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MARCHÉ DE L’EMPLOI – Au Mexique l’économie informelle ne connait pas la crise

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 23 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

Vendeurs ambulants dans les rues et le métro, garages faisant office de comida corrida, etc. Voici quelques exemples qui illustrent le phénomène qu'est l'économie informelle. Une réalité très présente au Mexique et qui n'est pas près de disparaitre

Qu'est-ce que l'économie informelle? Elle désigne les activités de commerce de rue, de travail non déclaré en entreprise, d'emploi domestique ainsi que les produits des activités illégales comme le trafic de drogue, la contrebande ou la prostitution.

Près de 14 millions de Mexicains travaillent dans l'économie informelle
Au Mexique, le phénomène du travail informel a pris de l'importance dans les années 80 et depuis n'a cessé de croître. Selon les données de l'INEGI, en 2012, 14 millions de Mexicains vivent de cette économie, 600.000 personnes de plus qu'en 2011. Le nombre de personnes occupées dans le secteur informel équivaut désormais à un peu moins de 30% de la population active mexicaine, qui est de 50 millions de personnes, et génère environ 14% du PIB.

Dans le marché du travail actuel, le secteur informel trouve un appel particulièrement fort puisque avoir un emploi déclaré n'est pas forcément synonyme d'avantages sociaux. En effet, dans l'économie formelle, approximativement 27 millions de travailleurs mexicains (soit plus de 50% de la population active) n'ont pas accès aux indemnités de chômage ou à des services médicaux de qualité (lire: MONDE DU TRAVAIL - Des chiffres affligeants au Mexique).

De nombreuses entreprises imposent également ce type d'emploi pour ne pas s'encombrer de démarches administratives, pour ne pas payer l'impôt mais surtout pour avoir plus de flexibilité.
Pour de nombreuses analystes, la réforme de la loi du travail, récemment adopté par la chambre des députés, devrait fortifier ce phénomène et donc faire bondir la proportion de travailleurs informels (Lire: RÉFORME DU TRAVAIL - La grande braderie des travailleurs mexicains).

Un autre facteur encourageant la permanence de l'économie informelle peut être trouvé du côté de la complexité du système fiscal mexicain qui décourage également de nombreux de commerce à déclarer leur activité malgré de récentes modifications législatives simplifiant la création de sociétés. (Lire: CREER SON ENTREPRISE - Le Mexique simplifie les démarches pour les sociétés)

Emplois précaires et manque à gagner
Bien que l'économie informelle soit une réalité courante dans les pays en développement, la situation n'en est pas moins préoccupante. En effet, les activités inhérentes à cette économie sont précaires. Ces emplois, dont les conditions de travail sont souvent particulièrement difficiles, peuvent disparaitre du jour au lendemain et ne permettent pas de se projeter dans le futur. En cas de perte d'activité c'est souvent la famille entière qui se retrouve sans ressources. Et ces familles n'ayant pas eu la possibilité d'économiser au vu de la faiblesse des salaires se retrouvent dans des situations désespérées (lire: SALAIRE MINIMUM MEXICAIN - La précarité au quotidien).

Le Mexique, en pleine croissance, se devrait de porter une attention particulière aux citoyens les plus démunis et les inclure dans son développement. Et cela d'autant plus qu'économiquement ne pas inclure ces citoyens génère un manque à gagner significatif.

La prédominance d'un marché parallèle puissant au Mexique impacte directement les ressources du pays et représente un manque à gagner énorme puisque l'Etat mexicain ne récolte pas les montants d'impôts qu'il devrait. En effet, le taux de recouvrement de l'impôt au Mexique est parmi les plus bas des pays de l'OCDE. Richard Fisher, président de la Reserve fédérale de Dallas, a récemment souligné que si le gouvernement mexicain perdait les revenus issus des impôts sur les produits pétroliers, la République deviendrait le pays d'Amérique centrale et latine recueillant le moins d'impôt. De plus, de nombreux commerces de quartiers paient un impôt non pas à l'Etat mais aux chefs de quartiers, qui a été estimé à environ 3% du PIB.

Cédric Chauvin (www.lepetitjournal.com/mexico) mardi 23 octobre 2012

*INEGI est l'institut national de statistiques et de géographie
*OCDE est l'organisation de coopération et de développement économique.

lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 23 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012

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