notre filiale permet désormais d'exporter nous-mêmes nos produits.
Quels avantages cela vous donne-t-il sur vos concurrents?
L'estanciero argentin vend sa production à un intermédiaire qui mêle les produits. Vendre nous-mêmes nous permet de jouer la carte de la traçabilité. Cet argument trouve des échos en Europe où nous réalisons 80% de notre chiffre d'affaires. Fin 2007, nous avons signé un contrat avec l'Australie : aujourd'hui nous travaillons dans les cinq continents. Au total, nous commercialisons 5.000 tonnes d'arachides et 5.000 tonnes de maïs pop-corn.
Quels sont vos projets?
Nous voulons grandir! Mon frère Emmanuel prospecte les pays d'Extrême Orient et l'Europe tandis que je mets en place notre structure. Nous cherchons aussi plus de terrain mais il y a, dans ce domaine, une énorme concurrence. Depuis 2001, le prix de la terre a doublé. Nous cherchons aussi d'autres produits à forts potentiels: fèves, haricots ou encore tournesols, nous devons être créatifs.
Propos recueillis par Caroline BEHAGUE. (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) jeudi 27 mars 2008
San Antonio Consulting
Le groupe familial dispose aussi d'une filiale dispensant des conseils aux français désireux de s'investir dans l'agriculture en Argentine.