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INFLATION - Le mensonge argentin

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 2 mars 2012, mis à jour le 15 novembre 2012

Les contrats de location argentins incluent presque systématiquement une clause d´augmentation de 15 à 25% d´une année à l´autre, les chauffeurs de taxi ont récemment remonté leur compteur de 20% et les produits laitiers subiront une hausse allant jusqu´à 18% à partir de mars? Dans cette escalade des prix, un chiffre semble pourtant figé. Il prend son temps, avance à une cadence beaucoup plus lente, à un rythme de croisière enviable. Cette allure modérée est d´autant plus étonnante quand ce chiffre devrait lui-même refléter l´évolution globale des prix. Ce chiffre est le taux d´inflation de l´INDEC, l'Institut national des statistiques de la République Argentine.

Taux d´inflation : INDEC vs instituts indépendants

Quand l'INDEC annonce 9,5% d'inflation en 2011, les instituts privés s´accordent à dire qu´il est deux fois plus élevé. Ses dernières années, l'INDEC estimait le taux d'inflation officiel annuel de l'Argentine entre 5% et 11% alors que les économistes indépendants évoquent 25% à 30%. Mais consommateurs et usagers ne sont pas dupes. Un indice : les syndicats de travail négocient leur augmentation de salaire en se basant sur l'indice d´inflation non pas de l'INDEC mais d´organismes indépendants, plus proches de la situation réelle.

iLLustration tirée de The Economist -25/02/2012 (Peter Schrank)

The Economist ne veut plus de l´INDEC

L'INDEC fait face à une féroce critique. La semaine dernière, le journal britannique The Economist annonçait dans un article intitulé Don´t lie to me, Argentina ("Ne me mens pas, Argentine"), qu'il ne se prêterait plus au jeu et décide donc de ne plus prendre en compte les données de l'institut. "A partir de cette semaine, nous avons décidé d'abandonner les chiffres de l'INDEC", en ajoutant "Nous sommes lassés d'être impliqués involontairement dans une tentative de tromper les électeurs et les investisseurs". Le journal utilisera désormais l´organisme privé basé aux Etats-Unis PriceStats, plus apte à ne pas subir de pression locale. Price Stats fournit déjà les taux d´inflation de plus de dix-neuf pays. Il estime le taux d´inflation réel de l´Argentine en 2011 à 24,4%. The Economist justifie ce choix par "les lecteurs sont mieux servis par un chiffre crédible non officiel que par un chiffre officiel bidon".

 

L´INDEC: meilleur ami du gouvernement ?

Le journal évoque notamment dans un autre article l'appropriation politique de l'INDEC depuis 2007, où le personnel indépendant aurait progressivement été remplacé par des "Cristinistas" au service des intérêts du gouvernement. Les méthodes de calcul s'avèreraient douteuses et des pressions seraient exercées contre les organismes indépendants. En 2011, le gouvernement les condamnait à des amendes allant jusqu´à 500.000 pesos pour "enquêtes incomplètes", afin de décourager la publication de données contradictoires.

Grogne du FMI

En juillet 2011 puis février 2012, le FMI a remit à l´ordre l´Argentine en lui laissant toutefois six mois supplémentaires pour délivrer des statistiques fiables. Albert Ramos, économiste à Goldman Sachs Group Inc., précise, "Le niveau de frustration du FMI et des marchés est en hausse parce qu'il n'ont vu aucun progrès significatif dans l'amélioration de la qualité des statistiques officielles, principalement en ce qui concerne ??l'inflation et le PIB".

Dans un pays où l'inflation galopante est un fléau annonciateur de crises dévastatrices, le gouvernement essaie de faire bonne figure et semble avoir pris le parti d´occulter certaines informations.

Kim Tuong (www.lepetitjournal.com/buenos-aires.html) vendredi 2 mars 2012

Article en relation : L´indice big mac révèle la baisse du pouvoir d´achat des argentins.

lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 2 mars 2012, mis à jour le 15 novembre 2012

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